C'est sans doute sans regrets que vous vous remémorez les journées d'étude à la fois interminables et beaucoup trop courtes, les nuits blanches à la veille d'un examen, les palpitations en attendant la distribution des questions, l'impression d'avoir raté de peu et le soulagement ou la déception en découvrant vos notes, annonciatrices d'un été de détente ou d'une nouvelle session en septembre. Il n'en va pas autrement pour la génération actuelle, qui vient de boucler à son tour ce marathon d'épreuves orales et écrites avec l'espoir d'obtenir les meilleurs résultats possibles. Prestations sportives pour les Diables, sport intellectuel pour les étudiants.

À l'instar de certains grands sportifs, une partie d'entre eux ressentent toutefois un tel besoin de se distinguer qu'ils se laissent séduire par des produits supposés améliorer leurs résultats - une sorte de dopage intellectuel, en somme. D'après les conclusions d'une enquête réalisée récemment en France*, nos futurs confrères et consoeurs seraient pas moins de 6% à booster ainsi leurs capacités à grand renfort de méthylphénidate ou de modafinil. Ils ne se feront pas prendre, les analyses toxicologiques avant chaque examen n'étant pas très en vogue dans les universités (elles ne suffiraient d'ailleurs pas à remédier au problème), mais il n'en est pas moins extrêmement préoccupant que ces jeunes s'exposent volontairement aux effets secondaires potentiellement graves de produits qui n'auront pas même toujours l'effet escompté.

"Nous devons être conscients que notre système éducatif reposant sur des évaluations régulières peut, chez certains, cultiver la peur de l'échec dès leur plus jeune âge."

Nous devons être conscients que notre système éducatif reposant sur des évaluations régulières peut, chez certains, cultiver la peur de l'échec dès leur plus jeune âge. Se borner à incriminer une pression excessive et à plaider en faveur d'une suppression des examens serait toutefois un peu court, car l'échec réside en réalité surtout dans notre incapacité à enseigner aux jeunes à gérer ces moments de haute tension psychologique. En général, ceux et celles qui se bourrent de pilules en période de blocus possèdent toutes les capacités intellectuelles nécessaires pour réussir leur formation. La plupart d'entre nous ne sont pas davantage venus au monde avec des nerfs d'acier et une mémoire infaillible que les Diables Rouges ne sont nés la balle au pied : ce qui compte, c'est avant tout d'être bien encadré dès le début ! Assimiler la matière, planifier son blocus et se ménager des moments de détente sont des aptitudes que tout étudiant peut acquérir et qui ne se vendent pas en pharmacie. Ce n'est toutefois que si nous parvenons à convaincre les jeunes du bien-fondé de ces principes et à les mettre en application dans nos écoles et universités que nous parviendrons enfin à endiguer cette consommation abusive de médicaments...

*Fond G et al. (Mis)use of Prescribed Stimulants in the Medical Student Community: Motives and Behaviors: A Population-Based Cross-Sectional Study. Medicine (Baltimore). 2016 Apr;95(16)

C'est sans doute sans regrets que vous vous remémorez les journées d'étude à la fois interminables et beaucoup trop courtes, les nuits blanches à la veille d'un examen, les palpitations en attendant la distribution des questions, l'impression d'avoir raté de peu et le soulagement ou la déception en découvrant vos notes, annonciatrices d'un été de détente ou d'une nouvelle session en septembre. Il n'en va pas autrement pour la génération actuelle, qui vient de boucler à son tour ce marathon d'épreuves orales et écrites avec l'espoir d'obtenir les meilleurs résultats possibles. Prestations sportives pour les Diables, sport intellectuel pour les étudiants.À l'instar de certains grands sportifs, une partie d'entre eux ressentent toutefois un tel besoin de se distinguer qu'ils se laissent séduire par des produits supposés améliorer leurs résultats - une sorte de dopage intellectuel, en somme. D'après les conclusions d'une enquête réalisée récemment en France*, nos futurs confrères et consoeurs seraient pas moins de 6% à booster ainsi leurs capacités à grand renfort de méthylphénidate ou de modafinil. Ils ne se feront pas prendre, les analyses toxicologiques avant chaque examen n'étant pas très en vogue dans les universités (elles ne suffiraient d'ailleurs pas à remédier au problème), mais il n'en est pas moins extrêmement préoccupant que ces jeunes s'exposent volontairement aux effets secondaires potentiellement graves de produits qui n'auront pas même toujours l'effet escompté.Nous devons être conscients que notre système éducatif reposant sur des évaluations régulières peut, chez certains, cultiver la peur de l'échec dès leur plus jeune âge. Se borner à incriminer une pression excessive et à plaider en faveur d'une suppression des examens serait toutefois un peu court, car l'échec réside en réalité surtout dans notre incapacité à enseigner aux jeunes à gérer ces moments de haute tension psychologique. En général, ceux et celles qui se bourrent de pilules en période de blocus possèdent toutes les capacités intellectuelles nécessaires pour réussir leur formation. La plupart d'entre nous ne sont pas davantage venus au monde avec des nerfs d'acier et une mémoire infaillible que les Diables Rouges ne sont nés la balle au pied : ce qui compte, c'est avant tout d'être bien encadré dès le début ! Assimiler la matière, planifier son blocus et se ménager des moments de détente sont des aptitudes que tout étudiant peut acquérir et qui ne se vendent pas en pharmacie. Ce n'est toutefois que si nous parvenons à convaincre les jeunes du bien-fondé de ces principes et à les mettre en application dans nos écoles et universités que nous parviendrons enfin à endiguer cette consommation abusive de médicaments...*Fond G et al. (Mis)use of Prescribed Stimulants in the Medical Student Community: Motives and Behaviors: A Population-Based Cross-Sectional Study. Medicine (Baltimore). 2016 Apr;95(16)