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Le 11 février dernier, les autorités sanitaires françaises recommandaient de "ne proposer qu'une seule dose" de vaccin ARNm (Pfizer et Moderna) contre le Covid-19 aux personnes "ayant déjà fait une infection" par le coronavirus. La France devenait ainsi le premier pays à formuler une telle recommandation."Pour justifier cet avis, la Haute autorité de santé souligne que les personnes guéries du Covid-19 "ont déjà élaboré à l'occasion de l'infection une mémoire immunitaire. La dose unique de vaccin jouera ainsi un rôle de rappel". L'autorité recommande par ailleurs d'attendre "au-delà de trois mois" après la guérison, "et de préférence six mois", avant d'injecter cette dose unique. Les chercheurs à l'origine de ces travaux relèvent que faire une seule injection aux personnes déjà malades par le passé pourrait permettre d'économiser des doses dans un contexte d'approvisionnement contraint", résume la Task force vaccination.Chez nous, le Conseil supérieur de la santé (CSS) a analysé la pertinence d'une telle approche, ses bienfaits potentiels et son applicabilité en Belgique. Ses conclusions ont été présentées à la Taskforce Vaccination jeudi soir.Le CSS constate que la majorité des personnes infectées par le COVID-19 (+/- 20% de la population belge) ont effectivement développé une immunité. Cependant, cette immunité n'est pas systématique ; que la durée de la protection induite lors d'une infection est à ce stade incertaine. Elle varie entre trois et six mois et; que les analyses actuelles ne permettent pas de conclure à l'efficacité de cette protection contre les variants du Covid-19. "A cela, s'ajoutent plusieurs difficultés de mise en place opérationnelle qu'impliquerait inévitablement l'administration d'une seule dose de vaccin ARNm aux patients qui ont déjà été infectés par le Covid-19, parmi lesquelles l'identification des personnes concernées", précise le groupe opérationnel. "Dans ce contexte, le CSS en conclut qu'il ne paraît pas actuellement adéquat de modifier les recommandations existantes. En l'absence de connaissances plus précises sur la nature de l'immunité acquise suite à une infection, le CSS estime qu'il est prudent de vacciner dès que possible (c.-à-d. 14 jours après la résolution des symptômes ou à la fin de l'isolement) dans le but d'élargir le spectre immunitaire et ainsi de permettre potentiellement une meilleure résistance aux variants (actuellement dits de type sud-africain ou brésilien)."La Task force a évalué la balance entre les risques et les bénéfices de l'approche française et a conclu à la nécessité de garder le schéma vaccinal actuel qui prévoit l'administration de deux doses de vaccin ARNm."Le nombre de doses que l'approche française permettrait d'économiser est un bénéfice bien trop faible face aux incertitudes liées à l'immunité des personnes ayant déjà été infectées par la Covid-19. Afin de garantir un retour à la vie normale le plus rapidement possible, notre objectif est et reste de fournir une protection optimale au plus grand nombre de personnes vivant en Belgique", commente le Pr Dirk Ramaekers, président de la Taskforce Vaccination.