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Le 6 octobre 2020: une date que n'oubliera pas de sitôt l'équipe de radiologie interventionnelle du Groupe Jolimont, qui comprend les Drs Manuel Mignon, Raphaël Leveque et Bénédicte Heynen. Ce jour-là, un patient souffrant d'un adénocarcinome de la tête du pancréas, diagnostiqué le 2 avril dernier, a entamé une chimiothérapie intra-artérielle avec double ballon occlusif. Cette thérapie, inédite en Europe, a été administrée pour la première fois en 2015 à une Américaine, Mary Jane Farmanian, décédée à l'âge de 80 ans en 2017. Elle est proposée dans le cadre d'une étude randomisée de phase 3, diligentée par le Pr Michael Jon Pishvaian depuis les États-Unis et qui s'internationalise via la Belgique. " Présenté en consultation multidisciplinaire oncologique le 17 avril, le patient a en effet été enrôlé dans l'étude TIGeR-PaC (1) par nos collègues oncologues," précise Manuel Mignon. "L'objectif primaire de cette étude est de comparer la survie globale à partir du moment de la randomisation chez les patients recevant l'administration intra-artérielle de gemcitabine à l'aide du dispositif RenovoCath®par rapport aux patients qui poursuivent l'administration IV de gemcitabine et Abraxane® tous les sujets ayant une maladie stable après traitement d'induction par gemcitabine-Abraxane IV et radiothérapie. Il est prévu de recruter environ 350 sujets atteints d'un cancer pancréatique localement avancé, non résécable et non métastatique, dans une trentaine de sites aux États-Unis et six en Europe dont quatre en Belgique." " Après avoir bénéficié du traitement d'induction, constitué de deux cycles de 28 jours de gemcitabine-Abraxane IV puis d'une radio-chimiothérapie de consolidation durant cinq semaines, suivie d'un dernier cycle de gemcitabine-Abraxane IV, notre patient a finalement été inclus dans le bras de l'étude comprenant le traitement de chimiothérapie par voie intra-artérielle en l'absence de progression selon les critères Recist. Celle-ci est administrée dans notre toute nouvelle salle de radiologie interventionnelle, tous les 15 jours durant quatre mois, soit un total de huit séances, chacune ayant une durée moyenne d'une heure et demie et étant supervisée par Shaun Bagai, le CEO de la firme RenovoRX et physicien de l'étude. Par la suite, un traitement d'entretien est prévu jusqu'à la progression de la maladie." Jusqu'à présent, tout s'est déroulé normalement pour le patient belge, qui se porte bien. C'est aussi le cas de la centaine de patients déjà recrutés aux États-Unis, sachant que près de 300 procédures intra-artérielles ont été réalisées depuis mai 2015. " Une évaluation intermédiaire est prévue en juin 2022," poursuit le Dr Mignon . "Actuellement, il est encore trop tôt pour se prononcer sur l'efficacité du traitement intra-artériel même si les essais de phase I et de phase II ont montré que la nouvelle technique a presque doublé le taux de survie médian du traitement traditionnel, passant d'environ 14 mois à 28 mois, et qu'elle a augmenté le bien-être des patients par rapport à la chimiothérapie classique. C'est une amélioration très significative et nous espérons que ce résultat se reproduira dans les essais de phase III. Pour l'instant, nous avons un espoir." Cet espoir est d'autant plus remarquable qu'on parle ici d'un cancer qui est souvent mortel - il a récemment coûté la vie à la juge de la Cour suprême des États-Unis, Ruth Bader Ginsburg -, qui est très difficile à traiter avec les méthodes actuelles, et qui est en passe de devenir cette année la deuxième cause de décès lié au cancer. " Par rapport aux autres types de traitement du cancer, ceux du pancréas ont le moins progressé au cours des 20 dernières années, malgré le développement de nouveaux médicaments", assure Manuel Mignon ."Bien que les essais cliniques soient considérés comme risqués par beaucoup, les experts estiment qu'ils sont la meilleure option pour les patients atteints d'un cancer du pancréas. Enfin, contrairement aux autres essais, celui-ci n'implique pas de nouveaux médicaments, mais plutôt une nouvelle méthode d'administration que nous aimerions d'ailleurs pouvoir appliquer à d'autres cancers." " Nous sommes les tout premiers en Europe à avoir utilisé le RenovoCath®", conclut non sans fierté le Dr Mignon. " Il s'agit d'un travail d'équipe avec nos collègues oncologues, ceux de la radiothérapie et ceux de la consultation oncologique multidisciplinaire." " Le fait d'avoir pu participer à ce type d'étude est une belle reconnaissance de la qualité de prise en charge par le groupe Jolimont en tant que centre de référence pour le traitement du pancréas. Une qualité obtenue grâce aux investissements de la direction dans du matériel radiologique de pointe et le support entier de l'équipe radiologique."