Responsable au sein de la task force fédérale "opérationnalisation de la stratégie de vaccination" de la communication et du débat sociétal, le Dr Yvon Englert explique au jdM comment il compte collaborer avec le corps médical pour promouvoir la vaccination auprès de la population. Ce lundi, le délégué général Covid de la Wallonie a déjà rencontré les représentants du Collège de médecine générale.
Le journal du Médecin: Quel est votre mission au sein du groupe de travail "opérationnalisation de la stratégie de vaccination"?
Dr Yvon Englert: On m'a proposé de diriger la cellule chargée de la communication et du débat sociétal. Si nous voulons réussir notre campagne de communication, il est essentiel pour moi de toucher l'ensemble des métiers de la santé: les médecins généralistes, les infirmières, les pharmaciens, le personnel hospitalier... Il faut, en priorité, faire monter les médecins traitants à bord. Ils sont de véritables références pour leurs patients, tout comme d'autres professionnels de la santé. Pour des malades chroniques (diabétiques, hypertendus...), d'autres professionnels que les médecins généralistes pourraient être impliqués.
Les médecins recevront-ils rapidement des informations de la task force "opérationnalisation" pour pouvoir alimenter le dialogue avec leurs patients au sujet de la vaccination contre le Covid-19?
J'ai déjà eu une réunion avec des représentants du Collège de médecine générale ce lundi, avec ma casquette de délégué général Covid de la Région wallonne. Au sein de la task force fédérale, nous sommes tous convaincus qu'informer suffisamment les médecins généralistes sur la vaccination est un élément-clé pour la réussite de cette campagne de vaccination. Ce principe est acquis. La question est de savoir comment le faire. Pour informer, nous allons organiser des approches multiples, dont chaque semaine une conférence avec des experts. Elle sera ouverte aux médecins et à la presse, ensemble ou séparément. Nous devons encore le déterminer. Celle que nous avons organisée samedi dernier a été très stimulante et utile. A répéter absolument.
Deuxièmement, nous allons mobiliser une série d'intervenants qui peuvent dialoguer avec les médecins de la première ligne. Je pense aux cercles de la médecine générale, à la SSMG, les syndicats médicaux... Ces structures intermédiaires doivent être mobilisées pour atteindre un objectif de santé publique. Il faut leur donner des outils. Nous allons, par exemple, proposer rapidement des questions/réponses fréquentes pour les professionnels et les patients, une documentation sur les types de vaccins, et faire évoluer ces informations avec les nouvelles données qui vont s'accumuler rapidement.
Comment informer les patients qui sont réticents vis-à-vis de la vaccination?
D'abord, cette attitude doit être respectée. Il ne faut pas mépriser l'hésitation vaccinale ou prendre les gens pour des imbéciles. Il faut pouvoir dialoguer à ce sujet. Je pense que tous les médecins seront d'accord, pour peu que nous disposions des produits pharmaceutiques de la qualité nécessaire, que la vaccination est la voie royale pour sortir de cette épidémie. Je n'en vois pas d'autres. Nous ne sommes pas en Chine où les autorités peuvent enfermer les citoyens chez eux durant deux à trois mois et organiser un dépistage obligatoire. Cette stratégie ne correspond pas à nos valeurs. Actuellement, nous avons dans le pipeline pour la Belgique cinq vaccins (lire en page 2). Il y en aura d'autres dans les prochains mois. Il faut encore clarifier un point important: leur impact sur la contagiosité. On sait déjà, par quelques publications et des données partielles des essais cliniques que la protection qu'offrent certains de ces vaccins est remarquable pour les personnes âgées, qui sont particulièrement exposées au virus. Même si le vaccin n'avait aucun effet sur la contagiosité, son utilité est difficilement contestable pour cette partie de la population. Il est essentiel de discuter avec les médecins de leur hésitation vaccinale et de celle de leurs patients.
Les patients posent déjà des questions aux médecins généralistes sur la vaccination anti-Covid, mais on ne sait pas encore très bien quand ces vaccins seront disponibles puisque leur livraison dépend de la décision de l'Agence européenne du médicament. Ne risque-t-il pas d'y avoir une démobilisation des patients durant cette période?
En effet, les questions arrivent déjà maintenant. Cette semaine, nous avons déjà pris une série d'initiatives pour répondre aux interrogations des patients et fournir un maximum d'informations aux médecins généralistes. Jusqu'à présent, durant cette crise, les messages ont été durs mais assez simples, assez "binaires": restez chez vous entre 22 h et 6 h, portez un masque... Pour la vaccination, nous changeons complètement de paradigme: nous sommes dans un dialogue. En ayant décidé que la vaccination serait volontaire et gratuite, le monde politique a répondu aux questions essentielles avant que le débat ne s'ouvre. Ce qui est maintenant au centre des enjeux, c'est de convaincre, tout en reconnaissant et respectant les hésitations, mais aussi en valorisant ceux qui ont décidé de se faire vacciner. Se faire vacciner est faire preuve de confiance dans la science médicale et poser un geste citoyen à l'égard des autres. En se protégeant par la vaccination, au minimum le citoyen libère de la place à l'hôpital pour les patients Covid et pour les patients non-Covid qui ne peuvent plus s'y rendre depuis neuf mois en raison de la pression incroyable qu'exerce la crise sur notre système de santé.
Les prestataires de soins peuvent être des influenceurs positifs. Pensez-vous utile de faire appel à des personnalités pour convaincre la population? En Angleterre, par exemple, la presse a médiatisé largement le fait que la reine a déjà été vaccinée contre le Covid.
Je ne suis pas spécialement un fan des actions "people". Mais cela joue certainement un rôle. Nous le ferons. Il est plus important pour le patient de savoir ce que son médecin pense de la vaccination que ce qu'en pense la reine d'Angleterre. Ce serait beaucoup plus problématique pour la vaccination, si la reine avait déclaré qu'elle ne voulait pas se faire vacciner. Les médecins qui vont décider de se faire vacciner seront des exemples pour leurs patients.
Débat sociétal
Vous êtes également chargé du débat sociétal sur la vaccination. Pouvez-vous préciser cette approche?
L'objectif est de dialoguer d'égal à égal avec des groupes de personnes. Nous ne pouvons évidemment pas dialoguer avec chaque citoyen mais bien avec des panels qui expriment leurs soucis, leurs craintes, leurs freins... A partir de ce travail, nous pouvons construire deux choses: la compréhension des problèmes qui se posent et voir comment, avec eux et pas "top-down", nous pouvons construire les solutions pour répondre aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Mon ambition est de pouvoir, pour la mi-décembre, faire une série de propositions aux décideurs politiques. Les responsables du Fédéral et des entités fédérées verront ensuite s'ils suivent notre approche.
Le journal du Médecin: Quel est votre mission au sein du groupe de travail "opérationnalisation de la stratégie de vaccination"? Dr Yvon Englert: On m'a proposé de diriger la cellule chargée de la communication et du débat sociétal. Si nous voulons réussir notre campagne de communication, il est essentiel pour moi de toucher l'ensemble des métiers de la santé: les médecins généralistes, les infirmières, les pharmaciens, le personnel hospitalier... Il faut, en priorité, faire monter les médecins traitants à bord. Ils sont de véritables références pour leurs patients, tout comme d'autres professionnels de la santé. Pour des malades chroniques (diabétiques, hypertendus...), d'autres professionnels que les médecins généralistes pourraient être impliqués. Les médecins recevront-ils rapidement des informations de la task force "opérationnalisation" pour pouvoir alimenter le dialogue avec leurs patients au sujet de la vaccination contre le Covid-19? J'ai déjà eu une réunion avec des représentants du Collège de médecine générale ce lundi, avec ma casquette de délégué général Covid de la Région wallonne. Au sein de la task force fédérale, nous sommes tous convaincus qu'informer suffisamment les médecins généralistes sur la vaccination est un élément-clé pour la réussite de cette campagne de vaccination. Ce principe est acquis. La question est de savoir comment le faire. Pour informer, nous allons organiser des approches multiples, dont chaque semaine une conférence avec des experts. Elle sera ouverte aux médecins et à la presse, ensemble ou séparément. Nous devons encore le déterminer. Celle que nous avons organisée samedi dernier a été très stimulante et utile. A répéter absolument. Deuxièmement, nous allons mobiliser une série d'intervenants qui peuvent dialoguer avec les médecins de la première ligne. Je pense aux cercles de la médecine générale, à la SSMG, les syndicats médicaux... Ces structures intermédiaires doivent être mobilisées pour atteindre un objectif de santé publique. Il faut leur donner des outils. Nous allons, par exemple, proposer rapidement des questions/réponses fréquentes pour les professionnels et les patients, une documentation sur les types de vaccins, et faire évoluer ces informations avec les nouvelles données qui vont s'accumuler rapidement. Comment informer les patients qui sont réticents vis-à-vis de la vaccination? D'abord, cette attitude doit être respectée. Il ne faut pas mépriser l'hésitation vaccinale ou prendre les gens pour des imbéciles. Il faut pouvoir dialoguer à ce sujet. Je pense que tous les médecins seront d'accord, pour peu que nous disposions des produits pharmaceutiques de la qualité nécessaire, que la vaccination est la voie royale pour sortir de cette épidémie. Je n'en vois pas d'autres. Nous ne sommes pas en Chine où les autorités peuvent enfermer les citoyens chez eux durant deux à trois mois et organiser un dépistage obligatoire. Cette stratégie ne correspond pas à nos valeurs. Actuellement, nous avons dans le pipeline pour la Belgique cinq vaccins (lire en page 2). Il y en aura d'autres dans les prochains mois. Il faut encore clarifier un point important: leur impact sur la contagiosité. On sait déjà, par quelques publications et des données partielles des essais cliniques que la protection qu'offrent certains de ces vaccins est remarquable pour les personnes âgées, qui sont particulièrement exposées au virus. Même si le vaccin n'avait aucun effet sur la contagiosité, son utilité est difficilement contestable pour cette partie de la population. Il est essentiel de discuter avec les médecins de leur hésitation vaccinale et de celle de leurs patients. Les patients posent déjà des questions aux médecins généralistes sur la vaccination anti-Covid, mais on ne sait pas encore très bien quand ces vaccins seront disponibles puisque leur livraison dépend de la décision de l'Agence européenne du médicament. Ne risque-t-il pas d'y avoir une démobilisation des patients durant cette période? En effet, les questions arrivent déjà maintenant. Cette semaine, nous avons déjà pris une série d'initiatives pour répondre aux interrogations des patients et fournir un maximum d'informations aux médecins généralistes. Jusqu'à présent, durant cette crise, les messages ont été durs mais assez simples, assez "binaires": restez chez vous entre 22 h et 6 h, portez un masque... Pour la vaccination, nous changeons complètement de paradigme: nous sommes dans un dialogue. En ayant décidé que la vaccination serait volontaire et gratuite, le monde politique a répondu aux questions essentielles avant que le débat ne s'ouvre. Ce qui est maintenant au centre des enjeux, c'est de convaincre, tout en reconnaissant et respectant les hésitations, mais aussi en valorisant ceux qui ont décidé de se faire vacciner. Se faire vacciner est faire preuve de confiance dans la science médicale et poser un geste citoyen à l'égard des autres. En se protégeant par la vaccination, au minimum le citoyen libère de la place à l'hôpital pour les patients Covid et pour les patients non-Covid qui ne peuvent plus s'y rendre depuis neuf mois en raison de la pression incroyable qu'exerce la crise sur notre système de santé. Les prestataires de soins peuvent être des influenceurs positifs. Pensez-vous utile de faire appel à des personnalités pour convaincre la population? En Angleterre, par exemple, la presse a médiatisé largement le fait que la reine a déjà été vaccinée contre le Covid. Je ne suis pas spécialement un fan des actions "people". Mais cela joue certainement un rôle. Nous le ferons. Il est plus important pour le patient de savoir ce que son médecin pense de la vaccination que ce qu'en pense la reine d'Angleterre. Ce serait beaucoup plus problématique pour la vaccination, si la reine avait déclaré qu'elle ne voulait pas se faire vacciner. Les médecins qui vont décider de se faire vacciner seront des exemples pour leurs patients. Vous êtes également chargé du débat sociétal sur la vaccination. Pouvez-vous préciser cette approche? L'objectif est de dialoguer d'égal à égal avec des groupes de personnes. Nous ne pouvons évidemment pas dialoguer avec chaque citoyen mais bien avec des panels qui expriment leurs soucis, leurs craintes, leurs freins... A partir de ce travail, nous pouvons construire deux choses: la compréhension des problèmes qui se posent et voir comment, avec eux et pas "top-down", nous pouvons construire les solutions pour répondre aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Mon ambition est de pouvoir, pour la mi-décembre, faire une série de propositions aux décideurs politiques. Les responsables du Fédéral et des entités fédérées verront ensuite s'ils suivent notre approche.