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Le FreeStyle Libre (FSL) est un nouveau dispositif qui est rentré dans la convention de gestion des personnes diabétiques en juillet 2016. " Nous avions l'impression que ce serait un plus pour les patients dans la mesure où ce système allait faciliter le suivi des glycémies à la maison. Nous voulions voir l'effet en vie réelle sur le contrôle glycémique et sur la qualité de vie des patients ", précise le Dr Vanessa Preumont (Endocrinologie et nutrition, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles).Cette étude prospective a été réalisée dans le cadre du mémoire du Dr Stéphanie Rouhard. Entre novembre 2016 et août 2017, 248 patients, diabétiques de type 1 (98%), ont été enrôlés (âge moyen 45 ans et 20 années de diabète) et suivis pendant six mois.Globalement, au premier de temps de suivi, soit après deux à quatre mois d'instauration du système, on note une amélioration de l'hémoglobine gliquée, modeste mais statistiquement significative. " Ce qui est intéressant, poursuit-elle, c'est que cette amélioration se maintient pendant les six mois de suivi : l'HbA1c passe de 8,1% à 7,8%. Plus de patients sont donc à l'objectif glycémique. Ceci en parallèle avec une augmentation du nombre de contrôles : en moyenne, les patients faisaient trois tests de glycémie capillaire par jour et ils passent à sept à huit scans par jour avec le FSL. Ceux qui étaient le mieux équilibrés au départ ne changent pas beaucoup leur contrôle glycémique avec le nouveau système. Par contre, les moins bien équilibrés sont ceux qui en bénéficient le plus à six mois. "Comme l'ont déjà démontré diverses études avec les anciens systèmes, plus les patients font de tests, au mieux ils contrôlent leur diabète. Il en va de même avec ce nouveau dispositif : " C'est beaucoup plus simple : il ne faut pas chercher un lavabo, se laver les mains, faire la goutte de sang..., il suffit de scanner le capteur. Les patients peuvent donc le faire à chaque injection d'insuline, entre les injections, au coucher, quand ils prennent le volant... "Les deux chercheuses ont été un peu étonnées par l'augmentation du nombre d'hypoglycémies suite à la mise en place du système : " Au premier temps, c'était relativement logique puisque le FSL a une mémoire qui fait que chaque fois que le patient scanne, il a le taux de glucose interstitiel du moment mais également une idée de son évolution au cours des huit dernières heures. Auparavant, on n'avait pas accès à ces informations, le système démasque donc logiquement des hypoglycémies qui passaient inaperçues. De façon un peu plus étonnante, ces hypoglycémies ont tendance à persister à six mois, comme si le patient n'adaptait pas ses doses d'insuline. "" Un des bémols de ces lecteurs, commente l'endocrinologue, est qu'ils ont tendance à sous-estimer les valeurs basses de glycémie : en cas d'hypoglycémie, le capteur va donner des valeurs sans doute un peu inférieures à la réalité. À cause de cela, certains patients ne croient pas toutes ces hypoglycémies. Raison pour laquelle il est important qu'ils contrôlent certaines par glycémie capillaire, notamment quand ils ont un doute. " Dans ce contexte, l'éducation du patient est primordiale parce qu'il doit comprendre que la valeur donnée par le FSL n'est pas identique à celle d'une glycémie capillaire : " C'est une mesure du taux de glucose du liquide interstitiel, qui représente un certain délai, de l'ordre de 10 à 15 minutes, par rapport à une glycémie capillaire réalisée au même moment. Chaque résultat doit donc être interprété en tenant compte de ce paramètre, c'est pourquoi une flèche de tendance indique si la glycémie monte ou descend. "Les patients ont aussi rempli un questionnaire de satisfaction : ils se disent globalement très satisfaits, surtout si leur hémoglobine gliquée s'améliore.Adaptent-ils leur comportement pour éviter la survenue d'une hypoglycémie ? " Avec ce système, ils l'adaptent moins ", constate-t-elle. " Pouvoir faire des glycémies de manière beaucoup plus répétée, fait qu'ils osent faire davantage de choses sans en craindre. Mais il n'y a aucune modification du score de crainte par rapport à la survenue d'une hypoglycémie. Sans doute pour deux raisons : six mois c'est court pour changer un comportement très ancien et ensuite, ce système ne dispose pas d'alarme pour avertir le patient de la survenue d'une hypoglycémie. "Une nouvelle version du FreeStyle Libre devrait s'en doter. D'autres systèmes qui rentrent dans la même catégorie de remboursement, le Guardian Connect ou le Dexcom G5 Mobile, ont des alarmes pour prévenir d'une hypoou d'une hyperglycémie, mais ils nécessitent un étalonnage par glycémie capillaire deux fois/jour.Aujourd'hui, l'équipe analyse l'évolution du contrôle glycémique à plus long terme (1,5-2 ans) dans cette même cohorte afin de déterminer si les effets bénéfiques vus à court et moyen termes perdurent, si les patients arrêtent de porter ce capteur à l'arrière du bras (8/248 à six mois, sportifs chez qui la sueur le décolle, allergiques, manque de confiance...), si le nombre de scans diminue avec le temps...Quelles implications a eu cette étude en pratique quotidienne ? " On propose systématiquement le FSL à tous nos patients qui rentrent dans les critères de remboursement et on insiste particulièrement auprès de ceux qui sont mal équilibrés parce qu'ils en bénéficieront le plus ", confirme le Dr Preumont.