En 2018, le résultat courant des hôpitaux généraux ne s'est élevé qu'à 31 millions d'euros. Cela représente seulement 0,2% de leur chiffre d'affaires, qui culmine à 15,5 milliards d'euros. Un tiers des hôpitaux est dans le rouge. Dans certaines institutions, les honoraires des médecins sont utilisés pour équilibrer les comptes.
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"La création des réseaux induit une profonde transformation du paysage hospitalier. Celui-ci est confronté à des défis de taille, le tout dans un contexte macroéconomique défavorable et sans oublier les exercices budgétaires précaires. Les résultats de l'étude Maha montrent que la situation financière des hôpitaux demeure préoccupante. Des réformes dans le mode de financement sont indispensables afin d'améliorer la santé financière des hôpitaux ", commentent les analystes de Belfius.Pour Véronique Goossens, chief economist chez Belfius Banque, et Arnaud Dessoy, responsable des études public finance et social profit, il est évident que les réseaux loco-régionaux ne sont pas, en soi, la solution miracle qui permettra de redresser l'ensemble du secteur hospitalier. "Le secteur des soins de santé dans son ensemble sera confronté à des défis gigantesques ces prochaines années. La réforme fondamentale du système actuel de financement des hôpitaux est cruciale pour réussir la transition vers un paysage des soins de santé remanié. Il reste encore de multiples obstacles à surmonter, par exemple, la législation TVA, le droit du travail, ou la faculté de fusionner certaines activités. Un système performant d'échange des données des patients constitue également une condition sine qua non. "Un avis que partage Valérie Victoor, conseiller général de Santhea, qui prévient que les réseaux ne vont pas obligatoirement améliorer les finances des hôpitaux. "Former les réseaux a également un coût que les hôpitaux doivent supporter. Il faut continuer à investir dans le secteur, entre autres, en fixant une norme de croissance adaptée." Et Christophe Happe, directeur général d'Unessa, de rappeler que les réseaux n'ont pas pour objectif la rationalisation des moyens mais bien la bonne organisation de ceux-ci. Du côté de Belfius, Bernard Michaux, directeur adjoint, souligne que la composition et la formation des réseaux est encore trop incertaine pour pouvoir évaluer la santé financière de ceux-ci. "Pour l'étude Maha, nous continuerons à l'avenir à analyser les chiffres des hôpitaux eux-mêmes", prévient Véronique Goossens. En 2018, les hôpitaux généraux ont réalisé un résultat d'exploitation de 230 millions et un chiffre d'affaires de 15,543 milliards. "Abstraction faite des éléments exceptionnels, le résultat courant ne s'élève qu'à 31 millions. Tout comme l'an dernier, cela représente 0,2% du chiffre d'affaires. Cela signifie que la moindre perturbation des revenus peut avoir des conséquences catastrophiques dans le secteur. En outre, la capacité d'investissement nécessaire pour parer nos hôpitaux pour l'avenir est de ce fait sous pression", soulignent les auteurs de l'étude.Au total, quasi un hôpital sur trois est déficitaire (32%). "Il s'agit d'une légère amélioration par rapport à l'an dernier. À l'époque, 44% des hôpitaux étaient dans le rouge. La position du cash-flow - qui indique dans quelle mesure les hôpitaux sont capables de respecter leurs engagements à court terme - s'est légèrement améliorée: 18% des hôpitaux sont confrontés à un cash-flow insuffisant et 2% à un cash-flow négatif. Cependant, cette amélioration n'est pas structurelle, mais elle est due au versement unique de montants de rattrapage en 2018 ", relativisent Véronique Goossens, chief economist chez Belfius Banque, et Arnaud Dessoy, responsable des études public finance et social profit. Les hôpitaux généraux affichent un total du bilan de 20,7 milliards, soit une augmentation de 1,9%. " Avec des fonds propres (sans dotations d'investissement) de 23%, la situation financière dans sa totalité reste saine. Les emprunts à long terme représentent 6,5 milliards, soit 33% du bilan, une diminution en comparaison avec l'année précédente. Les dettes à court terme ont, certes, augmenté de 125 millions d'euros (+ 41%) mais elles ne représentent que 5,7% des dettes totales. Cependant, il existe de grandes disparités entre les hôpitaux ", révèle l'étude Maha. L'augmentation du chiffre d'affaires (+ 5,2%) s'explique principalement par les produits pharmaceutiques, qui ont augmenté de 10,7%, notamment pour l'oncologie et l'immunologie. Les honoraires plus élevés des médecins ont également contribué substantiellement à la hausse du chiffre d'affaires. Ils se sont accrus de 5,3% pour s'établir à 6,4 milliards.Les frais de personnel, qui représentent le coût le plus important pour les hôpitaux, restent sous contrôle: avec une hausse de 3,1%, ils enregistrent une évolution inférieure à celle du chiffre d'affaires. Cette augmentation porte tant sur le nombre d'ETP que sur leur coût.Les hôpitaux parviennent à équilibrer leurs compte grâce à la pharmacie et aux services médico-techniques. "Les honoraires des médecins sont également utilisés pour équilibrer les comptes. Cette solidarité se marque différemment d'un hôpital à l'autre, de telle sorte qu'il est très difficile de comparer les institutions", commentent les auteurs. L'hôpital de jour gagne du terrain. 60% des hospitalisations se font en hôpital de jour, tandis que le nombre de journées d'hospitalisation continue à diminuer.Vincent Claes