L'initiative est signée par la Plateforme pour l'amélioration continue de la qualité des soins et la sécurité des patients (Paqs). L'asbl propose cinq axes prioritaires : la formation des professionnels, le développement et le renforcement de la culture de sécurité, les mesures et indicateurs, les normes de sécurité et l'implication des patients et de leur famille.
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La première Journée mondiale de la sécurité des patients s'est tenue le 17 septembre. L'occasion pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de rappeler que dans un le monde, les événements indésirable (EI) seraient - ce sont des estimations - responsables de 2,6 millions de morts par an, ce qui fait entrer les EI dans le cénacle peu recommandable des dix principales causes de décès dans le monde.Les hospitalisations compteraient 10% d'EI, dont 50% potentiellement évitables. Pour les hôpitaux de l'OCDE, ces EI représentent environ 15% des dépenses. Si les études se focalisent essentiellement sur le monde hospitalier, certaines commencent à s'intéresser à ce qui gravite autour. En MR et MRS par exemple, le taux d'EI s'élève à 20 à 30%. En soins de santé primaires et ambulatoires, quatre patients sur dix sont victimes d'EI, alors que 80% d'entre eux sont jugées évitables." En Belgique, on a un problème de chiffres ", explique d'emblée Denis Herbaux, CEO de la Paqs. " On n'a pas d'études réalisées pour avoir une idée de l'incidence exacte des EI, de leur gravité, de leur type. Pour l'instant, on se base beaucoup sur ce qui se fait à l'étranger, partant du principe que ce qui est étudié dans en environnement similaire est applicable à la Belgique. Mais nous manquons cruellement de chiffres. "Une des recommandations que la Paqs fera aux nouveaux ministres régionaux tant à Wallonie qu'à Bruxelles : réaliser ce type d'études. " On ne demande pas d'en faire une tous les six mois, mais bien de faire une large étude pour avoir une idée plus précise du nombre d'événements indésirables. Cela permettra de mieux orienter les politiques. "La Paqs est née il y a cinq ans. L'asbl a constaté un changement d'approche sur ce court laps de temps, du spécifique vers le systémique. " C'est un processus qui prend du temps, et qui se fera sur base d'une adhésion et non d'une obligation ", commente Jean Hermesse, secrétaire général des Mutualités chrétiennes. " Tout le monde sortira gagnant de ce changement de culture. " Et Denis Herbaux d'ajouter : " Ce changement de paradigme induit un changement d'outils de mesure et de démarches qualité, se basant aujourd'hui davantage sur l'accréditation. "L'occasion justement pour la Paqs de faire l'état des lieux de l'accréditation. En octobre 2018, 57% des hôpitaux aigus étaient accrédités ou en cours d'accréditation. La Wallonie fait un peu mieux avec un taux de 74%.Depuis fin 2017, la Paqs travaille avec l'ensemble du secteur à l'élaboration d'une stratégie régionale pour améliorer la sécurité des patients. " Beaucoup d'initiatives ont été prises au niveau fédéral et dans les institutions, mais il n'y a pas encore eu de stratégie globale, cohérente sur un territoire donné ", analyse Denis Herbaux. Un état des lieux et des propositions concrètes d'amélioration pérennes sont attendues sur la table des gouvernements par le biais du livre mauve. " C'est en voie de finalisation. Les grandes lignes seront remises aux ministres lors de notre congrès du 3 octobre. L'ensemble de la stratégie sera finalisée dans les semaines qui suivent. "Cette stratégie a été reprise par la déclaration de politique régionale wallonne (DPR). Un motif de satisfaction évident pour l'ASBL. " C'est une première. Des politiques vont s'appuyer sur des recommandations pour mener une politique qualité. C'est très positif ", relate, sans surprise, le Dr Yolande Husden, médecin-conseil auprès de Solidaris.La stratégie régionale s'articule autour de cinq axes principaux : la formation des professionnels, la gestion des EI, les indicateurs, les normes de sécurité et l'implication des patients et de la famille.La formation des professionnels est une des clés de voûte de la sécurité des patients. " Selon l'enquête que nous avons menée, 50% des médecins répondants n'ont pas eu de notions de qualité et de sécurité systémique dans leur formation de base. C'est un problème important pour développer une culture de sécurité. " Plusieurs propositions concrètes seront lancées, dont une plateforme d'e-learning destinée à renforcer la formation continue en matière d'amélioration continue. La plateforme est attendue début octobre 2019.