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L'étude met en lumière une série de dérives préoccupantes : manque de transparence, non-respect de la législation, et commercialisation de la santé. Dans un contexte de pressions financières croissantes sur les hôpitaux, ces pratiques révèlent un glissement inquiétant : le patient devient un client à qui l'on fait payer deux fois. Solidaris insiste : " Nous comprenons que des coûts réels puissent être imputés, mais nous refusons toute logique de profit sur le dos des patients. "Depuis 2004, la loi impose aux hôpitaux belges de publier en ligne la liste des prix des biens et services non couverts par l'assurance maladie. Pourtant, 26 hôpitaux sur 92 ne respectent toujours pas cette obligation. Les contrevenants se situent majoritairement en Wallonie et à Bruxelles, où près d'un établissement sur deux fait défaut, contre un sur dix seulement en Flandre.Même lorsque les listes sont disponibles, elles sont souvent rédigées dans un jargon médical ou administratif peu lisible pour le grand public, avec des informations vagues, des abréviations obscures, et des références à des marques commerciales sans explication. Le patient, censé faire des choix éclairés, reste donc dans le brouillard.L'étude a recensé les 28 types de matériel les plus souvent facturés aux patients : brosses à dents, peignes, thermomètres, bouteilles d'eau, crèmes, serviettes, vêtements, etc. Pour ces objets, les écarts de prix entre hôpitaux sont parfois absurdes : une paire de compresses peut coûter de 0,74 à 7 euros, une brosse à dents de 0,50 à 5 euros. Certaines facturations relèvent même du délire : 100 euros pour une nuitée en "rooming-in", 17 euros pour du shampooing, 32 euros pour une poche de froid. Dans bien des cas, ces objets sont fournis sans qu'on en informe clairement le patient, ou sans lui laisser le choix de les refuser.Pire : 25 hôpitaux (soit 28 % de ceux qui publient une liste) facturent des matériels qui ne peuvent pas l'être légalement. Il s'agit notamment de seringues, cathéters, aiguilles, bandes de contention ou matériel de suture, déjà remboursés par l'assurance obligatoire via le budget des moyens financiers (BMF). Les hôpitaux perçoivent donc une double rémunération, en violation des lois et arrêts de la Cour de cassation.D'autres frais illicites sont relevés, comme les "frais de dossier", "frais de personnel", ou "coûts administratifs". Ces abus sont parfois masqués par des intitulés vagues ou des listes volontairement lacunaires.