Elisabeth Degryse détaille au jdM les grands axes de la politique que Les Engagés souhaitent voir mener au Fédéral et dans les entités fédérées, étant donné qu'on les attend à tous les niveaux de pouvoir.
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Vous proposez une refédéralisation des compétences en matière de soins de santé pour améliorer la gestion et la coordination. Comment envisagez-vous de convaincre les entités fédérées, qui ont actuellement ces compétences, de céder ces pouvoirs au niveau fédéral, surtout dans un contexte de régionalisme croissant en Belgique?Pour les engages nous proposons de refédéraliser la prévention et la promotion de la santé. Les soins de santé se trouve encore pour la plus grande partie au niveau fédéral. Dans les couloirs de certaines administrations régionales, on entend dire " on ne va pas investir trop dans cette politique-là car c'est le fédéral qui y gagne ". Si on veut avoir une vraie politique de santé publique cohérente et éviter ces phrases, il faut refédéraliser. À défaut, si la configuration politique ne permet pas cette refédéralisation, il faut que le niveau fédéral ait le dernier mot sur les stratégies transversales et décisions critiques en matière de santé lorsqu'il y a des divergences de vues entre niveaux de pouvoir.Parmi vos propositions, la suppression du numerus clausus et des quotas Inami est une mesure radicale pour lutter contre les pénuries de personnel médical. Comment assurez-vous que cette suppression n'entraîne pas une surproduction de médecins et une potentielle baisse de la qualité de la formation médicale?Face aux pénuries de médecins généralistes et de médecins spécialistes en particulier dans certaines spécialités et dans certaines zones, avec pour conséquences pour les citoyens, des difficultés pour trouver un généraliste et des délais très longs pour avoir un rendez-vous chez certains spécialistes, nous pensons qu'il faut agir de façon radicale et voulons supprimer les quotas. Nous ne pensons pas que cette mesure va entraîner une " surproduction " de médecins ; et ce, pour plusieurs raisons. Il convient, tout d'abord, de combler les nombreuses pénuries qui existent actuellement et qui vont apparaître ou se renforcer dans les prochaines années. Il appartiendra aux Communautés de définir éventuellement des quotas par spécialisation afin de veiller à assurer un nombre suffisant de praticiens dans l'ensemble des spécialisations pour répondre aux besoins et pour la médecine générale. Il faut ensuite tenir compte des besoins croissants de la population (notamment en lien avec le vieillissement de la population). Nous aurons donc besoin d'un nombre plus important de professionnels de la santé pour accompagner l'ensemble des citoyens et les aider à gérer leur santé. Un autre facteur à devoir prendre en compte est la volonté de nombreux médecins de mieux concilier leur vie privée et leur vie professionnelle. La recherche d'un meilleur équilibre entre ces deux pans de la vie implique, pour de nombreux soignants, une diminution du temps consacré à leur activité professionnelle. Enfin, les études de médecine sont extrêmement exigeantes et le fait de permettre à tout jeune qui le souhaite d'entamer les études de médecine ne signifie pas que tous seront diplômés à la fin : une sélection parmi les candidats s'effectuera mais elle sera fondée sur la formation en elle-même (et ses difficultés) et non sur une limitation à priori avant l'entame des études.Il est enfin nécessaire de mettre fin au phénomène où, en raison des pénuries, de nombreuses institutions font appel à des médecins formés à l'étranger : Nous voulons stopper la discrimination dont sont victimes les étudiants qui veulent entamer des études de médecine en Belgique et qui sont soumis à un contingentement alors que les médecins formés dans les pays européens et qui viennent en Belgique reçoivent automatiquement un numéro InamiEn ce qui concerne l'impact sur la qualité de la formation, nous précisons clairement dans notre programme que nous voulons garantir à chaque étudiant une formation de qualité (y compris durant les stages et les spécialisations) et un apprentissage dans de bonnes conditions. Il reviendra dès lors aux Communautés de s'organiser et de procéder aux modifications et aux investissements nécessaires en vue d'offrir un environnement optimal pour ces étudiants.Vous proposez plusieurs mesures pour soutenir les soignants et les infirmiers, notamment l'exonération fiscale et le secrétariat gratuit. Comment prévoyez-vous de financer ces mesures et de garantir leur pérennité à long terme?Nous pensons en effet absolument nécessaire de soutenir davantage les soignants. Nous réclamons notamment depuis plusieurs années un plan d'attractivité et de soutien à la profession infirmière tout au long de la carrière professionnelle afin d'encourager de nombreux jeunes à entamer ces études, mais aussi de soutenir les infirmiers en place pour qu'ils bénéficient des conditions nécessaires à la bonne poursuite de leur carrière. La réforme fiscale que nous défendons a pour vocation non seulement d'augmenter le salaire de ceux qui travaillent et de diminuer les charges des employeurs, mais également de dégager des moyens pour des politiques qui en ont besoin, comme la santé.