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Pour la cinquième édition de cette expédition biennale, une quinzaine de marcheurs accompagneront cette année dans le Vaucluse les 55 cyclistes du groupe, dont 50 débutants. Tout au long du parcours de 21 kilomètres (qui affiche une pente moyenne de 7,5%), chacun des participants sera suivi de près par un accompagnateur médecin ou paramédical qui effectuera le trajet à ses côtés ; une cinquantaine de proches seront également du voyage. Le groupe prendra le départ dans le sillage de plus d'un millier de cyclistes flamands passionnés, qui participeront ce week-end-là à l'initiative Mon Ventoux de l'association Sporta (lancée sous l'impulsion du Dr Toon Claes).Activité physiqueEn organisant cet exploit sportif, Transplantoux veut donner une image positive de la greffe d'organes, sensibiliser les transplantés à l'importance de l'activité physique et d'un mode de vie sain et stimuler la recherche multidisciplinaire.Le Pr Diethard Monbaliu, chirurgien spécialiste de la transplantation à l'UZ Leuven, est la cheville ouvrière de l'initiative ; il souligne combien il est important pour les patients de bouger suffisamment. " L'insuffisance organique affecte non seulement l'espérance et la qualité de vie, mais aussi le degré d'activité et la forme physique... et il a été démontré que même après la greffe, ce paramètre reste en-deçà de ce que l'on observe dans la population générale. Cela s'explique en partie par le traitement immunosuppresseur, mais aussi par le fait que ces patients sont souvent invités à se ménager (ce qui ne les encourage évidemment pas à bouger !) et par la comorbidité de la pathologie antérieure. " Cet aspect fera prochainement l'objet de recherches plus poussées.AdolescentsPourtant, un programme d'entraînement intensif peut déboucher sur des résultats proprement spectaculaires, souligne le spécialiste. "Un véritable bond du VO2max, un BMI plus équilibré, moins de problèmes d'hypertension... Nous ne conseillons évidemment pas d'essayer de faire de tous les transplantés des athlètes, mais les personnes qui participent à Transplantoux sont nos ambassadeurs, les témoins de tout ce qu'il est possible de réaliser. "Ce message est notamment très important pour les adolescents qui ont subi une greffe, un groupe très difficile dont un tiers ne prend pas correctement son traitement immunosuppresseur, sans forcément ressentir immédiatement les effets de cette négligence. Aux côtés d'autres patients plus âgés, ils retrouvent ici leur motivation - comme ce futur infirmier qui rêve déjà de soigner à son tour d'autres transplantés...Bakala AcademyLa préparation, d'une durée de plusieurs mois, se fait sous la supervision de Bakala Academy, le centre d'accompagnement de l'entraînement dirigé par le spécialiste en physiologie de l'effort Peter Hespel (Faber, KU Leuven). " Une équipe qui fait de l'excellent travail et nous fournit un feedback extrêmement précieux, qui nous met quelquefois sur la piste de problèmes médicaux inattendus ", souligne Diethard Monbaliu.Le Pr Monbaliu réalise également des recherches en collaboration avec Bakala Academy afin de mesurer l'impact d'un stimulus tel que l'ascension du Mont Ventoux. " Les participants sont soumis à des tests répétés et suivis au moyen d'un moniteur de l'activité physique", précise-t-il.Une révélationLes organisateurs n'ont aucune difficulté à trouver des transplantés pour participer à l'initiative. " Au contraire même : nous devons régulièrement refuser des candidats. " L'inscription est possible au plus tôt un an après la greffe et s'accompagne d'un examen médical approfondi. " Il nous arrive de donner le feu vert à une personne à condition qu'elle accepte de revoir ses ambitions à la baisse et de s'arrêter par exemple à mi-parcours ", explique encore le médecin.Nombre de médecins (intensivistes, anesthésistes, internistes, chirurgiens...) impliqués dans les programmes de soins en matière de transplantation d'organes décrivent leur engagement dans le projet Transplantoux comme une véritable révélation, souligne encore le Pr Monbaliu. " Eux qui étaient surtout confrontés à la souffrance des patients au stade terminal de l'insuffisance organique, ils voient soudain ces mêmes personnes se métamorphoser... et il va sans dire que pour nos sponsors, le fait de pouvoir vivre de près l'impact de leur contribution sur les patients représente un stimulant supplémentaire. " Les transplantés abordent la vie avec un immense sentiment de reconnaissance qui confine parfois à la culpabilité, témoigne le Pr Monbaliu. " Leur vie se déroule dans une sorte de 'temps ajouté'. Je me souviens encore comme si c'était hier du premier patient que j'ai accompagné sur les pentes du Mont Ventoux. Arrivé presque au sommet, dans ce paysage lunaire, il s'est arrêté et m'est tombé dans les bras en sanglotant : 'Je n'aurais plus dû être là'. "