Les dernières heures nous ont encore montré, si besoin en était, à quel point les différents phénomènes météorologiques gagnent en intensité. Précipitations abondantes, chaleurs qui n'ont plus rien à envier à celles du bassin méditerranéen qui, lui-même, flirte avec les plus de 40°, orages violents... À quel point ces exacerbations ont-elles un impact sur notre santé?

S'adapter pour survivre

Une étude publiée cette semaine dans Nature Medicine montre qu'une forme 'd'adaptation sociale' à la chaleur a lieu depuis l'an 2000, permettant de limiter l'ampleur des décès causés par les canicules. Sans ces ajustements de nos sociétés, on aurait pu avoir deux fois plus de décès chez les + de 80 ans...

"Nous avons appliqué des modèles épidémiologiques aux relevés de température et de mortalité dans 823 régions de 35 pays afin d'estimer la mortalité liée à la chaleur en Europe en 2023, en fonction du sexe et de l'âge, et de quantifier la charge de mortalité évitée grâce à l'adaptation de la société à l'augmentation des températures depuis l'an 2000", explique en préambule Elisa Gallo, auteure principale, chercheuse au Barcelona Institute for Global Health. L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial, et la deuxième plus chaude en Europe. Et 2024 pourrait battre un nouveau record.

"Nous avons estimé à 47.690 (intervalle de confiance 95%) le nombre de décès liés à la chaleur en 2023, ce qui représente la deuxième charge de mortalité la plus élevée au cours de la période d'étude 2015-2023, dépassée seulement par 2022. Nous avons également estimé que la charge de mortalité liée à la chaleur aurait été supérieure de 80% en l'absence d'adaptation au siècle présent, en particulier chez les personnes âgées (+100,7% chez les 80+ ans). Nos résultats soulignent l'importance des adaptations historiques et en cours pour sauver des vies au cours des derniers étés et l'urgence de stratégies plus efficaces pour réduire davantage la charge de mortalité des prochains étés plus chauds."

Banlieue parisienne, 30 juillet 2024., Belga
Banlieue parisienne, 30 juillet 2024. © Belga

En quoi consiste exactement cette 'adaptation sociale' ? Nous avons d'avantage conscience des risques, ce qui permet d'optimaliser les stratégies de prévention (alertes et communication précoce). Nos modes de vie s'adaptent, de même que le secteur de la santé et le monde du travail, notamment dans le bâtiment.

Toujours selon cette étude, les pays qui affichent les plus hauts taux de mortalité en lien avec des températures élevées sont: la Grèce (393 décès par million), la Bulgarie (229 décès par million), l'Italie (209 décès par million), l'Espagne (175 décès par million), Chypre (167 décès par million) et le Portugal (136 décès par million).

Par ailleurs, selon l'Unicef, un enfant sur cinq, dans le monde, subit désormais au moins deux fois plus de jours de chaleur extrême (soit à + de 35°) que ses grands-parents en 1960

Ainsi, un petit Malien vit 212 jours par an à des températures de plus de 35°...

Les très fortes précipitations associées au VRS

© Getty Images

Les facteurs météorologiques intenses comme la température ou les précipitations jouent un rôle non négligeable dans la transmission et la survie des agents infectieux. On sait par exemple de longue date que les épisodes de froid intense augmente le confinement de la population, ce qui favorise l'échange de virus comme celui de la grippe. Les inondations de l'été 2021 ont également montré - tout particulièrement dans les zones très sinistrées, comme la région de Verviers - une hausse de certaines maladies infectieuses.

Pour tenter de mieux comprendre le lien, des chercheurs de l'ULB, de Sciensano et de l'UMons ont mené une étude comparant les données de surveillance météorologique avec les données de surveillance épidémiologique en Belgique. Les résultats viennent d'être publiés dans le Journal of medical microbiology.

"Les données météorologiques (2011-2021 via l'IRM) ont été agrégées par province belge pour obtenir les températures et les précipitations moyennes hebdomadaires par province", expliquent les chercheurs emmenés par Nicolas Yin (LHUB-ULB). "Les données épidémiologiques (via Sciensano) comprenaient les cas hebdomadaires d'agents pathogènes responsables de gastro-entérites, d'infections respiratoires, d'infections à transmission vectorielle et d'infections invasives, normalisés pour 100.000 habitants." L'association entre les événements météorologiques extrêmes et les événements infectieux a été déterminée en comparant l'incidence hebdomadaire moyenne des maladies infectieuses considérées après chaque événement météorologique survenu après un nombre donné de semaines. Résultats?

-Les températures très basses sont associées à une incidence plus élevée des virus de la grippe et de la parainfluenza, de Mycoplasma pneumoniae, des rotavirus et des infections invasives à Streptococcus pneumoniae et Streptococcus pyogenes;

-Les températures très élevées sont associées à une incidence plus élevée des infections à Escherichia coli, Salmonella spp, Shigella spp, des gastro-entérites parasitaires et de Borrelia burgdorferi;

-Les très fortes précipitations sont associées à une incidence plus élevée du virus respiratoire syncytial (VRS);

-Les très faibles précipitations sont associées à une incidence plus faible de la gastro-entérite à adénovirus.

"Ces travaux mettent en évidence non seulement la relation entre la température ou les précipitations et les maladies infectieuses, mais aussi les événements météorologiques les plus extrêmes qui ont une influence individuelle sur leur incidence", concluent les chercheurs belges. Ces résultats pourraient être utilisés pour développer des stratégies d'adaptation et d'atténuation.

Les dernières heures nous ont encore montré, si besoin en était, à quel point les différents phénomènes météorologiques gagnent en intensité. Précipitations abondantes, chaleurs qui n'ont plus rien à envier à celles du bassin méditerranéen qui, lui-même, flirte avec les plus de 40°, orages violents... À quel point ces exacerbations ont-elles un impact sur notre santé?Une étude publiée cette semaine dans Nature Medicine montre qu'une forme 'd'adaptation sociale' à la chaleur a lieu depuis l'an 2000, permettant de limiter l'ampleur des décès causés par les canicules. Sans ces ajustements de nos sociétés, on aurait pu avoir deux fois plus de décès chez les + de 80 ans..."Nous avons appliqué des modèles épidémiologiques aux relevés de température et de mortalité dans 823 régions de 35 pays afin d'estimer la mortalité liée à la chaleur en Europe en 2023, en fonction du sexe et de l'âge, et de quantifier la charge de mortalité évitée grâce à l'adaptation de la société à l'augmentation des températures depuis l'an 2000", explique en préambule Elisa Gallo, auteure principale, chercheuse au Barcelona Institute for Global Health. L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial, et la deuxième plus chaude en Europe. Et 2024 pourrait battre un nouveau record. "Nous avons estimé à 47.690 (intervalle de confiance 95%) le nombre de décès liés à la chaleur en 2023, ce qui représente la deuxième charge de mortalité la plus élevée au cours de la période d'étude 2015-2023, dépassée seulement par 2022. Nous avons également estimé que la charge de mortalité liée à la chaleur aurait été supérieure de 80% en l'absence d'adaptation au siècle présent, en particulier chez les personnes âgées (+100,7% chez les 80+ ans). Nos résultats soulignent l'importance des adaptations historiques et en cours pour sauver des vies au cours des derniers étés et l'urgence de stratégies plus efficaces pour réduire davantage la charge de mortalité des prochains étés plus chauds."Toujours selon cette étude, les pays qui affichent les plus hauts taux de mortalité en lien avec des températures élevées sont: la Grèce (393 décès par million), la Bulgarie (229 décès par million), l'Italie (209 décès par million), l'Espagne (175 décès par million), Chypre (167 décès par million) et le Portugal (136 décès par million).Ainsi, un petit Malien vit 212 jours par an à des températures de plus de 35°...Les facteurs météorologiques intenses comme la température ou les précipitations jouent un rôle non négligeable dans la transmission et la survie des agents infectieux. On sait par exemple de longue date que les épisodes de froid intense augmente le confinement de la population, ce qui favorise l'échange de virus comme celui de la grippe. Les inondations de l'été 2021 ont également montré - tout particulièrement dans les zones très sinistrées, comme la région de Verviers - une hausse de certaines maladies infectieuses.Pour tenter de mieux comprendre le lien, des chercheurs de l'ULB, de Sciensano et de l'UMons ont mené une étude comparant les données de surveillance météorologique avec les données de surveillance épidémiologique en Belgique. Les résultats viennent d'être publiés dans le Journal of medical microbiology. "Les données météorologiques (2011-2021 via l'IRM) ont été agrégées par province belge pour obtenir les températures et les précipitations moyennes hebdomadaires par province", expliquent les chercheurs emmenés par Nicolas Yin (LHUB-ULB). "Les données épidémiologiques (via Sciensano) comprenaient les cas hebdomadaires d'agents pathogènes responsables de gastro-entérites, d'infections respiratoires, d'infections à transmission vectorielle et d'infections invasives, normalisés pour 100.000 habitants." L'association entre les événements météorologiques extrêmes et les événements infectieux a été déterminée en comparant l'incidence hebdomadaire moyenne des maladies infectieuses considérées après chaque événement météorologique survenu après un nombre donné de semaines. Résultats?-Les températures très basses sont associées à une incidence plus élevée des virus de la grippe et de la parainfluenza, de Mycoplasma pneumoniae, des rotavirus et des infections invasives à Streptococcus pneumoniae et Streptococcus pyogenes;-Les températures très élevées sont associées à une incidence plus élevée des infections à Escherichia coli, Salmonella spp, Shigella spp, des gastro-entérites parasitaires et de Borrelia burgdorferi;-Les très fortes précipitations sont associées à une incidence plus élevée du virus respiratoire syncytial (VRS);-Les très faibles précipitations sont associées à une incidence plus faible de la gastro-entérite à adénovirus. "Ces travaux mettent en évidence non seulement la relation entre la température ou les précipitations et les maladies infectieuses, mais aussi les événements météorologiques les plus extrêmes qui ont une influence individuelle sur leur incidence", concluent les chercheurs belges. Ces résultats pourraient être utilisés pour développer des stratégies d'adaptation et d'atténuation.