Fin 2016, le Sénat a publié un rapport d'information sur la prévention face aux perturbateurs endocrinien (PE) et leur élimination, au bénéfice de la santé publique. Le texte final contient un certain nombre de recommandations qui pourraient encourager les différents niveaux de pouvoir publics belges à élaborer une politique en la matière. Mais on a bien dit " pourraient "...
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Les produits chimiques perturbant le système endocrinien sont des substances synthétiques étrangères qui se comportent comme des hormones ou qui empêchent leur fonctionnement. La conséquence d'une exposition est inclue dans l'expression : le système hormonal est perturbé, à l'origine de possibles effets néfastes pour la santé. Les perturbateurs endocriniens induisent une baisse de la qualité du sperme chez les hommes, l'infertilité chez les femmes et l'augmentation du risque de certaines maladies telles que le cancer ou le diabète.Les PE semblent particulièrement nocifs après une exposition prolongée ou si celle-ci s'est produite à certaines périodes de la vie : lors du développement du foetus, dans l'enfance ou l'adolescence. Les conséquences ne se déclarent souvent que des années plus tard.La liste des PE est maintenant assez longue, incluant des substances telles que le bien connu bisphénol A, certains parabènes et autres substances pour assouplir les plastiques (phtalates). Ces substances étant présentes dans des milliers de produits de la vie quotidienne, il est impossible d'éviter d'y être exposé ; tout au plus peut-on limiter notre exposition.Les PE ne figurent pas en bonne place dans l'agenda politique car de nombreuses questions sur leur nocivité spécifique restent sans réponse. De plus, un délai important peut s'écouler entre l'exposition et les effets néfastes pour la santé, jusqu'à plusieurs années. Les gouvernements nationaux se laissent donc souvent guider par les décisions de l'Union européenne pour coordonner leur politique en la matière, d'autant qu'il s'agit d'un sujet complexe où les connaissances scientifiques sont encore en pleine évolution. Et comme l'UE n'a pas encore défini les critères sur lesquels se baser pour déterminer si un produit chimique est ou non un PE, aucune politique européenne - et encore moins l'interdiction ou la restriction d'utilisation des PE - n'est attendue dans les années à venir.Personne ne doute des effets néfastes des perturbateurs endocriniens. Le Pr Adelheid Soubry (KUL), l'un des experts consultés, énumère un certain nombre de questions pressantes qui nécessitent une réponse. " Nous ne comprenons pas encore entièrement les effets sur la santé des nouveaux produits chimiques utilisés par l'industrie dans les matériaux, ni ceux de leurs combinaisons. Nous ne connaissons pas non plus exactement les sources d'exposition quotidiennes, car souvent les fabricants ne mentionnent pas ceux qu'ils utilisent. Pour pouvoir les mesurer en laboratoire, par exemple leur concentration, nous devons mieux savoir ce que nous recherchons. "Ce faisant, des normes différentes sont souvent utilisées dans le monde entier ; quant à savoir comment sont réalisés les tests et qui effectue les contrôles, ce n'est pas clair non plus. " L'industrie et les consommateurs auraient avantage à pouvoir suivre des recommandations claires, en lien avec les développements scientifiques récents. "" Les recherches de ces dernières années nous ont appris que l'exposition concomitante à différentes substances à faibles concentrations, appelée effet cocktail, peut causer des dommages à long terme, voire sur plusieurs générations. Cette recherche est encore (trop) nouvelle et n'est pas encore implémentée. "Afin de mettre les choses en ordre au niveau belge, le Sénat a commandé un rapport d'information en 2016. Un certain nombre d'experts scientifiques ont été entendus sur ce sujet, ce qui a abouti à 72 recommandations qui devraient aider à mettre en place une politique efficace.Le document encourage, entre autres, les différentes autorités belges à miser sur la sensibilisation de la population et à prendre des mesures préventives en ce qui concerne les PE. Idéalement, des travaux devraient également être menés quant à leur interdiction, au moins celle des produits en contact avec les groupes vulnérables tels que les enfants jusqu'à trois ans, les femmes enceintes et les adolescents. De plus, les lacunes actuelles en matière de connaissances doivent être comblées en mettant davantage l'accent sur la recherche scientifique et la collaboration." Le rapport d'information est un pas en avant important ", a déclaré la sénatrice Cindy Franssen (CD&V), qui a joué un rôle pionnier dans ce dossier. " Il fournit aux différentes autorités belges un instrument pour mettre en oeuvre efficacement une politique sur les perturbateurs endocriniens afin de limiter l'exposition de la population, de limiter la propagation de ces substances et de réguler leur utilisation dans la production et la consommation. Nous préconisons, entre autres, un plan d'action national en consultation avec les scientifiques, la société civile et le monde des affaires. "Espérons que ce rapport ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd car la réalité politique belge montre que ces dernières années ont été pauvres en termes de mesures relatives aux PE.