L'enquête nationale de santé de Sciensano se déroulant tous les cinq ans, la dernière en date (2023-2024) livre donc de premiers résultats depuis la pandémie de covid. Premier constat: 22% des sondés s'estiment en mauvaise santé, une autoévaluation par définition subjective qui s'avère plutôt stable par rapport aux éditions antérieures (et bien inférieure aux 30% au niveau européen). Parmi la population la moins éduquée (niveau d'études = secondaire inférieur), le taux de mauvaise santé subjective grimpe à 40%.

"Mais cette stabilité générale masque plusieurs évolutions notables", signale d'emblée Sciensano. Ainsi, la multimorbidité (= au moins deux pathologies parmi 19 présentées dans l'enquête) augmente de façon significative, non pas chez les + de 65 ans comme on serait tenté de le penser à cause du vieillissement de la population, mais bien parmi les 25-64 ans: 54% des femmes et 42% des hommes sont multimorbides. "Cela signifie que la population active en Belgique porte un fardeau de plus en plus lourd en matière de santé", souligne l'Institut de santé publique. Chez les 25-44 ans, pourtant censés 'vivre leur meilleure vie', la multimorbidité est passée de 25% à 35% en dix ans. Autrement dit, un jeune adulte sur trois présente au moins deux maladies chroniques.

Allergies et lombalgies en tête

© Sciensano

Dans le 'top 10' des affections les plus fréquentes, allergies et mal de dos caracolent en tête, touchant en moyenne un quart des sondés (davantage les femmes que les hommes). La dépression ferme le classement, avec entre 6,6 et 9,5% de personnes touchées selon le genre.

Les allergies, la fatigue chronique, la dépression, le diabète et l'asthme sont les pathologies qui ont le plus augmenté au cours des deux dernières décennies. Démence, troubles de la mémoire, Parkinson, fatigue chronique et MICI sont les pathologies qui limitent le plus les activités courantes. La BPCO et la démence/troubles de la mémoire sont trois fois plus fréquentes chez les personnes qui ont le plus faible niveau d'éducation, et les maladies du foie et les AVC sont 2,5 fois plus fréquents dans cette cohorte.

© Sciensano

A noter que Sciensano s'est intéressé à la prévalence de nouvelles pathologies à l'occasion de l'enquête 2023-2024, comme la démence (1,9% chez les 65-74 ans, 5,3% chez les 75-84 ans et 12,2% chez les 85 ans et plus), les acouphènes (10,8% pour les acouphènes et 4,6% pour les formes gênantes), l'endométriose (3,1% des femmes âgées de 15 à 54 ans, chiffre sans doute sous-estimé) et le trouble d'anxiété généralisée (près de 7% chez les 15+ ans et 2% des 0-14 ans).

Le pourcentage de Belges affirmant avoir souffert de dépression au cours de l'année écoulée a augmenté en 20 ans, passant de 5,9% en 2004 à 8,1% à l'heure actuelle. Si la prévalence est stable chez les plus âgés, elle explose chez les 15-24 ans, passant de 3% à 6,7% entre 2018 et aujourd'hui (elle fait donc plus que doubler en cinq ans seulement...).

Score de qualité de vie

Depuis l'enquête de 2013, le questionnaire inclut une échelle de mesure de la qualité de vie liée à la santé baptisée 'EQ-5D', qui prend en compte cinq dimensions (mobilité, autonomie, activités courantes, douleurs/gênes et anxiété/dépression. Si un sondé sur trois ne rapporte aucun souci de santé (versus 41% en 2013), quasi six sur dix rapportent des douleurs/gênes et un sur trois de l'anxiété/dépression (versus un sur quatre dix ans plus tôt).

Le score, compris entre 0 et 1 (1 = meilleure qualité de vie), affiche, en 2023-2024, 0,84 en moyenne en Belgique (0,80 côté wallon). Il tombe à 0,66 chez les 75+ ans. "Une tendance préoccupante est observée chez les femmes de 75 ans et plus en Région wallonne et en Région bruxelloise", constatent les chercheurs de Sciensano. "Les questions de santé liées à l'âge sont bien documentées, mais les recherches combinant âge, genre et statut socio-économique restent limitées. Il est essentiel de développer des études et des politiques de santé prenant en compte ces dimensions intersectionnelles afin d'adapter les interventions de santé publique aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables."

Un tiers des Belges ont mal

Quelque 31,6 % de la population âgée de 15 ans et plus déclare avoir ressenti des douleurs physiques modérées à sévères au cours des quatre dernières semaines. Le score de la douleur dit "SF-36" (douleur physique et son impact sur le quotidien) augmente légèrement depuis 2013 (29,3/100 en 2023-2024).

Les femmes de 55 à 64 ans présentent le score de douleur le plus élevé (38,5) et la prévalence la plus élevée de douleur physique (46,4%). Le mal de dos est le plus fréquent (32% chez les hommes et 26% chez les femmes), suivi des douleurs au cou et à l'épaule (12% et 15,6%). "Une prise en charge adéquate par une équipe multidisciplinaire doit être une priorité dans le domaine de la santé. Il est essentiel que les patients se sentent écoutés et soutenus", recommandent les chercheurs.

C.V.

L'enquête nationale de santé de Sciensano se déroulant tous les cinq ans, la dernière en date (2023-2024) livre donc de premiers résultats depuis la pandémie de covid. Premier constat: 22% des sondés s'estiment en mauvaise santé, une autoévaluation par définition subjective qui s'avère plutôt stable par rapport aux éditions antérieures (et bien inférieure aux 30% au niveau européen). Parmi la population la moins éduquée (niveau d'études = secondaire inférieur), le taux de mauvaise santé subjective grimpe à 40%."Mais cette stabilité générale masque plusieurs évolutions notables", signale d'emblée Sciensano. Ainsi, la multimorbidité (= au moins deux pathologies parmi 19 présentées dans l'enquête) augmente de façon significative, non pas chez les + de 65 ans comme on serait tenté de le penser à cause du vieillissement de la population, mais bien parmi les 25-64 ans: 54% des femmes et 42% des hommes sont multimorbides. "Cela signifie que la population active en Belgique porte un fardeau de plus en plus lourd en matière de santé", souligne l'Institut de santé publique. Chez les 25-44 ans, pourtant censés 'vivre leur meilleure vie', la multimorbidité est passée de 25% à 35% en dix ans. Autrement dit, un jeune adulte sur trois présente au moins deux maladies chroniques.Dans le 'top 10' des affections les plus fréquentes, allergies et mal de dos caracolent en tête, touchant en moyenne un quart des sondés (davantage les femmes que les hommes). La dépression ferme le classement, avec entre 6,6 et 9,5% de personnes touchées selon le genre.Les allergies, la fatigue chronique, la dépression, le diabète et l'asthme sont les pathologies qui ont le plus augmenté au cours des deux dernières décennies. Démence, troubles de la mémoire, Parkinson, fatigue chronique et MICI sont les pathologies qui limitent le plus les activités courantes. La BPCO et la démence/troubles de la mémoire sont trois fois plus fréquentes chez les personnes qui ont le plus faible niveau d'éducation, et les maladies du foie et les AVC sont 2,5 fois plus fréquents dans cette cohorte.A noter que Sciensano s'est intéressé à la prévalence de nouvelles pathologies à l'occasion de l'enquête 2023-2024, comme la démence (1,9% chez les 65-74 ans, 5,3% chez les 75-84 ans et 12,2% chez les 85 ans et plus), les acouphènes (10,8% pour les acouphènes et 4,6% pour les formes gênantes), l'endométriose (3,1% des femmes âgées de 15 à 54 ans, chiffre sans doute sous-estimé) et le trouble d'anxiété généralisée (près de 7% chez les 15+ ans et 2% des 0-14 ans). Le pourcentage de Belges affirmant avoir souffert de dépression au cours de l'année écoulée a augmenté en 20 ans, passant de 5,9% en 2004 à 8,1% à l'heure actuelle. Si la prévalence est stable chez les plus âgés, elle explose chez les 15-24 ans, passant de 3% à 6,7% entre 2018 et aujourd'hui (elle fait donc plus que doubler en cinq ans seulement...).Depuis l'enquête de 2013, le questionnaire inclut une échelle de mesure de la qualité de vie liée à la santé baptisée 'EQ-5D', qui prend en compte cinq dimensions (mobilité, autonomie, activités courantes, douleurs/gênes et anxiété/dépression. Si un sondé sur trois ne rapporte aucun souci de santé (versus 41% en 2013), quasi six sur dix rapportent des douleurs/gênes et un sur trois de l'anxiété/dépression (versus un sur quatre dix ans plus tôt). Le score, compris entre 0 et 1 (1 = meilleure qualité de vie), affiche, en 2023-2024, 0,84 en moyenne en Belgique (0,80 côté wallon). Il tombe à 0,66 chez les 75+ ans. "Une tendance préoccupante est observée chez les femmes de 75 ans et plus en Région wallonne et en Région bruxelloise", constatent les chercheurs de Sciensano. "Les questions de santé liées à l'âge sont bien documentées, mais les recherches combinant âge, genre et statut socio-économique restent limitées. Il est essentiel de développer des études et des politiques de santé prenant en compte ces dimensions intersectionnelles afin d'adapter les interventions de santé publique aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables."Quelque 31,6 % de la population âgée de 15 ans et plus déclare avoir ressenti des douleurs physiques modérées à sévères au cours des quatre dernières semaines. Le score de la douleur dit "SF-36" (douleur physique et son impact sur le quotidien) augmente légèrement depuis 2013 (29,3/100 en 2023-2024). Les femmes de 55 à 64 ans présentent le score de douleur le plus élevé (38,5) et la prévalence la plus élevée de douleur physique (46,4%). Le mal de dos est le plus fréquent (32% chez les hommes et 26% chez les femmes), suivi des douleurs au cou et à l'épaule (12% et 15,6%). "Une prise en charge adéquate par une équipe multidisciplinaire doit être une priorité dans le domaine de la santé. Il est essentiel que les patients se sentent écoutés et soutenus", recommandent les chercheurs. C.V.