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Le journal du Médecin : quelle est votre impression générale sur la Déclaration ?Dr Lawrence Cuvelier : D'abord, c'est une déclaration très générale. Beaucoup d'initiatives demandent la collaboration de la Région wallonne avec d'autres entités, et notamment le fédéral. Je ne vois pas comment certaines politiques pourraient être menées autrement, avec les moyens de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou de la Région wallonne. Ceci étant dit, on ne peut pas dire que les intentions sont mauvaises, de manière générale. Sauf peut-être concernant Proxisanté, qui pourrait potentiellement être revu, alors que le décret n'a pas encore pu porter ses fruits...Effectivement, je pense que c'est un peu prématuré de revoir ce décret si tôt. Que pensez-vous des déclarations sur la première ligne et, singulièrement, sur les médecins généralistes. Avoir une politique proactive pour l'installation des médecins généralistes est une bonne chose. Mais encore fois, cela demande une collaboration avec le fédéral. Quand on veut que des médecins s'installent dans des zones de pénurie, il faut qu'il y ait un système de garde efficient, un 1733 qui fonctionne. Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en jeu. Il faut également rappeler que les décisions d'installation sont déjà prises lors de l'assistanat, parfois même lors des premiers stages en métier. C'est donc à ce niveau qu'il faut concentrer ses efforts. Vous remarquerez que la DPR parle d'incitation à s'installer et non d'obligation, comme le souhaitait initialement le MR dans son programme...Un parti libéral qui veut obliger un médecin à s'installer, cela aurait été cocasse. Je pense que cela aurait été une mauvaise solution. Les jeunes seraient partis en France, ou ailleurs. On ne résout pas de problèmes avec des obligations. Il faut un accompagnement positif, promouvoir les lieux d'installation, et dire que l'on peut trouver son bonheur aussi en zone rurale. Est-ce qu'il y a des choses qui vous laissent sur votre faim dans cette déclaration?En santé mentale, c'est assez court. Et on ne pourra rien faire sans s'attaquer à la pénurie d'intervenants que l'on connaît actuellement. Cela ne se fera pas en une législature. Et on risque, si on ne s'attaque pas à ce problème, de créer une santé mentale à deux vitesses, avec les plus démunis qui devront aller dans des centres surchargés, et des plus nantis qui paieront cher leurs soins de santé mentale. Je dois dire que je ne voudrais pas être politicien car, dans cette matière, l'équation n'est pas simple.Quid de la promotion de la santé ?On sent l'influence des Mutualités chrétiennes, notamment dans la santé dans toutes les politiques. Il faudra là aussi lever certains obstacles. Je prends l'exemple de la promotion de la santé à l'école qui n'est pas simple. Il faut que les enseignants soient prêts à lâcher un peu leur pré carré. Peut-être un dernier mot sur la prévention. Le gouvernement prévoit de doubler le montant de la prévention, et de discuter avec le fédéral pour que soit mis en place un principe de juste rémunération des professionnels de santé qui passe du temps à faire un exercice de prévention. J'imagine que c'est positif?Bien sûr, mais le problème est qu'exercer la prévention pour un généraliste, c'est kafkaïen aujourd'hui. Il n'y a pas moyen de faire de la prévention de manière officielle. Elle n'est pas remboursée. Faire de la prévention dans une consultation habituelle est complexe. Prenons l'exemple d'un patient grippé : si je prends du temps avec lui, j'ai une salle d'attente bondée derrière. Le système actuel est ainsi fait que nous sommes payés comme généralistes pour faire du curatif et pas de la prévention. J'aurais souhaité pouvoir réaliser une consultation de prévention qui porte ce nom.