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L'idée lui est venue parce que jeune adolescent, grand lecteur de Maurice Leblanc, le futur auteur avait découvert qu'Arsène Lupin avait habité à côté de chez lui. D'où cette idée, de partir au travers des personnages de la littérature dans les pas des écrivains ou des auteurs de bandes dessinées (Jabobs ou Tardi notamment) à la recherche dans leur oeuvre d'une cartographie des lieux où ont du naître, grandir ou séjourner ces personnalités qui n'ont jamais existé. Quoique : si Georges Pérec est obsédé par le chiffre onze, c'est que c'est à ce numéro de la rue Simon Crubellier que sa mère a été arrêtée, et envoyée dans les camps où elle décèdera. Modiano qui se sert de prête-noms parfois pour raconter son histoire, est d'une précision absolue dans son devoir de mémoire. Didier Blonde soupçonne de rencontrer au 27 rue du Helder où il fait séjourner Mercédès, l'ex-fiancée d'Edmond Dantès, l'une de ses trois maîtresses. Hasard ? Nana est voisine du gentleman cambrioleur. Délicieux, ce carnet qui ne manque pas... d'adresse, pointe que le Gascon d'Artagnan, arrivé de son Sud-Ouest natal, s'installe dans une petite chambre rue Servandoni, tandis que Grenouille, serial-killer du Parfum de Süskind, prend logis rue aux Fers. En fin limier, Didier Blonde suit Maigret à la trace et jusqu'au Quai des Orfèvres bien sûr ! Cette recherche du temps et de pas perdus (les personnages de Proust sont légions dans cet abécédaire) constitue avant tout un roman de Paris. Un Paris des écrivains qui s "adressent " par livre interposé, notamment lorsque Sebald place son "héros" Austerlitz, tiré du roman du même nom, dans le 15e arrondissement, dans la rue... Émile Zola.