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Cher monsieur Chastel,Je me permets une réponse étayée à la lettre que j'ai eu le plaisir de lire hier soir parmi mes mails.Je tenais tout d'abord à vous préciser que l'organisation dont je suis le président se veut apartisane, j'entends par là qu'il est inutile de tenter de nous embrigader dans une sempiternelle et futile guerre d'opposition gauche droite qui paralyse le paysage politique belge depuis un certain temps. J'entends par là qu'il est fort regrettable d'observer que le corps de votre lettre composée de 6 paragraphes en contient 5 qui renvoient systématiquement la faute sur le parti socialiste, ce qui dénature au final totalement les messages potentiels que vous tenteriez de faire passer au monde étudiant.Bien sûr, nous étions ravis d'enfin obtenir une réponse de votre parti qui s'était muré dans un silence mortuaire depuis des mois à propos du dossier Inami. Néanmoins nous déplorons qu'il ait fallut vous torpiller dans la presse pour observer une réaction de votre part alors que nous attendions des explications depuis des mois et ce principalement après les différents évènements qui ont vu successivement par votre gouvernement se faire balayer les décisions de la commission de planification en même temps qu'un insidieux examen d'entrée se profilait.Il est un fait qu'il existe un véritable clivage, abyssal entre le monde étudiant et le monde politique à tel point qu'aujourd'hui la confiance que nous vous portons est au plus bas. Nous, étudiants en médecine en avons tout simplement ras-le-bol d'être les otages de manoeuvres politiques aussi fourbes qu'immorales qui mettent en péril la carrière passionnante pour laquelle nous devons nous battre de très nombreuses années. Perchés dans votre tour d'ivoire, vous semblez bien loin du terrain qui souffre et souffrira d'une politique déraisonnée qui nous mène vers une médecine à deux vitesse, véritable catastrophe pour l'avenir de nos soins de santé.J'aimerais revenir également sur l'aspect pédagogique qui n'est en réalité qu'un vrai problème pour la double cohorte pour laquelle nous avons eu plusieurs années de préparation, ce genre de décision ne se prenant pas du jour au lendemain. Il est admis qu'une pénurie existe et s'accroîtra ces prochaines années, en cause un nombre exponentiel de praticiens partant en retraite et une évolution de la profession. Face à ce constat, n'est-il pas préférable de mettre temporairement les moyens nécessaires à assurer une formation correcte à un nombre plus important d'étudiants afin de tamponner cette fameuse pénurie ? Quant à la sélection, ne serait-il pas plus objectif, compte-tenu du contexte actuel de prendre le temps d'en instaurer une si tant est que nous en ayons besoin qui soit à la fois rigoureuse sur le plan scientifique mais également juste socialement parlant, une sélection dynamique qui ne créera plus de pénurie et qui se calquera sur les besoins réels du terrain ? J'en appelle maintenant à l'homme de science qui sommeille en vous, vous qui avez lors de vos études du lire de nombreux articles scientifiques, pourquoi défendre bec et ongle un examen d'entrée que de nombreuses et très sérieuses études démontrent comme étant responsable de l'écartement d'un grand nombre de futurs médecins potentiels au profit de plus mauvais, en plus d'être une sélection sociale incapacitant l'université dans son rôle d'ascenseur social ? Je suis bien entendu tout disposé à partager avec vous l'ensemble de notre travail sur le sujet, étayé de nombreuses références de littérature scientifique. Enfin, le Cium ne tolère plus qu'une sélection en fin de parcours persiste, sélection récemment mise à mal par le conseil d'état qui a à plusieurs reprises dénoncé des quotas périmés et injustifiables. Sélection absurde, responsable de la pénurie de médecins que nous avons entrepris de combattre juridiquement.En espérant de votre part de vrais engagements vis-à-vis des francophones qui se sentent injustement lésés dans ce dossier en plus de ne plus se sentir défendus par son seul représentant au sein du gouvernement fédéral. Inutile de nous engager dans vos querelles stériles avec la gauche, nous, étudiants, ne souhaitons qu'avoir le droit d'exercer ce qui est à nos yeux le plus beau métier du monde.