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Mutuelles et prestataires de soins (médecins, dentistes, kinés, infirmiers...) ont arrêté ensemble un budget d'exactement 27.593.648.000 euros. Ils sont partis, traditionnellement, du budget 2019 de 26,518 milliards, auquel ils ont ajouté le dépassement de l'indice-santé, l'indexation des honoraires et la norme de croissance légale de 1,5% (lire tableau). C'est juste en-dessous des estimations techniques de l'Inami de 27,9 milliards.Le comité de l'assurance estime qu'une proposition en-deçà de 300 millions d'euros est la preuve qu'il veut un dialogue avec les financeurs du système et le prochain gouvernement fédéral.Les médecins, à l'unisson, ont approuvé ce budget mais pas de gaieté de coeur (lire en couverture). En effet, la marge pour de nouvelles initiatives est faible (100 millions pour autant qu'on charge le secteur pharmaceutique de 162 millions car il a dérapé en 2019).Reste à voir si le Conseil général de l'Inami ira dans le même sens ce, en l'absence d'un gouvernement fédéral de plein exercice.En attendant, le Comité de l'assurance, dans sa note, fait une série de propositions prometteuses.Il souhaite ainsi créer un groupe de travail qui ait pour mission de concrétiser une politique transversale à long terme. Il veut donc désormais travailler avec un plan financier pluriannuel (à deux ans au moins). Il permettra plus de flexibilité à un secteur qui dépasserait son budget T et se rattraperait sur le budget T+1.Il demande la création d'un " groupe de travail spécialités pharmaceutiques " pour le compte du Conseil général afin de réviser les mécanismes de gestion dans ce secteur. Il note la sous-utilisation de la masse d'indemnités des pharmaciens d'officine.Les négociateurs demandent que la norme de croissance légale soit augmentée à hauteur des besoins. Selon les estimations du Comité de monitoring, le maintien de la norme de croissance d'1,5% impliquerait des économies supplémentaires à hauteur de 2,06 milliards d'euros à l'horizon 2024. Des économies intenables qui seront payées peu ou prou par le patient via des suppléments. 2,1 milliards ont déjà été économisés de 2015 et 2019 (dont 894 millions en 2017), soit l'équivalent des remboursements des consultations et visites des médecins généralistes.Dans ses Perspectives économiques 2019-2024, en juin 2019, le Bureau fédéral du Plan estime que " les déterminants structurels endogènes des dépenses de soins de santé (prévalence des maladies chroniques, vieillissement de la population, facteurs socioéconomiques, évolution de la pratique médicale et progrès technologique médical) conduisent à une croissance moyenne de ces dépenses de 2,5 %, soit nettement au-dessus de la norme d'1,5 % ".Il faut réinvestir de manière significative dans l'assurance maladie obligatoire au cours de la prochaine législature afin de lutter contre les inégalités en santé que les nouvelles technologies risquent d'amplifier plutôt que de les diminuer. Le patient notamment âgé doit donc être pris en charge de manière multidisciplinaire et coordonnée. Il faut développer la litératie en santé (implication du patient dans son traitement).Le Comité espère retrouver un pouvoir d'initiative quant à la répartition du budget de l'assurance maladie et il faut pour ce faire " lui redonner sa place à la concertation avec les acteurs de la santé ".A l'adresse sans doute du patronat, le Comité rappelle ce constat de la Commission européenne (" Investing in health ", 2013) : " Les dépenses de santé sont reconnues comme des dépenses favorables à la croissance. Des dépenses de santé rentables et efficaces peuvent accroître la quantité et la productivité du travail en augmentant l'espérance de vie en bonne santé (...) Les faits suggèrent [toutefois] qu'il existe un potentiel considérable de gains d'efficacité dans le secteur des soins de santé. "