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Avec les bons choix et un dialogue constructif, ces réformes peuvent contribuer à un système de santé durable et pérenne. Les réformes peuvent réussir si des investissements réalistes sont faits dans des solutions réalisables et soutenues. Une préoccupation: les budgets prévus seront-ils suffisants par rapport aux besoins attendus? Le nouveau gouvernement belge a présenté son accord de gouvernement. Dans le chapitre santé, nous voyons une ambition claire de poursuivre la voie des réformes. C'est un signal positif: les réformes structurelles dans le secteur de la santé sont nécessaires et nécessitent plus d'une législature. Le défi reste cependant de réaliser ces ambitions dans un cadre budgétaire réalisable et avec le soutien du secteur. Bien qu'il soit annoncé que des investissements supplémentaires dans le secteur de la santé seront réalisés via l'indexation et la norme de croissance maintenue, nous devons être réalistes. L'évolution démographique entraîne inévitablement des dépenses croissantes. Selon le Bureau du plan, la croissance budgétaire nécessaire en cas de politique inchangée serait d'environ 3,3% par an au-dessus de l'index. Le nouveau gouvernement prévoit cependant une norme de croissance moyenne de seulement 2,4% au-dessus de l'index, ce qui signifie que des choix réels devront être faits. Cela signifie une rupture avec la méthode connue du rabot, où les acteurs de la santé doivent toujours faire plus avec moins de moyens. En tant que société, nous devrons faire des choix en gardant à l'esprit "une qualité maximale pour une efficacité maximale". Le gouvernement part du principe de soins efficaces. Ou, pour appeler un chat un chat: économiser et réorienter, dans l'espoir de libérer suffisamment de moyens pour des investissements. Cela ne peut réussir que si le secteur est impliqué dans le processus de choix. Mon expérience montre que les réformes approfondies en Belgique ne réussissent que si le patient, le professionnel de la santé et l'opinion publique sont convaincus de la valeur ajoutée de ces réformes, en termes d'accessibilité et de qualité, et si le secteur de la santé dispose de suffisamment de moyens et de temps pour s'y adapter. C'est précisément ce temps et ces moyens qui risquent de manquer, puisque la norme de croissance est d'abord réduite (de 2,5% aujourd'hui à 2% en 2026 et 2027), avant de remonter (en principe à 3% en 2029). Logiquement, les réformes nécessitent d'abord des investissements ciblés, avant de générer des gains d'efficacité. De plus, des moyens supplémentaires sont nécessaires pour augmenter l'attractivité des métiers de soins. Ces moyens devraient également, selon l'accord de gouvernement, provenir de cette même norme de croissance. Il est donc légitime de se demander si l'ambition de l'accord de gouvernement peut être alignée avec les ressources que ce même gouvernement réserve pour les soins de santé. Comme Bart De Wever le dit lui-même à la première page de son accord de gouvernement: en Belgique, on réforme selon la tradition du modèle rhénan. Donc pas de manière révolutionnaire, mais de manière évolutive. J'ajoute: on réforme en étroite concertation avec le secteur de la santé. Le secteur a déjà montré à plusieurs reprises qu'il est prêt à changer, à condition que cela repose sur une vision claire et une mise en oeuvre réaliste.