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"Faute de matériel de protection adapté ou en suffisance, le personnel prenant en charge les patients suspectés de souffrir du Covid-19 n'a pas été protégé, corrélativement les patients n'ont pas été suffisamment protégés du personnel potentiellement contaminé. Aucun testing n'a été organisé : le personnel, susceptible d'amener le virus dans les murs à son insu n'a pas été testé, même symptomatique, parce que les consignes des autorités étaient de ne tester que le personnel en état suffisamment grave que pour potentiellement devoir être hospitalisé. On n'a pas testé les résidents non plus, rendant une quarantaine préventive impossible. Il a fallu chaque fois attendre que des symptômes se déclarent de manière durable ", souligne Valérie Victoor.Pour santhea, le choix des autorités a été de miser sur un isolement maximal, en croisant les doigts pour que le virus n'entre pas dans la bulle entourant nos aînés. Et la fédération d'expliquer qu'elle a dû batailler ferme, les autres acteurs du secteur, pour que l'on reconnaisse que des masques FFP2 sont aussi nécessaires pour protéger les soignants dans les maisons de repos. "Pourquoi tant de maisons de repos n'ont survécu, jusqu'à la livraison récente de masques FFP2 par les autorités, que grâce aux colis de matériel que nous avons récolté grâce aux dons de la société civile, citoyens et entreprises ? Pourquoi les autorités fédérales, qui centralisent et coordonnent les actions des différents niveaux de pouvoir, singulièrement concernant le matériel de protection, n'ont-elles pas réservé plus tôt une part, même minime, du maigre butin pour protéger nos aînés et nos soignants ? Parce que les maisons de repos relèvent de la compétence des Régions ? Et que du coup, les Régions n'ont qu'à se débrouiller pour faire des démarches en parallèle pour essayer d'obtenir elles-mêmes ce matériel ? "L'Absym a réclamé la généralisation des tests dans les maisons de repos. "Ce qu'il se passe au sein des maisons de repos et de soins est dramatique. Les résidents et le personnel sont livrés à eux-mêmes ", alertait mardi le Dr Philippe Devos, président du syndicat médical.Santhea estime qu'il aurait fallu tester plus tôt. " Une chose est sûre, maintenant, tester ne suffit pas, parce même si tous les cas sont détectés, qu'est-ce qu'on fera ?", interroge Valérie Victoor. "On écarte tout le personnel positif même asymptomatique dans un contexte de grand absentéisme ? Ou on le laisse au travail au chevet des résidents souffrant du Covid-19 au risque d'augmenter la charge virale de l'un et/ou de l'autre ? On isole aussi les pensionnaires asymptomatiques et on espère qu'il y aura assez de personnel pour s'occuper de tout le monde dans des conditions de protection suffisante ? On renvoie les résidents infectés vers les hôpitaux, ce qui va surcharger encore plus le personnel hospitalier et peut-être épuiser la capacité en lits disponibles pour la prise en charge du Covid-19 ? "Suite à la Conférence interministérielle santé du 8 avril, le ministre Philippe De Backer a annoncé que "la capacité augmentée de testing est activée sur le champ pour tester de manière étendue dans toutes les maisons de repos et de soins belges et ensuite les prestataires de soins de première ligne."Catherine Fonck (cdH) demande de faire évoluer les directives de dépistages pour systématiser le testing du personnel et des résidents. "La règle actuelle impose de cesser les tests dès que cinq résidents sont testés positifs. Or il est fondamental d'identifier les résidents porteurs pour les isoler et protéger ainsi les résidents non porteurs."Quant aux structures intermédiaires intra - ou extrahospitalières, santhea se demande si le timing pour leur mise en place et le personnel soignant à y affecter permettront -ils d'offrir une solution rapide au péril actuel ?La fédération d'institutions publiques, qui fédère 71 maisons de repos, attend des autorités de tous les niveaux de pouvoir qu'elles agissent de concert pour poser urgemment des actions concrètes. La fédération Unessa, qui fédère 164 structures d'accueil pour personnes âgées est sur la même longueur d'ondes que santhea. Elle réclame des mesures d'urgence : les autorités doivent définir une stratégie claire de lutte contre le Covid-19 dans les MR(S), leur approvisionnement en équipement de protection adapté doit être assuré, l'ensemble du personnel et des résidents doit y être dépisté. "Les autorités doivent anticiper des mesures pour accompagner les MR(S) qui se retrouveront en manque de personnel, suite aux dépistages qui débutent. ". Catherine Fonck demande aux autorités d'ouvrir dans les hôpitaux des unités de soins pour les aînés atteints par le Covid-19 pour d'une part geler les retours à domicile et en maison de repos, et d'autre part permettre d'hospitaliser les résidents de maisons de repos qui devraient l'être. "Cela permettra de diminuer la pression sur les maisons de repos." Selon la ministre De Block qui répondait à une question parlementaire de Catherine Fonck ce lundi, 13.000 lits sont disponibles dans les hôpitaux. "Utiliser un certain nombre de ces lits pour ouvrir ces unités est réalisable et raisonnable vu l'évolution de la situation dans les hôpitaux."Vincent Claes