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Les principales interrogations concernent la création de la fonction d'assistant de pratique, dont la formation débutera à l'automne 2024. L'assistant de pratique est censé remplir des tâches administratives - comptabilité, gestion, soutien, logistique - et des tâches de soutien médical telles que des actes infirmiers simples. Deux hic. D'abord, le flou qui entoure les fonctions et les tâches de l'assistant de pratique. Ensuite, le manque de concertation dénoncé tant par le terrain que par les politiques. Cela rappelle, non sans étonnement, le sort réservé au banc médical: l'Association belge des praticiens de l'art infirmier (ACN) et la Fédération nationale des infirmières de Belgique (FNIB) estiment ne pas avoir été suffisamment concertées. La Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), censée organiser la formation dans moins d'un an côté francophone, ne semble pas avoir été concertée non plus, apprend-on de Françoise Bertieaux (MR), ministre francophone de l'Enseignement supérieur. "Le ministre fédéral de la Santé publique a annoncé la création de la nouvelle profession paramédicale d'assistant de pratique. Il a fait cette annonce sans s'être concerté avec les Communautés, sans s'assurer que le volume horaire correspond à celui d'une de nos qualifications et tout en laissant donc la possibilité aux Communautés de s'en saisir pour organiser la formation y afférente. J'ai donc fait mon devoir et interrogé l'Ares quant à l'opportunité d'organiser cette formation en Fédération Wallonie-Bruxelles." Et la ministre de préciser que dans son avis du 7 novembre dernier, "l'Ares estime que l'enseignement supérieur pourrait se saisir du nouveau profil d'assistant de pratique s'il répond à un besoin détecté dans son environnement, pour autant que soit clarifiée la place des différents cursus les uns par rapport aux autres et pour autant qu'on analyse la cohérence de l'ensemble." Bref, c'est loin d'être fait côté francophone. Côté néerlandophone, la formation devrait commencer dès la rentrée prochaine. Dès lors, les questions fusent sur le banc politique, notamment du côté des Engagés et de Défi. Sophie Rohonyi (Défi) souligne que "beaucoup d'incertitudes entourent cette nouvelle fonction, mais aussi son financement, les tâches qui seront effectivement déléguées (ou non) à ces nouveaux assistants, ou encore la question de la concertation qui aurait été réalisée (ou non) avec les médecins généralistes, mais aussi avec les infirmiers". "L'idée de créer cette fonction fait suite à la recommandation du groupe de réflexion New Deal", rappelle Frank Vandenbroucke. "Bien évidemment, le point de départ était le constat d'une pénurie de personnel soignant assez difficile à surmonter.""Le futur arrêté royal décrit strictement, dans son annexe, les actes qui peuvent être confiés à l'assistant de pratique sous la responsabilité et le contrôle du médecin. La liste a été dressée sur la base des avis des différents conseils consultatifs, dont le Conseil supérieur des médecins. Cette liste a également été rendue publique dans le cadre du test de proportionnalité. Les organisations qui ont donné des avis à propos de l'assistant de pratique sont, entre autres, le Conseil de l'art infirmier et la Commission technique de l'art infirmier. Ils ont remis un avis conjoint en février 2023. À la suite de cet avis, et de l'avis du Conseil supérieur des médecins, du Conseil fédéral et de la Commission technique des commissions paramédicales, le projet initial a été modifié.""Il a été choisi de créer une nouvelle profession paramédicale pour garantir la qualité des soins, ce qui n'était pas initialement l'idée. Nous avons vraiment changé de cap et de stratégie et choisi une piste de définition d'un nouveau profil paramédical sur la base des avis reçus.""Vous ne répondez pas aux questions", rétorque Catherine Fonck. "En réalité, vous dites qu'il s'agit d'un assistant de pratique qui bénéficierait d'une petite formation et viendrait essentiellement en soutien, et qui ferait des prises de sang. C'est inaudible et c'est, à mon sens, assez grave par rapport aux patients et aux impacts que peut avoir ce type d'approche. Ceci afin de démontrer noir sur blanc qu'il y a un problème. Vous évoquez les avis du Conseil fédéral de l'art infirmier et de la Commission technique de l'art infirmier. À ma connaissance, vous semblez à ce stade-ci n'avoir suivi ni leur avis contraignant, ni leur avis consolidé. J'ose donc espérer qu'un virage s'opérera et que ces avis seront pris en considération. Parce que, pour vous redire les choses, autant je suis favorable à ce qu'il y ait un tandem avec le médecin généraliste, autant je pense que le tandem par rapport au suivi des malades chroniques doit se faire avec un infirmier. Avec un soutien administratif à côté, pourquoi pas, mais il ne s'agit pas là d'un "petit" infirmier ou un "infirmier light".""Ce que vous ne dites pas, c'est que ce groupe de travail plaidait en fait pour un infirmier en tant que tel, dûment formé, et non un assistant de pratique, d'autant plus qu'il existe aujourd'hui un master en sciences infirmières", enchérit Sophie Rohonyi. "Vous ne tenez absolument pas compte de la réalité de terrain. On peut tout à fait comprendre l'objectif légitime d'aller vers une complémentarité des fonctions pour alléger les uns à travers une expertise ou des tâches qui peuvent être déléguées et exercées par d'autres. Or, dans certains cabinets médicaux, cette complémentarité sera impossible à exercer, en particulier lorsque vous exercez seul."