L'initiative n'est pas neuve et, dans une politique d'accessibilité de la première ligne, répond parfaitement aux besoins de ménages en situation plus précaire. Mais les maisons médicales forfaitaires (MM) profitent également du soutien de l'Inami car l'administration-clé de la Sécu y voit un moyen de réduire ses dépenses. Selon le calcul généralement employé, 10.000 inscrits supplémentaires auprès des MM permettraient d'économiser 50.000 contacts-patients chaque année.
Or, selon les dernières statistiques validées par l'Inami dont le Journal du Médecin a pu prendre connaissance, la quantité de patients qui se sont engagés à fréquenter exclusivement une seule et même maison médicale a augmenté de 25.054 unités en 2015, pour atteindre 336.247 inscrits (+8%). Formulé autrement, cela signifie qu'environ 3% de la population ont recours à ces "maisons".
D'un point de vue infrastructurel, 11 nouvelles maisons médicales ont ouvert leurs portes l'année dernière, portant le nombre total à 151 centres sur l'ensemble du pays. Même si leur rythme de croissance reste irrégulier d'une année à l'autre, ces structures de soins continuent de proliférer. Leur taux d'expansion s'élève à 125% depuis 2005, où l'Inami n'en dénombrait "que" 67.
Poids financier
En 2015, l'Inami a dépassé son objectif budgétaire d'environ 1,18 million d'euros, en dépensant un total de 138,35 millions. Si l'on s'en tient aux simples honoraires de forfaits, englobant les prestations des médecins généralistes, des kinés et des infirmiers, les sommes allouées poursuivent ainsi leur courbe ascendante depuis dix ans. Passant de 32,4 millions d'euros en 2005 à 135,25 millions l'année dernière (+317%).
Notons que sur la décennie écoulée, la part qu'occupent les honoraires médicaux dans le montant global des MM a légèrement diminué, à 37,6% contre 38% auparavant. Tandis que, inversement, les frais infirmiers ont plus rapidement grossi pendant cet intervalle, à 37% l'année passée contre 33,6% en 2006.
Quant à la valeur des actes, le prix moyen de compensation pour les généralistes revenait en 2015 à 14,80 euros, contre 14,41 euros pour les infirmiers et 6,66 euros pour les kinés. Le prix "pluridisciplinaire" moyen se montait alors à 12,59 euros alors que, en 2006, il flirtait encore avec les 8 euros.
Le plan des maisons
Sous l'angle de la répartition géographique, on constate qu'il persiste d'énormes différences en ce qui concerne le nombre d'inscrits dans les maisons médicales. À l'échelle provinciale, à titre indicatif, celle d'Anvers affiche 16,4% de patients "fidèles", celle du Hainaut 11,85%, Liège 9,27% et Bruxelles-capitale 8,98%.
Pour affiner l'analyse, et évaluer les prestations dans les MM en se limitant par exemple aux forfaits médicaux, la région bruxelloise se démarque avec 37,08% des forfaits, suivie de la province liégeoise (20,87%) et de la Flandre orientale (12,68%).
Sociologie des soins
Les maisons médicales attirent habituellement plus de bénéficiaires de l'intervention majorée (BIM). Si 17% de la population belge couverte par l'assurance maladie y ont droit, 43% des patients inscrits en MM en étaient bénéficiaires en 2015. Une proportion qui s'élargit aussi puisqu'elle atteignait 36% en 2009, indique l'aperçu standardisé des dépenses de l'Inami.
Relevons enfin dans la comptabilité de l'Inami que la population inscrite en maison médicale reste relativement jeune. Un généraliste y est amené à rencontrer essentiellement des patients âgés de moins de 50 ans (75,9%).
Et parmi cette catégorie, les moins de 19 ans demeurent les plus nombreux, à hauteur de 1,32 million (33%).