La Chine, devenue la pharmacie du monde, est à l'arrêt. Les stocks seront-ils suffisants d'ici qu'elle produise et exporte à nouveau ?
S'il est très prématuré de deviner combien de personnes seront infectés par l'épidémie de Covid-19 sur la planète, il est un risque sanitaire sérieux qu'il faut d'ores et déjà prendre en compte : manquerons-nous de médicaments suite aux perturbations induites ? Non pas tellement par la brusque hausse de consommation chinoise de médicaments combattant les symptômes de l'infection, mais parce que 60 à 80% des matériaux de base des médicaments que nous consommons en Europe proviennent d'Inde et de Chine, d'après l'Agence britannique de régulation des médicaments. Or, dans certaines régions, l'appareil de production chinois est quasi à l'arrêt. Une mesure objective de cette capacité ? Les émissions de CO2 ont radicalement chuté ces dernières semaines, en raison notamment de la mise à l'arrêt de nombreuses industries, des restrictions de circulation et des vols intérieurs. Les mesures de confinement dues au coronavirus ont ainsi abouti à une réduction des émissions de CO2 de 15% à 40% dans le secteur industriel, rapporte le site Carbon Brief. A l'heure actuelle, personne ne sait quand ces activités vont pouvoir reprendre en Chine. A Forest, Audi est déjà obligé de recourir au chômage technique, faute de certaines pièces. Quel est le degré de sécurité de stock en Europe pour être sûr de ne pas avoir de ruptures d'approvisionnement, soit maintenant, soit dans plusieurs mois, avec un "effet-retard" de tsunami, quand les réserves seront épuisées ?
" Une pénurie mondiale est possible "
Pour l'Agence belge du médicament, " il est impossible de donner une réponse générale sur le stock de sécurité : cela varie d'un médicament à l'autre. L'AFMPS a toutefois écrit à tous les titulaires d'autorisation de mise sur le marché des médicaments en Belgique et les réponses reçues sont toutes rassurantes. Actuellement, aucune pénurie n'est prévue ". Pour sa porte-parole Ann Eeckhout, la majorité des titulaires répondent qu'il n'y a pas d'impact ou qu'il n'était pas nécessaire de prévoir un stock de sécurité, par exemple parce qu'ils n'ont pas de production en Chine ou parce qu'ils ont un site de secours. Au niveau européen, toutefois, on ne cache pas que " l'épidémie affecte la capacité de fabrication et la stabilité de l'approvisionnement des ingrédients pharmaceutiques en raison de fermetures d'usines et de réseaux de transport. Et que cela pourrait entraîner une pénurie de médicaments dans le monde. "
La porte-parole de l'Agence européenne du médicament (EMA), Camelia Enachioiu, précise que " les titulaires d'autorisations de mise sur le marché doivent veiller à ce que leurs chaînes d'approvisionnement soient suffisamment résistantes pour résister aux ruptures. Les mesures de résilience peuvent comprendre la détention d'un inventaire supplémentaire ou la double source de produits et de matériaux."
Fin février, toutefois, l'EMA n'a reçu aucun rapport de rupture d'approvisionnement en raison de l'apparition de Covid-19 affectant les produits autorisés centralement. Et l'agence n'entend pas être mise devant le fait accompli : " L'EMA a demandé aux associations de l'industrie pharmaceutique de l'UE d'évaluer l'état de préparation de leurs membres afin de prévenir d'éventuelles pénuries pouvant résulter de cette épidémie. Des commentaires sont actuellement attendus ", met en garde Camelia Enachioiu, qui indique que les différents régulateurs européens ont déjà mis en place un groupe de travail pour mieux répondre aux problèmes potentiels d'approvisionnement en médicaments et éviter les pénuries. Au sein de l'EMA, un autre groupe de pilotage sur les coronavirus se prépare à fournir une orientation stratégique en cas de pénurie de médicaments nécessitant une intervention urgente et une action coordonnée au sein du réseau pour gérer et contrôler la situation.
Sauvés par le... Brexit ?
La fédération européenne de l'industrie pharmaceutique se veut rassurante : " le risque immédiat que Covid-19 ait un impact sur la fabrication et les fournitures en Europe à court terme est limité. Un facteur important sera la durée de la perturbation temporaire dans les régions touchées. Si la crise se poursuivait sans retour à une activité normale au cours des un ou deux prochains mois, les membres de l'EFPIA estiment que la crise affecterait principalement les sites de fabrication situés en Chine et qui sont exclusivement dédiés à l'approvisionnement du marché chinois. Les experts de l'EFPIA réévalueront la situation globale à la mi-mars. " " A ce stade, force est de constater qu'aucun rapport de rupture d'approvisionnement n'a été émis ", souligne le professeur Jean-Michel Dogné, à la tête du département de pharmacie à l'UNamur et expert de l'EMA. " De manière générale, la production est souvent prévue sur une base annuelle : à court terme, il n'y a pas de pénurie à craindre. Une des possibilités pour les industries pharmaceutiques est de prévoir par exemple de se fournir dans d'autres pays. Mais aucune précision n'est actuellement fournie à ce sujet par les firmes pharmaceutiques. Les patients qui prennent un traitement ne doivent pas courir à la pharmacie pour aller chercher leur médicament sous peine d'amplifier les risques. À certains égards, l'Europe est préparée grâce au Brexit. Les sociétés pharmaceutiques se sont préparées pour des interruptions d'approvisionnement des deux côtés de la Manche en cas de hard Brexit. "
S'il est très prématuré de deviner combien de personnes seront infectés par l'épidémie de Covid-19 sur la planète, il est un risque sanitaire sérieux qu'il faut d'ores et déjà prendre en compte : manquerons-nous de médicaments suite aux perturbations induites ? Non pas tellement par la brusque hausse de consommation chinoise de médicaments combattant les symptômes de l'infection, mais parce que 60 à 80% des matériaux de base des médicaments que nous consommons en Europe proviennent d'Inde et de Chine, d'après l'Agence britannique de régulation des médicaments. Or, dans certaines régions, l'appareil de production chinois est quasi à l'arrêt. Une mesure objective de cette capacité ? Les émissions de CO2 ont radicalement chuté ces dernières semaines, en raison notamment de la mise à l'arrêt de nombreuses industries, des restrictions de circulation et des vols intérieurs. Les mesures de confinement dues au coronavirus ont ainsi abouti à une réduction des émissions de CO2 de 15% à 40% dans le secteur industriel, rapporte le site Carbon Brief. A l'heure actuelle, personne ne sait quand ces activités vont pouvoir reprendre en Chine. A Forest, Audi est déjà obligé de recourir au chômage technique, faute de certaines pièces. Quel est le degré de sécurité de stock en Europe pour être sûr de ne pas avoir de ruptures d'approvisionnement, soit maintenant, soit dans plusieurs mois, avec un "effet-retard" de tsunami, quand les réserves seront épuisées ?Pour l'Agence belge du médicament, " il est impossible de donner une réponse générale sur le stock de sécurité : cela varie d'un médicament à l'autre. L'AFMPS a toutefois écrit à tous les titulaires d'autorisation de mise sur le marché des médicaments en Belgique et les réponses reçues sont toutes rassurantes. Actuellement, aucune pénurie n'est prévue ". Pour sa porte-parole Ann Eeckhout, la majorité des titulaires répondent qu'il n'y a pas d'impact ou qu'il n'était pas nécessaire de prévoir un stock de sécurité, par exemple parce qu'ils n'ont pas de production en Chine ou parce qu'ils ont un site de secours. Au niveau européen, toutefois, on ne cache pas que " l'épidémie affecte la capacité de fabrication et la stabilité de l'approvisionnement des ingrédients pharmaceutiques en raison de fermetures d'usines et de réseaux de transport. Et que cela pourrait entraîner une pénurie de médicaments dans le monde. "La porte-parole de l'Agence européenne du médicament (EMA), Camelia Enachioiu, précise que " les titulaires d'autorisations de mise sur le marché doivent veiller à ce que leurs chaînes d'approvisionnement soient suffisamment résistantes pour résister aux ruptures. Les mesures de résilience peuvent comprendre la détention d'un inventaire supplémentaire ou la double source de produits et de matériaux."Fin février, toutefois, l'EMA n'a reçu aucun rapport de rupture d'approvisionnement en raison de l'apparition de Covid-19 affectant les produits autorisés centralement. Et l'agence n'entend pas être mise devant le fait accompli : " L'EMA a demandé aux associations de l'industrie pharmaceutique de l'UE d'évaluer l'état de préparation de leurs membres afin de prévenir d'éventuelles pénuries pouvant résulter de cette épidémie. Des commentaires sont actuellement attendus ", met en garde Camelia Enachioiu, qui indique que les différents régulateurs européens ont déjà mis en place un groupe de travail pour mieux répondre aux problèmes potentiels d'approvisionnement en médicaments et éviter les pénuries. Au sein de l'EMA, un autre groupe de pilotage sur les coronavirus se prépare à fournir une orientation stratégique en cas de pénurie de médicaments nécessitant une intervention urgente et une action coordonnée au sein du réseau pour gérer et contrôler la situation.La fédération européenne de l'industrie pharmaceutique se veut rassurante : " le risque immédiat que Covid-19 ait un impact sur la fabrication et les fournitures en Europe à court terme est limité. Un facteur important sera la durée de la perturbation temporaire dans les régions touchées. Si la crise se poursuivait sans retour à une activité normale au cours des un ou deux prochains mois, les membres de l'EFPIA estiment que la crise affecterait principalement les sites de fabrication situés en Chine et qui sont exclusivement dédiés à l'approvisionnement du marché chinois. Les experts de l'EFPIA réévalueront la situation globale à la mi-mars. " " A ce stade, force est de constater qu'aucun rapport de rupture d'approvisionnement n'a été émis ", souligne le professeur Jean-Michel Dogné, à la tête du département de pharmacie à l'UNamur et expert de l'EMA. " De manière générale, la production est souvent prévue sur une base annuelle : à court terme, il n'y a pas de pénurie à craindre. Une des possibilités pour les industries pharmaceutiques est de prévoir par exemple de se fournir dans d'autres pays. Mais aucune précision n'est actuellement fournie à ce sujet par les firmes pharmaceutiques. Les patients qui prennent un traitement ne doivent pas courir à la pharmacie pour aller chercher leur médicament sous peine d'amplifier les risques. À certains égards, l'Europe est préparée grâce au Brexit. Les sociétés pharmaceutiques se sont préparées pour des interruptions d'approvisionnement des deux côtés de la Manche en cas de hard Brexit. "