Les dirigeant(e)s de maison de repos ont été fortement touché(e)s durant la pandémie. Un projet du Fonds Dr Daniël De Coninck, géré par la Fondation Roi Baudouin, accompagne ces responsables en les écoutant et en leur proposant des outils pour affronter cette crise sanitaire.
...
Le Fonds Dr Daniël De Coninck a attribué 21.000 euros à un projet d'accompagnement du personnel de direction (directeurs et cadres intermédiaires) d'une dizaine d'établissements de la province de Liège. Jean-Marie Kohnen, directeur général de l'intercommunal Inago, et Alain Collard, administrateur de l'Association des gestionnaires publics de maisons de repos (MR) et de maisons de repos et de soins (MRS) de la province de Liège, ont porté ce projet . " Nous avons vu plusieurs de nos collègues qui étaient très affectés par la situation ", explique Alain Collard, lui-même directeur d'une MRS. " Certains étaient très éprouvés, d'autres sont tombés malades. Lors de vidéo- conférences entre collègues, nous voyions des visages marqués par le manque de sommeil et le stress et l'impact sur le moral. Nous nous sommes dits qu'il faudrait mettre sur pied une initiative pour soutenir ces dirigeant(e)s de MR(S). Des initiatives avaient déjà été prises notamment par Respect Seniors et l'Aviq pour aider le personnel des maisons de repos, mais il nous semblait aussi important de soutenir les directions, au sens large du terme : les directeurs, les infirmières en chef et les responsables de l'hôtellerie. Entre autres pour le permettre d'affronter une seconde vague de Covid et de redynamiser leurs équipes. Il fallait prévoir un moment pour accueillir la souffrance du personnel de direction et les aider à se remettre en selle. Les directions ne peuvent évidemment pas arrêter de travailler durant plusieurs mois et laisser leurs travailleurs gérer seuls cette situation délicate. "Le projet d'accompagnement psychosocial comporte cinq phases. Dans la première phase, déjà réalisée, les travailleurs ont participé à un débriefing collectif par groupe de métier. Quatre groupes différents ont été constitués. Le Centre de recherche et d'intervention en psychologie du travail, des organisations et de la santé au travail (Cri-Ptos) a assuré l'animation de ces groupes de parole. En tout, 41 personnes, issues de neuf maisons de repos, ont participé au projet. Dans la deuxième phase, un débriefing individuel d'une heure a été organisé par des psychologues durant les vacances. Ensuite, une synthèse de ces entretiens va être réalisée. " L'objectif est de reconnaître que la souffrance du personnel est un ressenti normal parce que la situation a été difficile ", commente Alain Collard. Les quatrième et cinquième phases sont plus formatives. L'objectif est de partager des outils qui permettent aux directions des MR(S) de faire redémarrer leurs institutions. La formation se donne d'abord par métier et puis par maison de repos. " Certaines maisons de repos, comme la mienne, ont eu nettement moins de décès de patients Covid que d'autres. La souffrance du personnel y est moins grande mais nous sommes occupés à préparer un nouveau projet pour tout de même accompagner ces personnes parce qu'elles ont aussi vécu plusieurs semaines de stress intense ", explique Alain Collard. Il souligne que les dirigeant(es) des MR(S) sont des professionnels habitués à devoir faire face à des situations délicates, dont des deuils, dans leurs institutions. " Ce sont des métiers très peu attractifs parce qu'ils demandent une très grande disponibilité. A l'instar de la disponibilité dont doivent faire preuve les médecins. "Des discussions qu'Alain Collard a eues avec ses collègues, il ressort que les directions des maisons de repos ont été très impactées durant la pandémie par la pénurie de matériel de protection et, parfois, par le manque de soutien de leurs pouvoirs organisateurs directs. A l'inverse, le service " maisons de repos " de l'Aviq s'est montré fort efficace et disponible pour soutenir les gestionnaires des institutions. " En particulier, pour alimenter la réflexion éthique au niveau du déconfinement. Durant la crise, il a fallu brider la liberté des résidents pour les protéger du virus mais cette situation ne peut être que temporaire. Certaines institutions privilégient un peu trop la sécurité. L'Aviq a décidé courageusement de pousser les MR(S) à rouvrir leurs portes aux proches des résidents. "La pénurie a également eu un impact financier important sur les maisons de repos puisque leur chiffre d'affaires est directement lié au nombre de résidents. L'aide financière de la FRB pour le projet d'accompagnement est donc tombée bien à point. Pour Alain Collard, une des leçons qu'il faut retirer de cette crise est que les MR(S) doivent pouvoir bénéficier de normes plus élevées d'encadrement, par exemple, pour les responsables des soins infirmiers et pour la coordination médicale par le médecin coordinateur. " Il y a eu près de 10.000 morts du Covid en Belgique, dont 6.000 en maison de repos. J'espère que les autorités vont tout de même tirer des leçons de cette crise. Evidemment, pour l'Aviq il va être difficile d'injecter de l'argent dans notre secteur. Je crains que par manque d'argent, on ne puisse pas beaucoup renforcer les équipes des MR(S) en Wallonie. " Dans le cadre de son plan Rebond, la Wallonie a décidé le 16 juillet de prendre des mesures pour chaque MRS puisse avoir un médecin-coordinateur.