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Pour trouver réponse à sa quête d'un rendement moins symbolique que celui offert par les placements les plus basiques, il faut d'abord bien comprendre la situation. Ainsi, quand on affirme que les taux d'intérêt sont extrêmement bas, de quoi parle-t-on précisément ? On se réfère soit au carnet de dépôt, référence naturelle pour les taux à court terme, soit à l'obligation d'Etat à 10 ans, mesure classique des taux à long terme. Les premiers rapportent (si l'on peut ainsi s'exprimer...) actuellement 0,01 % à peine dans les grandes banques, taux de base auquel s'ajoute (éventuellement) une prime de fidélité de 0,10 %. Les seconds affichent ces derniers mois 0,50 % environ... avant précompte de 27 %. Une misère, c'est vrai, dans l'un comme dans l'autre cas. Surtout avec un taux d'inflation qui, mine de rien, est remonté à plus de 2 % depuis le mois dernier en Belgique. Ce niveau est toutefois jugé un peu exceptionnel et il devrait refluer.Or, quelles sont les caractéristiques de ces deux placements ? Le carnet présente une garantie de l'Etat jusqu'à 100.000 euros. Autrement dit : risque zéro. Par ailleurs, dans le langage économique, le taux d'intérêt des obligations d'Etat à 10 ans était naguère défini comme le "taux sans risque". Moins usitée aujourd'hui, l'expression est on ne peut plus parlante : l'Etat, c'est le risque zéro. Et c'est resté vrai en Belgique après la crise financière de 2008, en dépit des quelques rumeurs alarmistes qui ont pu circuler à l'époque. Quoi qu'il en soit, la conclusion à en tirer est simple : si l'on veut obtenir un rendement supérieur, il faut prendre un certain risque, aussi faible soit-il en théorie. C'est la règle de base du monde financier et la notion essentielle à assimiler par l'épargnant !Une exception tout de même à ce principe : il existe une première possibilité d'obtenir un rendement plus élevé tout en restant sur le carnet de dépôt : en se tournant vers les plus petites banques, souvent présentes seulement sur Internet, ou vers les comptes Internet des grandes. Deux exemples. D'abord, la banque maltaise Medirect (contrôlée par un groupe britannique), qui fait pas mal de publicité et dispose du reste d'un bureau en Belgique : elle offre 1 % net sur son compte ME3. Celui-ci est "non réglementé" et est donc soumis au précompte, mais il est couvert par la garantie de l'Etat de 100.000 euros par compte et par personne. Ensuite, Hello Bank, filiale de BNP Paribas Fortis, offre également 1 % net sur son compte Hello4You, avec 0,70 % de taux de base et 0,30 % de prime de fidélité.Quelques points doivent retenir l'attention dans ce petit monde du carnet de dépôt aujourd'hui beaucoup plus compliqué et diversifié que naguère. Ainsi un taux global élevé peut-il être engendré par une prime de fidélité relativement généreuse, alors que le taux de base est maigrichon. C'est de plus en plus le cas. On conseille dès lors de se focaliser sur le taux de base pour faire son choix. Autre astuce : certaines banques proposent un rendement élevé, mais pour un montant limité; au-delà, on dégringole de plusieurs étages. On ne se contentera donc pas de lire le grand titre de la promotion ! Autre argument marketing à la mode, qui ne doit pas aveugler : un taux élevé pour une épargne mensuelle. Cela signifie qu'on ne perçoit le rendement que très progressivement. La formule ne convient évidemment pas pour placer le capital conséquent dont on disposerait dès le départ.Alternative à nouveau prisée ces derniers mois: les comptes à terme. Dans quasiment toutes les banques, ils offrent actuellement une rémunération fort supérieure à celle du carnet de dépôt. Elle est de l'ordre de 1 % brut dans les grandes banques, avant précompte de 27 % donc, et certaines institutions grimpent à 2 %, voire un peu plus encore. Ceci s'entend toutefois pour des sommes bloquées, non pas pendant 3 ou 6 mois, durées qui prévalaient le plus souvent naguère pour les comptes à terme, mais durant plusieurs années, parfois jusqu'à 8 ou 9. Ceci constitue évidemment une solide différence avec le carnet de dépôt, mobilisable du jour au lendemain. Il faut inévitablement prendre un risque d'un autre ordre pour obtenir un rendement supérieur, soit de quelques pour cent. En clair : acheter des actions. On trouve pas mal de rendements attrayants parmi les valeurs belges. Il est à noter que si plusieurs actions étrangères cotées à Bruxelles offrent également un rendement apparemment élevé (dont Engie, ex-GDF-Suez), elles subissent d'abord un précompte dans leur pays d'origine, difficilement récupérable. Pour l'investisseur belge, le dividende net est dès lors très inférieur à son montant brut.Déjà évoqué dans ces colonnes, c'est le compartiment immobilier qui, au travers surtout des SIR (ex-sicafi) offre globalement les rendements les plus élevés. Cofinimmo, la plus importante, payera cette année un dividende net de 4,02 euros. Par rapport à un cours actuel de quelque 109 euros, le rendement net ressort à 3,7 %. Oui mais... D'un côté, celui qui a acheté au minimum récent de l'ordre de 90 euros perçoit près de 4,5 % net. D'un autre côté, ce dividende est en repli sensible ces dernières années. Il y a d'abord eu le relèvement du précompte mobilier de 21 à 25 puis 27 %. Le fait du prince... Plus important : le dividende brut distribué par l'entreprise a fortement reculé; il est actuellement de 5,50 euros, contre un sommet de 7,80 euros en 2009, soit une chute de 30 %. Il s'agit donc bien d'une action, soumise aux aléas économiques, et non d'une obligation. Petite consolation : même le dividende payé par la Banque nationale de Belgique, une "action de père de famille" longtemps considérée comme une véritable rente indexée, est en recul (de 6,6 %) cette année, suite à une baisse de 19 % du bénéfice.Grande consolation : tout en étant en chute de plus d'un tiers en termes nets, le dividende de Cofinimmo dame le pion aux revenus des carnets de dépôt et obligations de l'Etat qui sont, eux, en chute libre. Il ne faudrait pas oublier de voir les choses sous cet angle également... et même surtout ! Il est important d'ajouter que la plupart des autres SIR ont maintenu ou même augmenté leur dividende ces dernières années, mais affichent un rendement moindre. Par ailleurs, bon nombre d'autres actions dégagent un rendement de 2% et plus. En fait, la Bourse offre aujourd'hui un rendement globalement supérieur à celui des obligations, une situation sortant de l'ordinaire ! Il n'est donc pas étonnant que de nombreux épargnants se tournent vers les actions. Beaucoup l'ont cependant fait, non en direct, mais au travers des sicav proposées par les banques. La majorité sont "de capitalisation" et ne distribuent donc pas leurs revenus, ce qui leur permet d'échapper au précompte, mais il en existe également "de distribution". Les dividendes que payent ces dernières sont, eux, redevables du précompte, handicap en partie compensé par une moindre taxation sur d'autres plans. Mais quand on cherche du rendement, il est difficile d'y échapper...Les sicav investies en obligations ne sont pas hors course pour autant. Parce qu'elles détiennent du papier acheté naguère et offrant encore un coupon assez élevé ? Attention aux illusions d'optique : leur rendement ne pourra que faiblir au fur et à mesure que ces obligations viendront à échéance. L'intérêt de ce compartiment se situe surtout du côté des sicav "à haut rendement", ce fameux high yield. Autant il est dangereux pour un particulier de se laisser tenter par de telles obligations, qui sont forcément émises par des Etats ou entreprises n'étant pas de première qualité, autant un portefeuille bien diversifié, géré par des professionnels, peut donner de bons résultats avec un risque minime. Ce n'est pas pour rien que la plupart des banques voient s'emballer la demande pour leurs sicav ! Les possibilités de tirer de son épargne un rendement, sinon élevé dans l'absolu, du moins franchement supérieur à celui du carnet de dépôt, sont donc légion. Il suffit de passer un peu de temps à se documenter...Guy Legrand