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Très prisées par la nouvelle génération d'investisseurs, les plateformes en ligne ont clairement pour principal attrait la modicité des tarifs. Mais pas seulement les frais de courtage liés aux transactions. Ainsi ne comptent-elles pas de droits de garde pour les actifs détenus en portefeuille. C'est très rare du côté des institutions classiques, où seules Argenta et KBC/CBC pratiquent cette gratuité en Belgique. En contrepartie de ces tarifs modérés -et parfois franchement au plancher-, les services sont généralement assez limités. Quoi de plus logique ? Il va de soi que leurs utilisateurs ne recherchent pas le service mais le prix, quitte à demander le premier dans une institution plus traditionnelle. Les plateformes en ligne sont plutôt une manière de s'initier à la bourse pour une clientèle largement composée d'investisseurs-boursicoteurs. Certaines proposent néanmoins de véritables aides à l'investissement, en plus d'une foule d'informations.Spécialiste de la question chez Test-Achats, Nicolas Claeys insiste sur un autre aspect du service plus réduit. S'il travaille avec une plateforme qui n'est pas officiellement installée en Belgique, ce sera à l'utilisateur d'accomplir plusieurs formalités. À savoir payer le précompte mobilier sur les dividendes perçus (au-delà de l'exonération de 800 euros), ou même la taxe sur les opérations de bourse (TOB). Un document lui sera en principe envoyé à cette fin. Ce n'est pas tout : la plateforme lui aura ouvert un compte... à l'étranger, par définition, de sorte qu'il devra déclarer ce compte à la Banque Nationale en remplissant un formulaire ad hoc, disponible sur le site. Il devra aussi rappeler l'existence de ce compte dans sa déclaration fiscale annuelle. La tache est même double pour DeGiro, depuis sa reprise par l'allemand flatex : c'est outre-Rhin que sont placées les liquidités, de sorte qu'il y a deux comptes à déclarer.On ne saurait par contre négliger un autre attrait essentiel de ces plateformes, outre le tarif : l'étendue des actifs disponibles. Elle est très supérieure à celle des banques traditionnelles, même celles qui se réclament de l'architecture ouverte (c'est-à-dire offrant des produits aussi d'autres institutions). La gamme en ETF est fort large et plusieurs proposent même de nombreux fonds de placement, souligne Nicolas Claeys.Revenons à Saxo. La banque danoise est connue pour diverses analyses assez pointues, en particulier sur les matières premières, et surtout pour sa large implantation internationale en ligne. Ce que l'on sait moins, c'est qu'elle est, un peu étrangement, détenue pour moitié par le constructeur automobile chinois Geely, propriétaire entre autres de Volvo et Lotus, sans oublier les véhicules électriques Lynk de plus en plus présents dans nos rues. Saxo a crié haut et fort que ses tarifs étaient vigoureusement rabotés et ce n'est pas faux, loin de là, puisqu'un achat d'actions américaines à hauteur de 5.000 dollars entraîne à présent un courtage de 4 dollars, contre 18 auparavant. Pour les obligations en dollar, la chute est du même ordre : 6 dollars de courtage contre 30, toujours pour un montant de 5.000 dollars. Le rabais est proportionnellement moins important pour une transaction portant sur 10.000 dollars, mais également pour les obligations en euro et les actions européennes. Saxo s'inscrit dès lors en retrait sensible sur les autres acteurs classiques du secteur, question tarif s'entend. Mais n'en devient pas pour autant la plateforme la moins chère, comme il ressort du tableau ci-contre. Celui-ci ne reprend que les actions et fonds indiciels (ETF), qui sont partout au même prix. Ce sont clairement les actifs qui intéressent en premier les utilisateurs des plateformes en ligne.La banque danoise affiche plusieurs services qui dépassent le minimum absolu. Ainsi en va-t-il de SaxoWealthCare, le " service de gestion de patrimoine en ligne ", accessible à partir de 10.000 euros. Ce programme investit en fonction des objectifs et de l'échéance donnés par le souscripteur. Quand cette dernière se rapproche, il passe progressivement des ETF d'actions à des ETF d'obligations. Autre service proposé : le Wealth Monitor, qui agit grosso modo de la même manière quand la bourse baisse de manière trop prononcée.Entité du groupe KBC, Bolero est sans nul doute le seul acteur connu émanant d'une grande banque traditionnelle. Son tarif est plus compliqué que la moyenne : en actions européennes, il compte ainsi 7,5 euros pour une transaction de moins de 2.500 euros sur Euronext, tout comme sur les bourses tchèque, hongroise et polonaise (!), mais 15 euros pour la plupart des autres marchés européens, y compris l'Allemagne, soit le même courtage que pour les actions américaines. Bolero n'est pas la moins chère des plateformes en ligne, mais elle donne accès à une masse d'informations, à savoir les études et actualités émanant de KBC.Certaines grilles tarifaires sont à la fois simples... et un peu plus compliquées. C'est le cas chez MeDirect, où le courtage est invariablement de 0,2 % du montant, mais avec un minimum variable. Il est ainsi de 7 euros pour Euronext Bruxelles, mais grimpe à 10 euros pour Amsterdam et 15 euros pour la bourse allemande. Ce courtage minimum se limite par contre à 11 dollars pour le marché américain, Nasdaq comme NYSE. Intéressant pour les valeurs américaines, donc, comme Trade Republic évoqué ci-dessous.Implanté en Belgique depuis 2014 et dirigée depuis un an par Alain Moreau, l'homme qui a fait de Deutsche Bank un important challenger dans le paysage bancaire belge, MeDirect a un statut bancaire (en ligne uniquement) et s'est agressivement lancée sur le marché de l'épargne. Sa plateforme de courtage est très appréciée pour son offre de fonds, d'autant qu'ils sont exempts de frais d'entrée ! Logique, explique la banque : " La rétribution des services fournis par MeDirect est payée par le fonds souscrit au travers d'une rétrocession partielle de sa commission de gestion ".Autre nom qui fait de longue date partie du paysage, et plus encore : Keytrade. Banque (en ligne) à part entière, aujourd'hui filiale du groupe français Crédit Mutuel Arkéa, la plateforme remonte à 1998, quand elle s'appelait VMS-Keytrade, en référence à la maison Van Moer Santerre. Oui, c'est une société de bourse, soit un ancien agent de change, qui fut la pionnière des plateformes en ligne !Comme les précédentes, Keytrade affiche un tarif assez différent suivant les places boursières. La plateforme offre pas mal de services annexes en matière d'information. Le Global Analyzer fournit ainsi une analyse à propos de l'action envisagée, tandis que l'Idea Center propose des idées en matière d'investissement.Présente en Belgique depuis l'automne 2022, la plateforme allemande Trade Republic trouve sa popularité dans un système simple et très bon marché : toutes les transactions sont à 1 euro ! Et comme le compte est accessible à partir d'un investissement minimum de 10 euros à peine, même le (très) petit investisseur ne disposant que de 11 euros peut se lancer, est-on tenté d'ironiser... " Une véritable pépite pour débuter et pour se lancer dans le trading ou l'investissement en ETF ", juge le site comparatif français nouvelle-epargne.fr.La plateforme revendique aujourd'hui plus de quatre millions d'utilisateurs dans 17 pays, ce qui lui confère, semble-t-il (car les acteurs du secteur n'affichent pas tous ce chiffre, en tout cas pas régulièrement), la première place au classement des plateformes de trading. Trade Republic peut par ailleurs, depuis décembre dernier, se prévaloir du statut bancaire obtenu de la BCE. Cette " licence bancaire de plein exercice " lui permet dorénavant d'élargir sa palette de produits, jusqu'aux dépôts et aux crédits. Il n'est toutefois pas certain (du tout) que la fintech aille jusque-là, en tout cas dans l'immédiat. On relève toutefois qu'elle propose une carte de paiement qui donne droit à un bonus de 1 % sur le plan d'épargne grâce aux paiements effectués avec cette carte. Un peu anecdotique... À noter quand même que cette carte permet des retraits d'argent sans frais s'ils sont supérieurs à 100 euros." Notre mission reste la même : rendre l'épargne et l'investissement simples, sécurisés et accessibles à tous ", a commenté Christian Hecker, un des trois fondateurs de Trade Republic, après obtention du statut bancaire. C'est dans cette optique que la plateforme met l'accent sur les actions et les ETF, mais ne propose pas le marché des changes (appelé forex dans le jargon financier) ou les matières premières et n'autorise pas d'effet de levier, forcément très risqué. Elle s'est par contre ouverte aux crypto-actifs. À noter que la plateforme n'a pas encore implémenté la retenue automatique du précompte ni de la TOB.Est-ce pour taquiner le livret de dépôt des banques ? Toujours est-il que Trade Republic rémunère les liquidités de ses clients à hauteur de ce qu'elle-même obtient de ses dépôts à la BCE, soit le taux directeur de 4 %. Limite : jusqu'à 50.000 euros de liquidités. Rémunération aussi chez BUX, une plateforme néerlandaise aussi utilisée en Belgique, à hauteur de 2,75 % sur base annuelle. Progressive en fonction du montant, cette rémunération est plus faible chez Saxo et elle ne vaut qu'au-delà de 20.000 euros.