Alors que l'Union européenne tente de rattraper son retard en matière d'IA en investissant des centaines de milliards d'euros, l'Inami a publié mardi le " Plan d'action interfédéral eSanté 2025-2027 ". Il promet un virage hyper-ambitieux vers un système de soins digitalisé, intégré et centré sur le patient. Y arrivera-t-il ?
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Le Plan d'action interfédéral eSanté 2025-2027 trace les grandes lignes de l'avenir numérique des soins de santé en Belgique. Conçu pour relever les défis majeurs du secteur (vieillissement, maladies chroniques, multimorbidité), il vise une architecture numérique intégrée et durable. Trois axes structurent ce plan : le développement des services de base de la plateforme eHealth, l'opérationnalisation du Dossier patient intégré belge (Belgian Integrated Health Record (BIHR). Le DPI/BIHR est au coeur de cette transformation. Il promet un accès fluide et sécurisé aux données de santé pour les citoyens et les professionnels, avec une interopérabilité renforcée. Le plan insiste sur la réduction de la charge administrative, l'amélioration de la qualité des soins et l'optimisation des ressources grâce à la digitalisation.Les soins intégrés, soutenus par des programmes comme les soins périnataux, la prise en charge des personnes vulnérables et la lutte contre l'obésité infantile, bénéficieront directement de cet écosystème numérique. Le plan mise sur une gouvernance interfédérale solide, garantissant une coordination efficace entre les niveaux fédéral, régional et communautaire.La coopération interfédérale est indispensable pour quatre raisons :-Approche centrée sur la personne : "santé, bien-être et prévention concernent une même personne et doivent s'articuler autour d'elle pour lui proposer une offre cohérente, de qualité et parfaitement intégrée."-Mobilité : "la mobilité des citoyens et des professionnels de santé, présents partout dans le pays, exige un accès fluide et harmonisé aux services et que les données nécessaires soient disponibles dans toutes les régions."-Efficacité et efficience : "Les ressources, qu'elles soient financières ou humaines, sont limitées. Une coopération efficace et un alignement des politiques maximisent leur impact au bénéfice des citoyens."-Disponibilité des données dans tout le pays.La feuille de route prévoit une mobilisation des ressources financières (notamment via les fonds européens) et une collaboration étroite avec les parties prenantes. Le DPI/BIHR, par exemple, sera déployé via des interfaces conviviales, assurant un suivi en temps réel et un partage sécurisé des données. Les concepts d'"épisodes de soins" et de Linking Pathways favoriseront une continuité optimale des soins.L'European Health Data Space (EHDS) est également un pilier de ce plan, renforçant l'échange transfrontalier de données et la recherche. La protection des données, encadrée par le RGPD, est une priorité absolue.Le Plan d'action eSanté ne se limite pas à une vision stratégique mais s'engage dans une mise en oeuvre concrète, espèrent ses concepteurs. " En misant sur l'innovation, l'interopérabilité et la coopération interfédérale, il aspire à offrir des soins de qualité, accessibles et sécurisés, tout en responsabilisant les citoyens et les professionnels. " Une ambition quelque peu jargonneuse et pleine de bonnes intentions dont on mesurera d'ici peu les impacts réels sur notre santé puisque le plan s'échelonne sur deux ans "seulement".