Si vous n'aimez pas l'enseignement, essayez l'ignorance. C'est ce que veut dire l'Absym : si vous préférez une épidémie de dépressions, n'utilisez pas les médicaments ad hoc. Le premier syndicat médical s'offusque de ce que l'Echo croit lire dans les chiffres de l'Inami à propos de la prescription apparemment excessive d'une frange d'outliers généralistes. Explications.
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L'Absym (Association belge des syndicats médicaux) n'apprécie guère la manière dont L'Echo et De Tijd du 4 janvier 2025 présente les médecins généralistes. En titrant qu'un " noyau dur de médecins généralistes surprescrit des antidépresseurs ", le quotidien réduit une problématique complexe à une critique simpliste et injuste. Selon l'ABSyM, accuser les généralistes de surprescription ne rend pas justice à leur rôle crucial dans la prise en charge de la santé mentale.L'Absym souligne que l'article se limite à présenter des pourcentages sans fournir de chiffres concrets. Affirmer que 11,7 % des patients d'un médecin généraliste ont reçu des antidépresseurs en 2023, et que 5 % des médecins en prescrivent quatre fois plus, ne suffit pas à expliquer une réalité bien plus nuancée. Selon le syndicat médical, ces chiffres reflètent davantage une crise généralisée de santé mentale qu'un comportement irresponsable des généralistes.Toujours selon l'Absym, les généralistes, premiers interlocuteurs des patients en souffrance psychologique, sont confrontés à un manque criant d'alternatives. Les listes d'attente pour consulter psychologues ou psychiatres sont interminables. " Que peuvent faire les généralistes face à cette pénurie ? " interroge Johan Blanckaert, le président du syndicat. Souvent, la prescription d'antidépresseurs reste la seule option immédiate pour répondre à des cas urgents.De plus, l'association rappelle que les crises actuelles -- incertitudes économiques, isolement social, pressions post-Covid et guerres -- aggravent les troubles mentaux, rendant la tâche des généralistes encore plus difficile. Accuser ces médecins revient à ignorer la complexité du contexte dans lequel ils travaillent.L'Absym insiste également sur le fait que l'augmentation de la consommation d'antidépresseurs n'est pas propre à la Belgique. Selon les derniers chiffres de l'Inami, 1,33 million de Belges ont consommé des antidépresseurs en 2023, soit 11,58 % des patients. Ces données sont comparables à celles d'autres pays européens. L'association rappelle que cette consommation croît avec l'âge et qu'elle est plus élevée chez les femmes et les populations économiquement fragiles.Pour l'Absym, il est impératif de cesser de stigmatiser les généralistes et de travailler ensemble à des solutions structurelles. L'association demande une augmentation des moyens pour la prise en charge psychologique et un meilleur accompagnement des généralistes dans leur rôle en première ligne. " Faire des généralistes les boucs émissaires d'un problème sociétal ne mène à rien ", estime l'ABSyM.Le syndicat déplore la manière dont certains médias contribuent à ternir l'image des médecins généralistes. Ces critiques injustifiées, selon elle, nuisent à leur moral et à leur engagement. L'association s'interroge : " Si les généralistes prescrivaient moins d'antidépresseurs, serions-nous prêts à faire face à une augmentation des suicides ou des hospitalisations psychiatriques ? "L'Absym invite donc à un débat équilibré et appelle les critiques à réfléchir aux conséquences de leurs propos. Les médecins généralistes, qui jouent un rôle clé dans la santé publique, méritent soutien et respect, conclut l'association.