Au financement des soins de Première ligne "psychique" existant, 20 millions d'euros avaient été déployés par Maggie De Block pendant son mandat face à la demande de patients psychiatriquement en détresse. Frank Vandenbroucke l'a porté récemment à près de 150 millions.

A l'Inami, une commission transversale rassemble psychologues, psychiatres et représentants des patients et de leurs familles pour discuter de la meilleure allocation de ces 150 millions. Enormément de groupes de travail se sont réunis (jusque deux à trois par semaine). L'idée est de soutenir les consultations des psychologues de 1ère ligne. Pour bénéficier du système, les psychologues doivent se soumettre à une série de conditions. Ils doivent notamment s'inscrire dans un "réseau 107". Leur rémunération et leur contrat de travail dépendront d'une enveloppe budgétaire gérée par chacun des réseaux 107 de leur région.

Remboursement de la consultation en psychologie

Leurs "patients" ont alors droit à une série de consultations psychologiques remboursées par l'Assurance-maladie obligatoire. La première consultation chez le psychologue coûte 75 euros pour 45 minutes "cliniques" minimum et 15 minutes pour le travail "administratif". Le bénéficiaire ordinaire paie onze euros de sa poche et le BIM, quatre euros. Les consultations ultérieures sont tarifées 60 euros (à condition qu'au moins 30 minutes soient consacrées à l'écoute du patient). Le remboursement ne change pas: onze et quatre euros. Chaque année, le patient a droit, sans prescription médicale, à 20 de ces consultations remboursées. Au-delà de huit séances, toutefois, le psychologue doit justifier à l'Inami les 12 séances supplémentaires. Il existe également des séances de groupe remboursées.

Les psychiatres, déjà en pénurie, craignent d'être éjectés du circuit de soins psychiques de 1ère Ligne par une pléthore de psychologues.

Les psychiatres ont été invités aux discussions préalables à ce canevas de remboursement. Mais ils étaient en sous-nombre. Les moyens supplémentaires dégagés pour la "santé mentale" ont été dévolus entièrement aux psychologues. "Dans cette convention, rien ne valorise le travail du psychiatre, le travail des urgences psychiatriques", souligne Caroline Depuydt... "Les psychiatres sont très favorables au soutien financier des problèmes psychiques épisodiques légers à modérés. Que les psychologues soient mieux rémunérés et que leurs patients soient remboursés est une excellente chose. Toutefois, là où on n'est pas d'accord, c'est que cette rémunération soit la même que la nôtre: 75 euros pour eux, 81 euros pour les psychiatres accrédités pour 45 minutes de consultations. Or nous faisons des études plus longues que les psychologues (six ans de médecine plus cinq ans de spécialisation pendant lesquelles les psychiatres ont le statut d'étudiants contre cinq ans de master et parfois un an de spécialisation pour les psychologues). Il y a aussi la problématique des urgences psychiatriques sous la responsabilité des médecins, l'approche médico-légale (expertise psychiatrique), le diagnostic, l'évaluation de la prise en charge. Le psychiatre a une responsabilité lourde. Et on se retrouve payés à hauteur du psychologue. En outre, la téléconsultation psychiatrique est également moins rémunérée (70 euros)... Nous ne demandons pas que les psychologues soient moins payés qu'actuellement. Mais le fait qu'on est dévalorisés et mis de côté dans les trajets de soins de santé mentale nous reste en travers de la gorge. Tout l'argent supplémentaire va aux psychologues, pas au circuit psychiatrique."

Le patient lourd paie plus de sa poche

Qui plus est, la quote-part du patient chez un psychiatre est supérieure (18 ou sept euros pour le BIM). "C'est la double peine: le patient souffre d'une pathologie plus lourde et en plus il paie davantage de sa poche." Le Dr Depuydt minimise en revanche le risque que le patient lourd aille chez un psychologue parce que c'est moins cher car le psychologue le renverrait rapidement vers un psychiatre.

Troisième reproche: "On oublie que le psychiatre fait également partie de la 1ère ligne! Il voit aussi des patients lourds en 1ère instance! Les psychiatres ambulatoires sont en centres de santé mentale, en 1ère ligne à leur consultation, etc. Ils traitent les premières crises, les mises au point, ils dispatchent éventuellement un patient vers un psychologue." Résultat des courses: "Nous craignons d'être éjectés des circuits de soins. La psychiatrie est totalement en pénurie et tout cela ne va pas attirer de nouvelles recrues. Les jeunes seront enclins à rejoindre plutôt un master en psychologie. A l'ULB, ils sont 800 à s'inscrire en 1ère année de psychologie. Peu d'entre eux penseront à s'inscrire en médecine: c'est beaucoup plus long, il y a un examen d'entrée et in fine ce n'est pas mieux rémunéré. Or il y a pléthore de psychologues! Un tel système va renforcer le déséquilibre d'autant qu'il existe un "médecin-bashing" dans la société."

Que faire à part écrire des tribunes (lire sur www.lejournaldumedecin.com)? "Nous avons demandé audience auprès de Frank Vandenbroucke en présence des associations de psychologues pour faire entendre le message suivant: si notre profession est délaissée dans le circuit de soins, ça va créer des problèmes majeurs."

Lire la tribune de 50 psychiatres sur www.lejournaldumedecin.com

Au financement des soins de Première ligne "psychique" existant, 20 millions d'euros avaient été déployés par Maggie De Block pendant son mandat face à la demande de patients psychiatriquement en détresse. Frank Vandenbroucke l'a porté récemment à près de 150 millions. A l'Inami, une commission transversale rassemble psychologues, psychiatres et représentants des patients et de leurs familles pour discuter de la meilleure allocation de ces 150 millions. Enormément de groupes de travail se sont réunis (jusque deux à trois par semaine). L'idée est de soutenir les consultations des psychologues de 1ère ligne. Pour bénéficier du système, les psychologues doivent se soumettre à une série de conditions. Ils doivent notamment s'inscrire dans un "réseau 107". Leur rémunération et leur contrat de travail dépendront d'une enveloppe budgétaire gérée par chacun des réseaux 107 de leur région. Leurs "patients" ont alors droit à une série de consultations psychologiques remboursées par l'Assurance-maladie obligatoire. La première consultation chez le psychologue coûte 75 euros pour 45 minutes "cliniques" minimum et 15 minutes pour le travail "administratif". Le bénéficiaire ordinaire paie onze euros de sa poche et le BIM, quatre euros. Les consultations ultérieures sont tarifées 60 euros (à condition qu'au moins 30 minutes soient consacrées à l'écoute du patient). Le remboursement ne change pas: onze et quatre euros. Chaque année, le patient a droit, sans prescription médicale, à 20 de ces consultations remboursées. Au-delà de huit séances, toutefois, le psychologue doit justifier à l'Inami les 12 séances supplémentaires. Il existe également des séances de groupe remboursées. Les psychiatres ont été invités aux discussions préalables à ce canevas de remboursement. Mais ils étaient en sous-nombre. Les moyens supplémentaires dégagés pour la "santé mentale" ont été dévolus entièrement aux psychologues. "Dans cette convention, rien ne valorise le travail du psychiatre, le travail des urgences psychiatriques", souligne Caroline Depuydt... "Les psychiatres sont très favorables au soutien financier des problèmes psychiques épisodiques légers à modérés. Que les psychologues soient mieux rémunérés et que leurs patients soient remboursés est une excellente chose. Toutefois, là où on n'est pas d'accord, c'est que cette rémunération soit la même que la nôtre: 75 euros pour eux, 81 euros pour les psychiatres accrédités pour 45 minutes de consultations. Or nous faisons des études plus longues que les psychologues (six ans de médecine plus cinq ans de spécialisation pendant lesquelles les psychiatres ont le statut d'étudiants contre cinq ans de master et parfois un an de spécialisation pour les psychologues). Il y a aussi la problématique des urgences psychiatriques sous la responsabilité des médecins, l'approche médico-légale (expertise psychiatrique), le diagnostic, l'évaluation de la prise en charge. Le psychiatre a une responsabilité lourde. Et on se retrouve payés à hauteur du psychologue. En outre, la téléconsultation psychiatrique est également moins rémunérée (70 euros)... Nous ne demandons pas que les psychologues soient moins payés qu'actuellement. Mais le fait qu'on est dévalorisés et mis de côté dans les trajets de soins de santé mentale nous reste en travers de la gorge. Tout l'argent supplémentaire va aux psychologues, pas au circuit psychiatrique."Qui plus est, la quote-part du patient chez un psychiatre est supérieure (18 ou sept euros pour le BIM). "C'est la double peine: le patient souffre d'une pathologie plus lourde et en plus il paie davantage de sa poche." Le Dr Depuydt minimise en revanche le risque que le patient lourd aille chez un psychologue parce que c'est moins cher car le psychologue le renverrait rapidement vers un psychiatre. Troisième reproche: "On oublie que le psychiatre fait également partie de la 1ère ligne! Il voit aussi des patients lourds en 1ère instance! Les psychiatres ambulatoires sont en centres de santé mentale, en 1ère ligne à leur consultation, etc. Ils traitent les premières crises, les mises au point, ils dispatchent éventuellement un patient vers un psychologue." Résultat des courses: "Nous craignons d'être éjectés des circuits de soins. La psychiatrie est totalement en pénurie et tout cela ne va pas attirer de nouvelles recrues. Les jeunes seront enclins à rejoindre plutôt un master en psychologie. A l'ULB, ils sont 800 à s'inscrire en 1ère année de psychologie. Peu d'entre eux penseront à s'inscrire en médecine: c'est beaucoup plus long, il y a un examen d'entrée et in fine ce n'est pas mieux rémunéré. Or il y a pléthore de psychologues! Un tel système va renforcer le déséquilibre d'autant qu'il existe un "médecin-bashing" dans la société."Que faire à part écrire des tribunes (lire sur www.lejournaldumedecin.com)? "Nous avons demandé audience auprès de Frank Vandenbroucke en présence des associations de psychologues pour faire entendre le message suivant: si notre profession est délaissée dans le circuit de soins, ça va créer des problèmes majeurs."