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Albert Fox a consacré l'ensemble de sa carrière aux urgences. "À l'époque, je n'aurais jamais pensé que je travaillerais aux urgences ou en soins intensifs!", s'amuse le médecin aujourd'hui retraité. "Mon arrivée dans ce secteur est un mélange d'opportunité et de circonstances."Son objectif était initialement d'exercer en médecine interne. À la fin de ses études, le médecin se spécialise en gastro-entérologie, puis emprunte ensuite un tout autre chemin. "À la fin de ma spécialisation, j'ai appris par un ami que le service de réanimation du CHR de Namur cherchait un collaborateur. Je cherchais un emploi et j'ai donc porté ma candidature", explique l'ancien chef de service. "J'ai été auparavant assistant à Namur et à cette époque, les services des urgences et de réanimation n'existaient pas. J'ai été en contact avec les urgences telles qu'on les réalisait à l'époque, c'est-à-dire dans les couloirs de la médecine interne", se rappelle-t-il. "C'était une partie de la médecine que je trouvais intéressante."Une arrivée donc presque par hasard dans le monde des soins intensifs, qui marquera le début d'une carrière foisonnante. Rapidement après le début de sa prise de fonction, le Dr Fox, avec le responsable du service de réanimation de l'époque, constate une carence dans le fonctionnement de l'hôpital namurois. "On s'est rendu compte que certains patients arrivaient en soins intensifs après avoir attendu plusieurs heures, et parfois dans un état assez catastrophique. En cause, l'absence de tri à l'admission."Pour combler ce manque, il crée, en 1977, le service des urgences. Une première dans le Namurois. Le service, dont le Dr Fox est responsable, est d'abord de petite échelle. Les locaux sont assez sommaires et l'équipe médicale, composée de peu de personnel. Il faut dire que le nouveau service détonne avec le fonctionnement traditionnel de l'hôpital. "Avant la création du service des urgences, les patients se rendaient rarement spontanément à l'hôpital. Ils étaient la plupart du temps directement envoyés à un médecin de l'hôpital par le leur." Mais très vite, la population namuroise prend connaissance du nouveau service et les habitudes changent. Le service est victime de son succès, il faut recruter davantage de bras et prévoir de nouveaux locaux afin d'accueillir l'ensemble des patients. Côté corps médical, on voit d'abord ce service d'un mauvais oeil, raconte Albert Fox. "Le corps médical de l'hôpital et les médecins généralistes considéraient ce service comme une forme de concurrence." Au fil des années, l'efficacité et l'intérêt du service sont cependant reconnus. "La création des urgences a également permis une réorganisation de l'hôpital", complète l'intéressé. "L'ensemble des services ont au fur et à mesure ouvert leurs propres permanences. Cela a donné au CHR une expertise supplémentaire."Quelques années passées au service des urgences et, déjà, le médecin entame la création d'un nouveau service. "Avec le service des urgences, on a essayé de répondre à une carence de l'hôpital. Et quand vous répondez à une carence, vous en découvrez une autre", sourit le médecin. Le Samur, service de médecine préhospitalière, est créé en 1985 à partir du constat d'un chaînon manquant entre la prise en charge du patient à son domicile et l'arrivée à l'hôpital. Avec ce nouveau service, la prise en charge sur le terrain, par une équipe médicalisée, de patients en état critique est désormais possible. Sa carrière ne s'est pas uniquement illustrée autour de l'exercice pur de la médecine. Professeur à l'école des infirmiers ainsi qu'à l'Université de Namur, maître de stage de nombreux jeunes médecins, Albert Fox n'a pas lésiné sur la transmission de son savoir aux jeunes générations. "L'objectif était de transmettre un savoir-faire ainsi qu'unsavoir-être", résume le médecin. Vice-président puis président de la Commission francophone de médecine d'urgence jusqu'en 2009, on lui doit également une contribution à la création de la spécialité en médecine d'urgence. La remise, en 2010, du prix Blondeau (prix annuel récompensant un Namurois méritant) au Dr Fox n'a pas créé la surprise, vu sa carrière. En 2022, le CHR a également voulu rendre hommage à son ancien chef de service en donnant son nom à l'un des locaux du nouveau service des urgences. "Avec ces différentes actions, je ne peux que penser que ce que j'ai fait a servi à quelque chose, et que cela a été reconnu comme tel", déclare, modeste, le médecin. Albert Fox n'a pas encore totalement raccroché les gants. S'il n'exerce plus la médecine, il est collaborateur scientifique en bioéthique. Une activité de recherche qui le mènera dans quelques jours à Madagascar, où il participera à un projet de prévention des maladies bucco-dentaires.