Le secteur de la santé est responsable de 4,4% des émissions nettes mondiales de gaz à effet de serre (GES). Pour lutter contre le changement climatique, l'ONG Health Care Without Harm appelle les décideurs à oeuvrer pour un secteur de la santé zéro émission d'ici 2050.
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H ealth Care Without Harm tire la sonnette d'alarme. Dans un rapport de 46 pages, l'organisation pointe du doigt le secteur de la santé pour son impact néfaste sur la planète. Selon les chiffres publiés, le secteur est responsable de 4,4% des émissions nettes mondiales de gaz à effet de serre. C'est l'augmentation de la concentration de ces gaz dans l'atmosphère qui est à l'origine du changement climatique. Pour marquer les esprits, l'ONG utilise une autre image : si le secteur de la santé était un pays, il serait le 5econtributeur en terme d'émissions de ces gaz. En tout, l'empreinte climatique des soins de santé équivaut à l'émission de gaz à effet de serre de 514 centrales à charbon réunies.Cause principal de cet impact : la chaîne d'approvisionnement des soins de santé. Elle comprend notamment la production, le transport, l'utilisation des soins de santé et l'incinération du matériel médical. En tout, cette chaîne est responsable de 71% des émissions totales du secteur.Deuxième du podium, les émissions liées au fonctionnement des établissements de santé et de leurs véhicules représentent 17% des émissions totales du secteur. Enfin, les sources d'électricité utilisées par le secteur, notamment pour le chauffage et la climatisation, constituent 12% des émissions du secteur. À la lumière de ces éléments, la consommation d'énergie apparaît comme source majeure des émissions de gaz à effet de serre relatives au secteur de la santé.Certains gaz anesthésiants utilisés quotidiennement en milieu hospitalier sont aussi critiqués pour leurs propriétés polluantes. Le protoxyde d'azote, l'isoflurane et le desflurane, font partie de ces gaz à effet de serre contribuant au réchauffement de l'atmosphère communément utilisés par les anesthésistes. Selon l'ONG, ces gaz représentent 0,6% des émissions de GES attribuables au secteur de la santé.Tous les États ne sont pas égaux en terme d'émissions. Les États-Unis sont le plus gros émetteur de gaz à effet de serre liés au secteur de la santé avec 546 millions de tonnes de CO2 émises par an. Ils sont suivis de la Chine (342 millions de tonnes) et des pays de l'Union Européenne (248 millions de tonnes). A eux seuls, ils sont responsables de 56% des émissions de gaz à effet de serre mondiales du secteur de la santé.Intéressons-nous de plus près aux pays de l'Union européenne. En Belgique, le secteur de la santé est responsable de 5,5% des émissions totales. Un chiffre qui fait de la Belgique un mauvais élève au regard de la moyenne européenne (4,7%). Elle fait partie, avec la Bulgarie et les Pays-Bas, des trois pays européens présentant des chiffres supérieurs à la moyenne de l'Union européenne.De manière globale, Health Care Without Harm relate une corrélation entre l'investissement d'un pays au secteur de la santé et l'impact écologique de ce dernier : plus ce secteur fait l'objet d'investissements, plus son impact néfaste sur la planète est grand.L'Inde présente le taux d'émissions de GES lié au secteur de la santé le plus faible parmi les pays étudiés par l'ONG. Il n'est que de 1,5%. Un faible taux qui s'explique en partie par un investissement de la santé inférieur aux autres pays figurant dans l'étude.Pour l'ONG, une réduction des émissions de gaz à effet de serre par le secteur de la santé est impérative pour limiter le changement climatique. Selon l'ONG, c'est une question de santé publique. Aujourd'hui, la pollution de l'air est responsable du décès prématuré de sept millions de personnes par an dans le monde. C'est deux fois plus que le nombre de décès provoqués par la malaria, la tuberculose et le sida. Mais ce n'est pas tout. L'augmentation de la fréquence d'événements climatiques extrêmes, les inondations, la propagation accrue des maladies, la sécheresse, sont d'autres éléments attendus avec le réchauffement climatique. Ils provoqueront le départ de plus en plus de personnes en quête de meilleures conditions de vie vers d'autres régions du globe. Selon les estimations de l'ONG, 110 millions de personnes tomberont dans l'extrême pauvreté d'ici 2030 à cause du changement climatique, avec le lot de difficultés de santé que cela implique.Health Care Without Harm prévient : l'ensemble des systèmes de santé du globe, quelque soit le pays, sera impacté par le changement climatique. Il est cependant fort à parier que les pays pauvres ou en voie de développement seront plus vulnérables face au changement climatique du fait d'une capacité d'adaptation moindre relativement aux pays riches.Pour diminuer l'empreinte du secteur de la santé sur l'environnement, un seul mot d'ordre pour L'ONG : décarbonation. En ligne de mire pour Health Care Without Harm, un secteur de la santé zéro carbone pour 2050. À travers les six recommandations formulées, l'ONG appelle les décideurs, qu'ils fassent partie de gouvernement ou d'ONG, à collaborer pour parvenir à la construction de structures de santé intelligentes via l'utilisation accrue des énergies renouvelables et à un développement de la recherche.