" Le nombre de membres MC ayant été remboursés d'au moins un conditionnement d'opioïdes délivré par leur pharmacien est passé de 304.000 à 402.000 entre 2010 et 2017. Tout âge confondu, un membre sur onze a donc consommé des opioïdes l'année passée ! ", souligne la mutuelle. " Parmi les utilisateurs, 8% sont des patients cancéreux. 92% consomment des opioïdes pour le traitement de douleurs d'origine non cancéreuse. "
Les médecins spécialistes sont nombreux à prescrire les opioïdes mais ils prescrivent à moins de patients (35%) que les médecins généralistes (65% des patients). Les patients non cancéreux sont pratiquement deux fois plus nombreux à se voir prescrire des opioïdes par des généralistes que des spécialistes.
Système d'échelon
" Pour le traitement de la douleur chez les patients cancéreux, l'OMS préconisait déjà en 1987 de procéder avec un système d'échelons ", souligne Jean Hermesse, Secrétaire général de la MC. " Au début, il s'agit d'utiliser un antidouleur classique comme le paracétamol. Le cas échéant, les médecins passent progressivement à une médication plus puissante. Les opioïdes y occupent l'échelon le plus élevé. La prise d'opioïdes à des doses progressivement plus fortes permet de traiter adéquatement la douleur de nombreux patients cancéreux et leur apporte plus de confort. "
Des statistiques de la MC, il ressort que ce phénomène " se manifeste tant pour les opioïdes faiblement dosés comme le tramadol (+36 % entre 2010 et 2017) que pour les opioïdes fortement dosés comme l'oxycodone (+274 %) et le fentanyl (+20 %) ". Plus d'un patient non cancéreux sur sept utiliserait ces médicaments durant une période prolongée (soit : pendant un an avec au moins un conditionnement par trimestre).
Jean Hermesse rappelle que la consommation de ces substances peut mener à la dépendance, aux abus et n'est pas sans effets secondaires comme la confusion et la somnolence.
L'Inami organisera début décembre une réunion de consensus sur l'usage rationnel des opioïdes dans le traitement de la douleur chronique. Elle vise à conscientiser les médecins aux dangers d'une utilisation prolongée et à sensibiliser aux thérapies plus douces comme la kiné, la gestion du stress, etc.