L'association " Femmes en milieu rural " a publié récemment une étude sur le ressenti des Wallons en milieu rural quant à leur état de santé " médicale " mais aussi physique, mentale et sociale. Ce sondage a été réalisé sous forme de discussion de groupes auprès d'une majorité de femmes mais aussi de quelques hommes d'une moyenne d'âge de 67 ans.
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Souvent lorsqu'on évoque la santé (en milieu rural en Wallonie), ce sont des images négatives de maladies et d'opérations qui viennent en tête. Par rapport à l'état de santé général, les gens ont tendance à se sentir en forme même quand ils ne le sont pas forcément. Mais tant que la maladie n'est pas un obstacle pour leur quotidien, la santé n'est pas déterminante. La santé du médecin traitant occupe également une place importante.Le mot médicament revient souvent dans la bouche des participants quand ils pensent à la santé, et la médication est souvent le reflet d'un mauvais état de santé. Mais le médicament peut être perçu comme la source même du mauvais état de santé, de par ses effets ou sa quantité. L'intervention médicale, quant à elle, n'est pas perçue de manière négative ni comme un indicateur de mauvaise santé mais comme un passage obligé de la vie. S'est ensuite posée la question de la santé physique. Le lien entre santé médicale et physique est indéniable est bien intégré par les personnes sondées. Pratiquer une activité physique tout au long de sa vie comporte de nombreux avantages. Ici aussi, on retrouve la même perception que pour la santé médicale ; tant que la santé physique n'entrave pas les activités quotidiennes, les participants ont une perception positive de leur état de santé. Autrement dit, tant qu'on peut encore marcher, " ça va ". Bouger, et ne pas se laisser aller, sont des notions bien ancrées chez les participants, qui ne veulent pas tomber dans le handicap ou la dépendance. Le refus d'être dépendant est très présent, et l'idée de se faire aider qui revient à se montrer faible est encore très présente dans les groupes rencontrés. Et donc, derrière la peur du handicap et de la dépendance, se cache un troisième indicateur de la santé physique, l'inactivité. L'activité physique est liée à l'état de santé mentale. Comme l'ont montré de nombreuses études, le fait de faire de l'exercice réduit entre autres l'état d'anxiété. Avoir le moral constitue un des éléments clés d'une bonne santé. " Ca va, on fait aller ", une expression couramment entendue est d'autant mieux comprise. " Faire aller ", demande une certaine volonté, celle de ne pas se laisser aller. " Quand on veut, on peut ", un adage très présent également dans les groupes rencontrés, montre à quel point la forme physique dépend aussi du mental. Beaucoup acceptent néanmoins les limites du corps. Même si l'impact de l'alimentation sur la santé est entré dans les moeurs, pour beaucoup la nourriture est là non pour soigner et limiter les pathologies, mais bien davantage pour " faire avancer la machine ". De nombreux participants se plaignent des restrictions alimentaires qui leur sont imposées. Or selon eux, l'alimentation doit rester avant tout une source de plaisir et de réconfort. Souvent procurée par des aliments trop gras, riches, sucrés, salés, la recherche de l'équilibre moral se trouve être aussi importante qu'une bonne santé médicale. Dès lors, se crée le dilemme entre le respect absolu de sa santé médicale et l'écoute des besoins de sa santé mentale. Un dilemme souvent résolu par l'adage : " il n'y a pas de mal à se faire du bien ! " En Belgique francophone, selon les chiffres officiels, une femme sur sept et un homme sur 17 avouent être dans un état permanent d'anxiété ou dépressif. L'état de santé étant le sujet le plus générateur d'angoisse, d'autres causes de ces états dépressifs ont été révélées comme le temps qui passe, les rythmes de vie effrénés, et puis les questions physiologiques : le manque d'énergie et la fatigue. Pour faire face à la dépression, les participants expliquent avoir recours à la lecture, la peinture ou la cuisine. Ils se connectent aussi à la nature ou cherchent à donner un sens à leur vie grâce à la spiritualité et au bénévolat. Car tisser des liens est primordial pour rester en bonne santé. Les bienfaits des interactions sociales sur la santé mentale est non négligeable et avoir un bon réseau social diminue les risques de démence. Or résister à la solitude nécessite de ne pas rester enfermé chez soi, ce qui n'est pas évident pour tout le monde. La famille est aussi au coeur de la santé sociale ; beaucoup de participants témoignent que les petits enfants sont un moteur de bien-être, par exemple. Cependant, la famille ne rime pas toujours avec bonheur, elle peut aussi être source de stress, d'angoisse et de déchirements avec des conséquences dévastatrices sur le moral. Au-delà de la résilience individuelle, un soutien extérieur est nécessaire. Un entourage bienveillant et solide est source d'une bonne santé mentale. Le contact social est essentiel pour contrecarrer la solitude et l'inexistence de tissu social qui peut engendrer de graves problèmes de santé mentale. De cette étude est née une réflexion sur les mesures que le gouvernement pourrait mettre en place pour répondre aux enjeux du vieillissement de la population en Wallonie. Car l'association " femmes en milieu rural " dénonce un manque d'investissement dans la santé mentale, physique et sociale de ces personnes, au niveau gouvernemental. Elle souhaiterait la reprise du dossier dans le prolongement de la réflexion initiée par l' " assurance autonomie ", et souhaiterait voir s'intégrer de manière systématique des services de santé mentale et sociale dans les projets transversaux comme les Villes Amies des Ainées (VADA). Des VADA qui pourraient d'ailleurs être déclinées en milieu rural.