La prise en charge de l'épisode de fièvre aiguë sans foyer infectieux chez l'enfant de moins de trois ans en médecine générale. Retrouvez ci-dessous le résumé du TFE du Dr Tayou, ainsi que le lien vers l'intégralité de son travail.
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Pendant mes dernières années d'études, j'ai eu à effectuer plusieurs mois de stage dans des cabinets de médecin généraliste mais aussi en milieu intra hospitalier. Lors de mes stages en médecine générale, ma curiosité première était de savoir comment le généraliste arrive à gérer la multitude de cas qu'il rencontre chaque jour chez les enfants dès leur plus bas âge dans un environnement où les pathologies sont présentées très tôt dans leur évolution avec les moyens d'action à sa disposition assez réduits.En milieu hospitalier, les services d'urgences pédiatriques sont souvent submergés par des cas de fièvre chez les enfants. Ainsi, lors d'un stage en pédiatrie, j'ai été confrontée pendant mes gardes à des enfants dont la seule plainte était parfois la fièvre. Ce qui suscitera ma curiosité une seconde fois, c'est lorsqu'un pédiatre m'a confié la prise en charge d'un enfant d'un an avec état fébrile depuis trois jours chez qui, après un examen clinique bien conduit, j'ai proposé un traitement par antibiothérapie. Ma surprise fut grande lorsque le pédiatre, d'un air étonné m'a regardée en me disant : "nous ne sommes pas ici en médecine générale". Je me suis donc posé la question de savoir comment le médecin généraliste arrive à prendre en charge l'épisode fébrile chez les plus petits enfants, et ceci en l'absence de tout examen complémentaire à sa disposition en première ligne.L'objectif de mon travail a été d'évaluer la stratégie de prise en charge de l'épisode fébrile sans foyer clairement identifié chez l'enfant de 0 à 3 ans en médecine générale dans un environnement où il n'existe à l'heure actuelle aucune recommandation claire en la matière et de dégager des pistes pouvant conduire à une uniformisation dans la prise en charge en première ligne.Pour ce faire, j'ai réalisé une étude qualitative en focus group en deux parties.La première partie s'est faite en 2014 auprès d'un groupe de rencontre des médecins généralistes dans le cadre de leur formation continue en région urbaine.La deuxième partie s'est déroulée en 2015 où des mails ont été envoyés directement au Département de Médecine Générale de l'Université Libre de Bruxelles et à la Société Scientifique de Médecine Générale. De là, deux focus groups supplémentaires ont été constitués dont un en milieu urbain et l'autre en milieu rural. Au total, nous avons pu réunir 39 médecins autour de ce thème.Les débats étaient dirigés par un animateur sur base d'un questionnaire. Les réponses et réactions des participants ont été enregistrées et retranscrites "mot à mot". Les propositions recueillies ont été analysées et comparées avec celles reprises dans la littérature.Les résultats obtenus des retranscriptions montrent que malgré l'absence d'algorithme bien élaboré comme ce qui existe en milieu hospitalier, les médecins généralistes adoptent dans les grandes lignes les attitudes telles que reprises dans la littérature. Cependant, quelques divergences existent encore sur certains points précis comme par exemple la prise en compte de l'inquiétude parentale et la réponse de la fièvre à un antipyrétique. Un algorithme proposé a suscité de la controverse chez les participants, d'aucuns le trouvant trop complexe, d'autres estimant par contre que cet outil contribuerait à augmenter leur charge de travail dans son état actuel. Mais tous les participants sont favorables à l'élaboration d'un outil qui les aiderait dans la prise des décisions face à un enfant fébrile.En conclusion, l'absence de recommandations claires dans la prise en charge de l'épisode fébrile chez l'enfant en bas âge dans la pratique de première ligne conduit à l'heure actuelle à des attitudes diversifiées. L'algorithme proposé pourrait être le point de départ dans l'uniformisation de la prise en charge.