Une étude des Mutualités libres auprès de leurs 2,2 millions de membres démontre que 10% des personnes ayant les dépenses de santé les plus élevées consomment 70% des soins et parmi ces 10%, 1% les plus consommateurs occasionnent 30,6% des dépenses. A contrario, 80% des membres représentent moins de 20% de ces dépenses, et 5% des membres n'ont... aucune dépense remboursée.
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On savait déjà qu'une minorité de patients, qu'il ne convient d'ailleurs pas de culpabiliser en aucune manière, consommaient une bonne partie des dépenses de santé. Mais c'est encore mieux en le prouvant, ce à quoi se sont attelées les Mutualités libres. Petite contextualisation pour commencer: les dépenses publiques de santé belges en 2022 tournaient autour de 8,4% du PIB, proches de la situation des Pays-Bas (8,6%) et inférieures à la France (10,3%) mais néanmoins au-dessus de la moyenne de l'OCDE (7%). La Belgique devrait toutefois rejoindre la France et même la dépasser en 2050 (10,3%) toute autre chose étant égale. "Bien que les dépenses moyennes aient augmenté rapidement entre 2014 et 2023, nous constatons peu de changement dans la concentration des dépenses de santé", pointe le troisième organisme assureur du pays (plus de deux millions d'assurés). "Cependant, une concentration accrue des dépenses est observée au sein du top 1% des personnes avec les dépenses de santé les plus élevées (leur part passant de 28,9% en 2014 à 30,8% en 2023). Les 10% des personnes ayant les dépenses de santé les plus élevées représentent environ 70% des dépenses remboursées par l'assurance maladie en 2023, et le top 1%, qui fait partie de ces 10%, en représente 30,8%. Cela signifie que pour 10 euros dépensés en remboursements dans l'assurance obligatoire, 3 euros vont à ce top 1%. Nous observons également un grand groupe de membres avec des dépenses de santé limitées: 80% des membres ne représentent que moins de 20% de ces dépenses, et 5% de nos membres n'ont aucune dépense remboursée." On parlait de ne pas culpabiliser. Eh bien, l'OA constate qu'au sein du top 1% des plus "dépensiers" on retrouve une large majorité de malades chroniques (neuf sur dix souffrent d'une à plusieurs de ces pathologies). Ainsi, "plus de la moitié du top 1% est atteint d'hypertension, trois sur dix souffrent de dépression, près de trois sur dix sont atteints d'un cancer, plus d'un sur cinq a été hospitalisé pour des troubles psychiques, et près d'un sur cinq présente une maladie respiratoire (asthme, BPCO)". L'OA a même détaillé la situation par pathologie. Et cela donne ceci: -6,9% des membres atteints de dépression représentent 21% des dépenses ; -4,7% des membres souffrant de maladies respiratoires représentent 13% ; -4,6% des membres atteints de diabète représentent également 13% ; -16,9% des membres atteints d'hypertension représentent 41% ; -1,5% des membres atteints de cancer représentent 13%. Quelle est leur situation socialement? Ce 1% de la population concentre plus de personnes souffrant de plusieurs affections chroniques, bénéficiant de l'intervention majorée, en incapacité de travail ou décédées dans l'année que la moyenne nationale. Les 27% de membres MLOZ confrontés à au moins une maladie chronique "représentent 69,5% des dépenses prises en charge par l'assurance maladie obligatoire". Parmi le Top 1% et le Top 10%, on retrouve proportionnellement plus de personnes âgées que dans l'ensemble de la population. Le groupe des plus de 65 ans représente ainsi 39% des dépenses de santé alors qu'il ne constitue que 16% de la population totale. Qu'est-ce que cela représente en dépenses mensuelles? Ça reste modéré, variant entre 74 et 105 euros par mois et par personne. On parle ici des personnes souffrant de dépression, d'hypertension ou de diabète. Ça peut vite monter pour les multi-pathologies, bien sûr. En outre, pour certaines pathologies chroniques (maladies rares ou troubles psychiatriques) nécessitant une hospitalisation, ça va compter dans les 3.000 à 4.000 euros euros par mois (précisément entre 2.848 à 4.877 euros par mois). Que faire? La mutualité propose un suivi proactif des maladies chroniques, d'investir dans la prévention et le bien-être psychosocial, de renforcer la "littératie en santé" (acquisition de compétences en santé), d'améliorer la communication entre soignants et patients et, enfin, d'investir dans le travail adapté.