Alors que la Belgique opte pour prolonger le confinement jusqu'au 3 mai prochain, se profile un tout nouveau débat.Face à l'émergence du Covid-19, le gouvernement s'est logiquement entouré d'experts virologues dont les avis devaient permettre de prendre toutes les décisions utiles pour protéger le plus efficacement possible les citoyens contre la menace sanitaire grandissante.
Mis au devant de la scène, ces "nouveaux héros" de la nation se sont progressivement mus en véritable législateur d'urgence, dictant les conditions de restrictions de libertés individuelles, prônant une utilisation plus généralisée des données et érigeant le Covid-19 en baromètre de ce qui est bon et mauvais pour la société.
Dans la phase ascendante de la courbe de propagation, parler des conséquences économiques et sociales de la crise ou appeler à la prudence sur la normalisation de l'utilisation des données personnelles signifiait s'aventurer sur un terrain particulièrement hostile, surtout pour un non médecin.
Pourtant, peu à peu, quelques juristes, académiciens & économistes ont tiré la sonnette d'alarme en osant la question du " qui ou quoi nous gouverne ? "
La situation exceptionnelle ne saurait infirmer la règle dit l'adage Exceptio probat regulam de rebus non exception. Par conséquent, le Covid-19 ne peut nous faire oublier les règles élémentaires qui gouvernent nos démocraties.
Aussi, il est temps que le gouvernement s'affranchisse du seul risque Covid-19 pour raisonner ou, à tout le moins, s'exprimer sur base d'un modèle de gestion de risques multifactoriels qui, en toute logique, a déjà conduit plusieurs pays à adopter un plan de déconfinement progressif.
La question est d'autant plus brûlante que, d'une part, les experts s'affrontent publiquement quant à l'utilité d'un confinement strict et, d'autre part, les conséquences collatérales sanitaires, économiques et sociales commencent à peser lourd dans la balance et attendent une réponse plus concrète.
Il ne s'agit certainement pas de remettre en cause le travail des virologues et experts dans la gestion de la crise et, encore moins, de nier les dangers réels d'une seconde vague, mais bien de repositionner le gouvernement dans son rôle de décideur responsable, garant de la démocratie et de ses différents enjeux.
Or cette responsabilité suppose que le gouvernement puisse justifier ses choix autrement qu'en répétant, presque machinalement, les conclusions d'un comité d'experts apparemment formulées sur la seule base du risque sanitaire.
Aussi, il est particulièrement regrettable que, lors de la conférence de presse du Conseil de Sécurité de ce mercredi 15 avril, le tracking des données mobiles a été confirmé entre deux lignes et que le gouvernement soit, à nouveau, resté évasif quant aux implications collatérales et indirectes du Covid-19.
Après quatre semaines de recul, peut-on vraiment se contenter d'un appel condescendant, certes formulé avec beaucoup de leadership, à supporter " le long chemin qui nous sépare d'un retour à la normale " ?
Un approche trop empirique
Pour une frange grandissante de la population, la réponse est clairement non et le rapport du comité d'experts désigné pour l'exit scénario, annoncé pour le 24 avril prochain, sera nul doute déterminant pour le capital confiance dans un gouvernement qui peine à ternir ses promesses.
Il serait ainsi difficilement soutenable que, dans la dynamique actuelle, la stratégie de sortie soit, elle aussi, dictée par une observation purement empirique de l'évolution des chiffres, à l'exclusion de toute analyse objective des risques qui mettrait en balance les conséquences et intérêts sanitaires, économiques et sociales indirects du Covid-19.
Anticiper les différents scénarios possibles, y compris celui d'une seconde vague; s'interroger sur la nécessité et la proportionnalité des mesures d'urgence adoptées en envisageant d'ores et déjà les méthodologies d'évaluation et scénarios de sortie; prévoir les changements de paradigmes qui ont gouverné jusqu'ici nos modèles économiques, de consommation & démocratique demandent une autre forme d'implication du gouvernement que celle qui consiste à synthétiser les avis d'experts. Exit donc le principe d'un gouvernement porte-parole.
Il convient maintenant de penser à une stratégie de reconstruction qui incorpore, outre la gestion du risque Covid-19, le fait que le retour ne sera pas " à la normale " mais bien à un renouveau des modèles socio-économiques qui nous gouvernent, avec toutes les conséquences en découlant.
Va-t-on vers une démocratie de data-surveillance ?
Le Covid-19 a très clairement catalysé l'éclosion de la quatrième révolution industrielle.
Le monde teste actuellement, en temps réel, des modes de vie, de consommation, d'organisation du travail et de collaboration, fondés sur le recours massif à l'outil digital.
Se faisant, nos habitudes sont progressivement modifiées et nos données circulent plus que jamais, rendant un " retour à la normale " très peu probable et obligeant les gouvernements à anticiper ces changements.
Ainsi, force est de constater que c'est avec une facilité déconcertante que le tracking humain a pris sa place dans nos systèmes d'état de droit, sur base de sa seule potentialité d'efficience dans la lutte contre la propagation du virus et la recherche d'un vaccin ou traitement.
Ce raisonnement de l'espoir, dit exceptionnel en raison du Covid-19, peut cependant et très facilement être reproduit à chaque fois qu'un intérêt public le justifierait.
Se faisant, il est théoriquement déclinable à l'infini et pose une question bien plus fondamentale, celle de savoir, dans quelles conditions, nous serons in fine gouvernés par nos données.
Avant de répondre, il n'est pas inutile de se rappeler que " sous sa forme la plus noire et le plus déshumanisée, la quatrième révolution industrielle a le potentiel de robotiser l'humanité et de nous déposséder de notre coeur et de notre âme " (discours d'ouverture Davos 2019).
Mis au devant de la scène, ces "nouveaux héros" de la nation se sont progressivement mus en véritable législateur d'urgence, dictant les conditions de restrictions de libertés individuelles, prônant une utilisation plus généralisée des données et érigeant le Covid-19 en baromètre de ce qui est bon et mauvais pour la société.Dans la phase ascendante de la courbe de propagation, parler des conséquences économiques et sociales de la crise ou appeler à la prudence sur la normalisation de l'utilisation des données personnelles signifiait s'aventurer sur un terrain particulièrement hostile, surtout pour un non médecin.Pourtant, peu à peu, quelques juristes, académiciens & économistes ont tiré la sonnette d'alarme en osant la question du " qui ou quoi nous gouverne ? "La situation exceptionnelle ne saurait infirmer la règle dit l'adage Exceptio probat regulam de rebus non exception. Par conséquent, le Covid-19 ne peut nous faire oublier les règles élémentaires qui gouvernent nos démocraties. Aussi, il est temps que le gouvernement s'affranchisse du seul risque Covid-19 pour raisonner ou, à tout le moins, s'exprimer sur base d'un modèle de gestion de risques multifactoriels qui, en toute logique, a déjà conduit plusieurs pays à adopter un plan de déconfinement progressif.La question est d'autant plus brûlante que, d'une part, les experts s'affrontent publiquement quant à l'utilité d'un confinement strict et, d'autre part, les conséquences collatérales sanitaires, économiques et sociales commencent à peser lourd dans la balance et attendent une réponse plus concrète.Il ne s'agit certainement pas de remettre en cause le travail des virologues et experts dans la gestion de la crise et, encore moins, de nier les dangers réels d'une seconde vague, mais bien de repositionner le gouvernement dans son rôle de décideur responsable, garant de la démocratie et de ses différents enjeux.Or cette responsabilité suppose que le gouvernement puisse justifier ses choix autrement qu'en répétant, presque machinalement, les conclusions d'un comité d'experts apparemment formulées sur la seule base du risque sanitaire.Aussi, il est particulièrement regrettable que, lors de la conférence de presse du Conseil de Sécurité de ce mercredi 15 avril, le tracking des données mobiles a été confirmé entre deux lignes et que le gouvernement soit, à nouveau, resté évasif quant aux implications collatérales et indirectes du Covid-19.Après quatre semaines de recul, peut-on vraiment se contenter d'un appel condescendant, certes formulé avec beaucoup de leadership, à supporter " le long chemin qui nous sépare d'un retour à la normale " ?Pour une frange grandissante de la population, la réponse est clairement non et le rapport du comité d'experts désigné pour l'exit scénario, annoncé pour le 24 avril prochain, sera nul doute déterminant pour le capital confiance dans un gouvernement qui peine à ternir ses promesses.Il serait ainsi difficilement soutenable que, dans la dynamique actuelle, la stratégie de sortie soit, elle aussi, dictée par une observation purement empirique de l'évolution des chiffres, à l'exclusion de toute analyse objective des risques qui mettrait en balance les conséquences et intérêts sanitaires, économiques et sociales indirects du Covid-19.Anticiper les différents scénarios possibles, y compris celui d'une seconde vague; s'interroger sur la nécessité et la proportionnalité des mesures d'urgence adoptées en envisageant d'ores et déjà les méthodologies d'évaluation et scénarios de sortie; prévoir les changements de paradigmes qui ont gouverné jusqu'ici nos modèles économiques, de consommation & démocratique demandent une autre forme d'implication du gouvernement que celle qui consiste à synthétiser les avis d'experts. Exit donc le principe d'un gouvernement porte-parole.Il convient maintenant de penser à une stratégie de reconstruction qui incorpore, outre la gestion du risque Covid-19, le fait que le retour ne sera pas " à la normale " mais bien à un renouveau des modèles socio-économiques qui nous gouvernent, avec toutes les conséquences en découlant.Le Covid-19 a très clairement catalysé l'éclosion de la quatrième révolution industrielle.Le monde teste actuellement, en temps réel, des modes de vie, de consommation, d'organisation du travail et de collaboration, fondés sur le recours massif à l'outil digital.Se faisant, nos habitudes sont progressivement modifiées et nos données circulent plus que jamais, rendant un " retour à la normale " très peu probable et obligeant les gouvernements à anticiper ces changements. Ainsi, force est de constater que c'est avec une facilité déconcertante que le tracking humain a pris sa place dans nos systèmes d'état de droit, sur base de sa seule potentialité d'efficience dans la lutte contre la propagation du virus et la recherche d'un vaccin ou traitement.Ce raisonnement de l'espoir, dit exceptionnel en raison du Covid-19, peut cependant et très facilement être reproduit à chaque fois qu'un intérêt public le justifierait.Se faisant, il est théoriquement déclinable à l'infini et pose une question bien plus fondamentale, celle de savoir, dans quelles conditions, nous serons in fine gouvernés par nos données.Avant de répondre, il n'est pas inutile de se rappeler que " sous sa forme la plus noire et le plus déshumanisée, la quatrième révolution industrielle a le potentiel de robotiser l'humanité et de nous déposséder de notre coeur et de notre âme " (discours d'ouverture Davos 2019).