La réforme sur la table prétend régler la problématique des malades de longue durée en s'attaquant aux victimes et non aux causes du problème : les conditions de travail.

Un gouvernement de pompiers pyromanes

La Belgique compte aujourd'hui plus de 500.000 personnes en incapacité de travail de longue durée. Selon l'Inami, 37% des cas sont liés à des troubles de santé mentale et 32% à des troubles musculosquelettiques, souvent liés aux conditions de travail. En outre, 63% des malades ont plus de 50 ans et 22% plus de 60 ans.

Différentes études démontrent que la hausse des maladies de longue durée est corrélée aux conditions de travail qui se dégradent et aux politiques, notamment en matière de pension.

Le gouvernement adopte dans ce dossier une posture de "pompier-pyromane" : après avoir craqué l'allumette avec une réforme du marché du travail qui dégrade les conditions de travail et allonge les carrières (flexi-jobs, heures supplémentaires, pension plus tardive), il prétend éteindre l'incendie en pointant du doigt les malades.

Sanctionner les malades : une mesure qui ne rapporte rien

Le gouvernement resserre davantage la vis sur les malades, en augmentant les sanctions de 2,5% à 10% sur le montant de leurs indemnités. En 2024, chez Solidaris, les mesures de responsabilisation des malades n'ont concerné que 40 affiliés, dans tout le pays. Or, l'Arizona prétend que cette mesure (qui va concerner quelques centaines de personnes en Belgique) rapportera 74 millions d'euros. Pour Solidaris, ce gain d'efficience n'est pas crédible.

Supprimer la présomption légale d'incapacité : une mesure paradoxale

La réforme actuelle vise à supprimer la présomption légale d'incapacité pour les malades intégrés dans un parcours de réinsertion professionnelle (donc en formation pour retrouver un nouvel emploi).

Plutôt que d'inciter et de protéger les malades qui se réorientent professionnellement, le gouvernement préfère les exclure des mécanismes de protection sociale et donc d'un potentiel retour à l'emploi.

Raccourcissement du délai de rechute : un cadeau pour les employeurs et une perte sèche pour les travailleurs malades

Si le travailleur revient au travail et qu'il retombe malade, pour pouvoir bénéficier du salaire garanti, il devra avoir été au travail au minimum huit semaines et non plus deux comme c'était le cas jusqu'à présent.

Cette mesure va occasionner une perte sèche pour le travailleur qui ne touchera plus qu'une indemnité de 60% de son salaire à la place d'un salaire complet versé par son employeur. Cette mesure va coûter plus de 166 millions d'euros supplémentaires au budget des indemnités et risque d'être contre-productive en déresponsabilisant les employeurs par rapport à un accompagnement qualitatif des travailleurs malades.

Augmenter la responsabilisation des mutualités : une mesure inefficace et contre-productive

Le gouvernement souhaite que les mutualités intensifient les contrôles et la vitesse des trajets de retour au travail. Il prévoit, dans ce cadre, d'augmenter de 2,5% à 15% la part du financement octroyé aux mutualités, liée à des critères de performance et de productivité à l'horizon 2029.

Il faut avoir conscience qu'aujourd'hui les mutualités sont largement surchargées. En Belgique, on ne compte que 90 ETP pour les coordinateurs de retour au travail et 198 ETP médecins-conseils (en 2022-2023) dont les missions ne se limitent pas au suivi des 526.000 malades. Solidaris n'a d'ailleurs pas attendu le gouvernement pour investir, dans l'accompagnement des malades de longue durée.

Cette logique productiviste risque de pousser les mutualités à privilégier le quantitatif au détriment de la qualité de l'accompagnement des malades.

Le vrai défi n'est pas de sanctionner les malades, mais d'améliorer le travail

Le lien entre travail et maladie est indéniable. Solidaris plaide pour qu'une attention toute particulière soit accordée aux conditions de travail et aux mesures de prévention dans l'emploi. Pour Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris : "La grande majorité des personnes en incapacité souhaitent reprendre le travail. Mais pour que cela soit possible, c'est le travail qui doit s'adapter à l'humain, et non l'inverse. J'appelle à ce que cette réforme n'ait pas pour conséquence de détourner le débat public des causes fondamentales de l'explosion des malades de longue durée : la détérioration des conditions de travail, la flexibilisation de l'emploi et l'allongement des carrières."

La réforme sur la table prétend régler la problématique des malades de longue durée en s'attaquant aux victimes et non aux causes du problème : les conditions de travail.La Belgique compte aujourd'hui plus de 500.000 personnes en incapacité de travail de longue durée. Selon l'Inami, 37% des cas sont liés à des troubles de santé mentale et 32% à des troubles musculosquelettiques, souvent liés aux conditions de travail. En outre, 63% des malades ont plus de 50 ans et 22% plus de 60 ans.Différentes études démontrent que la hausse des maladies de longue durée est corrélée aux conditions de travail qui se dégradent et aux politiques, notamment en matière de pension.Le gouvernement adopte dans ce dossier une posture de "pompier-pyromane" : après avoir craqué l'allumette avec une réforme du marché du travail qui dégrade les conditions de travail et allonge les carrières (flexi-jobs, heures supplémentaires, pension plus tardive), il prétend éteindre l'incendie en pointant du doigt les malades. Le gouvernement resserre davantage la vis sur les malades, en augmentant les sanctions de 2,5% à 10% sur le montant de leurs indemnités. En 2024, chez Solidaris, les mesures de responsabilisation des malades n'ont concerné que 40 affiliés, dans tout le pays. Or, l'Arizona prétend que cette mesure (qui va concerner quelques centaines de personnes en Belgique) rapportera 74 millions d'euros. Pour Solidaris, ce gain d'efficience n'est pas crédible. La réforme actuelle vise à supprimer la présomption légale d'incapacité pour les malades intégrés dans un parcours de réinsertion professionnelle (donc en formation pour retrouver un nouvel emploi).Plutôt que d'inciter et de protéger les malades qui se réorientent professionnellement, le gouvernement préfère les exclure des mécanismes de protection sociale et donc d'un potentiel retour à l'emploi. Si le travailleur revient au travail et qu'il retombe malade, pour pouvoir bénéficier du salaire garanti, il devra avoir été au travail au minimum huit semaines et non plus deux comme c'était le cas jusqu'à présent. Cette mesure va occasionner une perte sèche pour le travailleur qui ne touchera plus qu'une indemnité de 60% de son salaire à la place d'un salaire complet versé par son employeur. Cette mesure va coûter plus de 166 millions d'euros supplémentaires au budget des indemnités et risque d'être contre-productive en déresponsabilisant les employeurs par rapport à un accompagnement qualitatif des travailleurs malades. Le gouvernement souhaite que les mutualités intensifient les contrôles et la vitesse des trajets de retour au travail. Il prévoit, dans ce cadre, d'augmenter de 2,5% à 15% la part du financement octroyé aux mutualités, liée à des critères de performance et de productivité à l'horizon 2029. Il faut avoir conscience qu'aujourd'hui les mutualités sont largement surchargées. En Belgique, on ne compte que 90 ETP pour les coordinateurs de retour au travail et 198 ETP médecins-conseils (en 2022-2023) dont les missions ne se limitent pas au suivi des 526.000 malades. Solidaris n'a d'ailleurs pas attendu le gouvernement pour investir, dans l'accompagnement des malades de longue durée.Cette logique productiviste risque de pousser les mutualités à privilégier le quantitatif au détriment de la qualité de l'accompagnement des malades. Le lien entre travail et maladie est indéniable. Solidaris plaide pour qu'une attention toute particulière soit accordée aux conditions de travail et aux mesures de prévention dans l'emploi. Pour Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris : "La grande majorité des personnes en incapacité souhaitent reprendre le travail. Mais pour que cela soit possible, c'est le travail qui doit s'adapter à l'humain, et non l'inverse. J'appelle à ce que cette réforme n'ait pas pour conséquence de détourner le débat public des causes fondamentales de l'explosion des malades de longue durée : la détérioration des conditions de travail, la flexibilisation de l'emploi et l'allongement des carrières."