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"La pleine conscience a été mise en place en 1979 par Jon Kabat-Zinn, un docteur en biologie moléculaire. Il s'est inspiré de ces pratiques de méditation bouddhiste pour en retirer toutes les connotations religieuses et spirituelles qui y sont associées. Il a créé un programme totalement laïc accessible à chacun d'entre nous", explique le Dr Bensliman, pneumologue diplômée du certificat universitaire à la pleine conscience (mindfulness-ULB) et en Coaching Santé (UCL). "La réduction du stress basée sur la pleine conscience (MBSR) est un programme d'entraînement à la méditation. L'objectif n'est pas de s'enfermer dans une bulle ou de passer son temps à réfléchir sur soi. La mindfulness vise à porter intentionnellement son attention, sans jugement, sur l'expérience qui se déploie dans l'instant présent, moment après moment. Dès 1979, ce programme a été proposé à des patients qui leur maladie faisait souffrir. Il a très bien fonctionné. Aujourd'hui, un grand nombre d'hôpitaux proposent cette approche aux Etats-Unis. La pleine conscience est enseignée dans certaines facultés de médecine." De nombreux articles scientifiques ont été publiés à ce sujet. Au début, les échantillons étaient réduits. "Aujourd'hui, nous disposons d'études pertinentes, randomisées et contrôlées(1). Elles confirment les bénéfices de cette approche", avance la pneumologue.Le Dr Bensliman propose cette formation à la pleine conscience aux patients chroniques, aux aidants proches, aux personnes qui peuvent être dépassées par le stress de la vie quotidienne et/ou professionnelle et aux prestataires de soins. Les séances sont collectives, organisées à un rythme hebdomadaire durant 8 semaines et d'une journée entière entre les 6e et 7e semaines. Chaque séance dure 2h30. "C'est le temps nécessaire pour pouvoir accompagner les personnes dans cet apprentissage progressif et leur proposer des pratiques de méditation (assis, couché et en mouvement) et du yoga", explique le Dr Bensliman. "Nous cultivons des attitudes qui fondent véritablement la pleine conscience : le non-jugement, la patience et la confiance."En dehors des séances collectives, il est demandé aux participants d'effectuer un travail individuel à domicile, essentiel pour les apprentissages. Cette formation demande un engagement et une certaine discipline. Une séance d'information permet aux participants de comprendre les objectifs et l'organisation de cette formation avant de l'entamer. Le programme s'articule en quatre grandes phases. "Les participants vont d'abord apprendre à stabiliser leur attention. Elle est souvent dispersée parce qu'on nous demande de faire plusieurs choses en même temps. Au début du programme, la personne va focaliser son attention sur l'instant présent avec un objet particulier, par exemple, son corps ou sa respiration", explique la pneumologue. "Durant cette période, le participant va observer son esprit qui vagabonde. Souvent, ces 'ruminations' nous coupent de l'instant présent. Travailler sur l'attention peut être bénéfique dans le cadre de la relation thérapeutique entre le patient et le médecin. Ensuite, les participants vont prendre conscience de leur corps. Ces exercices permettent aussi de reconnaître et d'identifier les émotions. Le troisième mécanisme d'action est la régulation des émotions, celles qui sont agréables et les autres. Cet équilibre émotionnel est fort important pour les soignants, confrontés parfois à des situations difficiles dans lesquelles les pronostics vitaux sont engagés. Le 4e axe de ce programme est le changement de rapport avec soi. Le participant parvient à développer ses capacités métacognitives et peut dès lors se détacher de ses propres pensées et prendre du recul. Il est capable de ne pas voir uniquement la réalité par ses propres filtres, forcément réducteurs. On provoque de cette façon des phénomènes de reperception." Saïda Bensliman est convaincue que la pratique méditative permet aux prestataires de soins de mieux faire face aux situations stressantes de leur vie professionnelle, de prévenir l'usure compassionnelle et le burn-out. "Par ailleurs, il a été démontré que lorsque des étudiants en médecine suivent un programme de pleine conscience, leur attention et leur discernement sont améliorés. Ainsi que les qualités humaines : l'écoute, l'empathie. Leurs décisions sont également plus pertinentes." Ambassadrice de la pleine conscience au sein des Hôpitaux Iris-Sud, le Dr Bensliman a l'intention de convaincre ses confrères de l'utilité de la MBSR.En tant que pneumologue, le Dr Bensliman estime que la pleine conscience permet de soulager des patients qui ne parviennent pas à vivre "confortablement" malgré les traitements classiques. (1)Holzel, B., Lazar, S., Gard, T., Schuman-Olivier, Z., Vago, D., Ott, U.(2011). How does Mindfulness Meditation work? Proposing mechanisms of action from a conceptual and neural perspective. Perspectives on Psychological Science 2011; 6 (6), 537-559.Renseignements complémentaires : 02/348.55.67 ou 02/348.56.45 email : sbensliman@his-izz.be. Deux cycles commenceront les 6 mars (en soirée) et 8 mars (en journée).