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Le professeur Patrice Cani de la Faculté de pharmacie et des sciences biomédicales de l'UCLouvain et Matthias Van Hul, professeur au Louvain Drug Research Institute, ont été sollicités pour cette étude en raison de "leurs compétences reconnues en matière de microbiote intestinal", note le communiqué de l'UCLouvain. L'objectif était de prouver que le cerveau peut modifier le microbiote en temps réel sans qu'il y ait forcément de prise alimentaire. Normalement, les zones qui contrôlent l'appétit dans le cerveau, l'hypothalamus, "s'allument" en cas de faim et "s'éteignent" lorsque le corps est rassasié, explique le communiqué. Lorsque cette zone est en "off", le corps consomme ses propres réserves d'énergie, ce qui permet de réguler le poids. Or, chez les personnes diabétiques de type 2, ce système "on/off" dysfonctionne, l'information de satiété n'est pas transmise correctement, ce qui explique une tendance à l'obésité. Rétablir la communication entre le cerveau et l'intestin permettrait d'agir sur nos bactéries intestinales et contrôler nos habitudes alimentaires, note le communiqué. Les résultats de cette étude sont un espoir à cet égard. Au cours de leurs recherches, les scientifiques ont inséré un implant intracérébral chez la souris afin d'y injecter trois hormones ayant un impact sur l'activation des zones de l'appétit. La ghréline qui stimule l'appétit, le GLP1 qui bloque l'envie de manger et la leptine qui reflète nos réserves de graisses. L'idée était d'activer ou bloquer à la demande les neurones de l'appétit afin de déterminer les actions de chaque molécule sur le comportement du microbiote intestinal. Les chercheurs ont remarqué que lorsque la zone qui inhibe la prise alimentaire est activée ou bloquée, une modification ultra rapide, en deux heures, de la composition du microbiote intestinal se produit via l'augmentation ou la diminution de différentes bactéries. Cela suggère, poursuit le communiqué de l'UCLouvain, un système adaptatif ultra-sensible, bien plus réactif qu'on ne le pensait. Le fait de modifier les zones qui contrôlent l'appétit ou la faim dans le cerveau a un impact sur les bactéries de l'intestin, qui réagissent comme si elles avaient reçu des nutriments, alors qu'il n'y a pas eu d'aliment ingéré. Ce travail démontre pour la première fois, affirme l'UCLouvain, que le cerveau peut influencer activement et très rapidement la composition du microbiote intestinal.