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C'est un homme heureux que l'on rencontre. Heureux d'être reconnu par ses pairs, d'abord. Mais surtout heureux de constater qu'à travers sa longue carrière, Michel Pletincx a abattu un travail colossal. " Je suis un passionné ", explique-t-il, non sans un sourire, quand on mentionne l'épaisseur de son CV. " C'est vrai que lorsque l'on m'a demandé d'écrire un CV adapté, j'ai remarqué que j'avais réalisé par mal de choses. " Une carrière qu'il n'aurait pas pu faire sans sa femme, précise le pédiatre, qui accorde beaucoup de valeur à la famille.La vocation de pédiatre germe tôt dans la tête du jeune Pletincx. Alors que la plupart des gamins de cinq ans ne connaissent pas le mot " médecine ", il sait déjà qu'il veut être pédiatre. " Je suppose qu'un pédiatre m'a marqué. Et je pense que j'ai une prédisposition au contact avec les enfants. Je pense aussi que c'est héréditaire. "L'homme entreprend donc, sans surprise, des études de médecine pour devenir pédiatre. Mais ce ne fut pas un long fleuve tranquille pour autant. " Au sortir de mes études de médecine à l'UCL, il y avait trois places pour 30 candidats. Je n'ai pas été repris. Je me suis donc battu pour continuer ma formation à l'étranger, d'abord à Paris, ensuite à Montréal. Je suis content de ce parcours car il m'a permis d'être indépendant vis-à-vis des institutions belges. " Cet esprit libre, c'est également en voyageant à travers le globe que Michel Pletincx le cultive. " J'ai eu la chance de parcourir la moitié du monde. Cela m'a permis d'avoir une autre philosophie de la vie, de relativiser les choses et d'ouvrir mes horizons. Il faut aller au-delà des dogmes. "En 1977, Michel Pletincx, alors assistant en première année de formation en pédiatrie, se lance dans le syndicalisme. " Je me suis toujours battu pour défendre des soins de qualité accessibles ", explique-t-il. À l'Absym et au GBS, il se fait remarquer, sans pourtant s'impliquer outre-mesure." Curieusement, je suis devenu président de l'Association professionnelle belge des pédiatres (APBP) sans même être membre du Comité directeur de l'association. " Un rôle qu'il tiendra 25 ans, entre 1994 et 2019.Durant ces années, les problèmes sont légion : sous-financement, non-reconnaissance des sous-spécialités, menaces de fermeture des services de pédiatrie... " Il y a 20 ans, la prise en compte de la médecine de l'enfant était catastrophique. Il n'y avait même pas de financement pour les enfants que l'on mettait en structures non-intensives. Il n'y avait pas d'honoraires d'examen. Les actes techniques, on ne pouvait pas les compter. C'était un scandale. Ça m'a motivé. "En 20 ans, la qualité des soins s'est améliorée, la reconnaissance de la profession également, mais il reste des combats à mener. " La reconnaissance des sous-spécialités, c'est un combat qui dure depuis 30 ans. Tout le monde reconnaît aujourd'hui ces sous-spécialités - par deux fois le Conseil supérieur de la santé a donné un avis favorable - mais il y a un blocage au niveau du cabinet De Block. Sans bonne raison. Cela explique mon obstination et ma patience. Beaucoup de progrès ont été réalisés, mais au prix de nombreux efforts. "Ces efforts ont permis de belles rencontres et ont vu naître de beaux projets. C'est le cas de l'Académie belge de pédiatrie, fer de lance de la carrière de Michel Pletincx. " Je me suis vite rendu compte, étant président de l'ABPB, que ce n'était pas suffisant. Les ministres invitent les partenaires selon leurs obédiences, et personne n'y trouve réellement son compte. Alors j'ai pris mon bâton de pèlerin, je suis allé voir les associations professionnelles et les universités du pays. Le but était de créer une structure où chacun était représenté. Cela fait maintenant 21 ans que l'Académie est sur pied et que chaque décision est prise à l'unanimité ", raconte celui qui fut président-fondateur aux débuts de l'aventure, en 1999.Administrateur de la Clinique Sainte-Anne Saint-Rémi à plusieurs reprises, et chef de service pendant 25 ans, le pédiatre a eu son lot de postes à responsabilité. " Cela m'a permis de défendre mes idées ", explique le médecin. Cela lui a aussi permis de jouer son rôle de passeur. " J'ai pu transmettre ma vision de la médecine. C'est une philosophie de respect du patient, de qualité, de fraternité entre les médecins. C'est comme cela qu'on tient une équipe. Les bonnes relations, l'amitié, c'est le noyau. Cela permet d'éviter le burnout. "Aujourd'hui à l'âge de la retraite, il pratique encore. " Je trouve que l'on a un métier extraordinaire. Ce qui me motive, c'est le contact avec le patient. Il faut montrer beaucoup d'empathie, malgré l'avènement des technologies. Ce contact permet une autre forme de reconnaissance de la part du patient, ce qui compte beaucoup pour moi. "