Les hôpitaux publics bruxellois Iris Sud et CHU Saint-Pierre ont annoncé mercredi leur futur groupement en une seule entité. Ce projet est destiné à "faire traverser les encombres budgétaires et la pénurie de soignants afin de garantir l'accès aux soins de santé à toutes et tous", a résumé le président du CA des hôpitaux Iris Sud et bourgmestre de Saint-Gilles Jean Spinette en conférence de presse.
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Les bourgmestres concernés (Anderlecht, Bruxelles, Etterbeek, Ixelles et Saint-Gilles) ont confirmé leur fierté de "proposer une médecine de très haute qualité accessible à toutes et tous", et leur souhait de poursuivre cet objectif. "Mais la santé publique coûte de plus en plus cher et la pénurie du personnel soignant est une réalité", a rappelé le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close.Un projet, "porté par les praticiens de terrain", a dès lors été lancé pour rapprocher en un seul hôpital le CHU Saint-Pierre et les hôpitaux Iris Sud (Bracops, Etterbeek-Ixelles et Molière). Cela concernera à terme six sites sur les territoires d'Anderlecht, Bruxelles, Etterbeek, Ixelles et Saint-Gilles, regroupant 1.100 lits et 6.000 collaborateurs. Le lancement légal de ce groupement est prévu pour janvier 2026.L'ensemble formera une seule entité "sous un nouveau nom et une gouvernance unifiée", précisent les directeurs des conseils médicaux des deux hôpitaux. Il profitera également d'un nouveau plan d'investissement destiné à moderniser les infrastructures existantes. Aucun départ n'est prévu dans le personnel, qui a déjà été informé de ces prochains plans, prévus sur plusieurs années. "Nous coconstruisons ce projet et nous espérons résoudre les difficultés de chacun. Ce ne sera pas simple, mais c'est notre volonté", a résumé Alain Bauler, président du conseil médical des hôpitaux Iris Sud.L'objectif est également de renforcer les soins publics, sans toutefois mettre à mal la solidarité. "Il y a quelque chose d'anormal de considérer que la politique des hôpitaux publics ne concerne que cinq communes", a pointé le bourgmestre d'Ixelles, Christos Doulkeridis. "Nous avons cependant décidé de trouver des liens stratégiques et vertueux qui nous poussent vers le haut, afin de défendre une politique hospitalière publique à Bruxelles.""Les récentes crises (Covid, inflation...) ont été très vives pour les hôpitaux publics", a appuyé le directeur médical des hôpitaux Iris Sud, Gert Van Esbroeck. La directrice Catherine Goldberg a relancé un appel à un refinancement: "Nous avons une transition de plus en plus massive vers les soins ambulatoires et un besoin impérieux de moderniser nos sites. La situation est donc compliquée"."En créant des services qui ont un volume plus important, nous allons être plus attractifs, attirer plus de médecins et améliorer la qualité de vie du personnel soignant, notamment pour les gardes", prévoit pour sa part Michelle Dusart, directrice médicale du CHU Saint-Pierre.Ce projet est annoncé alors qu'un rapport du commissaire aux comptes à destination des communes bruxelloises, révélé mercredi par Le Soir, montre que les cinq hôpitaux bruxellois du réseau Iris connaissent une perte de près de 69 millions d'euros. Des chiffres "déjà connus" et dus "aux investissements nécessaires et aux charges des pensions des statutaires", soulignent les différents bourgmestres concernés."Nous sommes convaincus qu'on peut atteindre un équilibre d'exploitation" avec ce groupement, a indiqué Philippe Close. Ce dernier, appuyé par ses collègues, a toutefois appelé à une discussion avec le ministre fédéral de la Santé pour rapatrier les charges des pensions des statutaires du passé en dehors des communes. Il a également appelé à une indexation d'une subvention compensatoire régionale (Sieg), qui couvre aujourd'hui "seulement 22%" des dépenses autour de ces missions.Les bourgmestres ne sont par ailleurs pas fermés à l'idée de futures évolutions du paysage des hôpitaux publics dans la capitale. "J'ai déjà dit que la situation du CHU Brugmann n'était pas confortable", a confié Philippe Close. "Un groupement (de tout le réseau Iris, NDLR) n'est pas à l'ordre du jour, nous laissons avant tout les médecins travailler. Mais ce n'est jamais la fin de l'histoire dans les hôpitaux."