Destiné à apporter une aide aux urgentistes et aux radiologues lorsqu'ils diagnostiquent des fractures, BoneView, le nouveau système d'intelligence artificielle (IA) a déjà fait ses preuves sur le terrain et il vient de faire l'objet d'une publication scientifique aux résultats probants.
...
Fondée en 2017, Gleamer, une Medtech parisienne, a développé un logiciel basé sur l'IA qui détecte les fractures, les contusions, les luxations et les lésions osseuses via les radiographies. Associé à l'appareil de radiographie, l'outil, baptisé BoneView, analyse les images médicales et donne une appréciation sur l'existence ou non de fracture(s). L'enjeu est de les identifier rapidement même dans les cas subtiles ou complexes. En pratique, les radiographies sont téléchargées sur un serveur où l'algorithme est installé. L'analyse de l'imagerie médicale peut alors commencer. Elle dure moins de trois minutes. Destiné à fournir des données préliminaires pour le diagnostic, le programme dispose de trois niveaux d'appréciation: il indique sur l'image "fracture", "pas de fracture" ou "doute". Visuellement, il trace une ligne pleine lorsqu'il détecte un os cassé et lorsqu'il n'est pas sûr, il place une ligne en pointillé à l'endroit où une fracture osseuse est suspectée. Responsable ultime, un radiologue doit alors prendre le relais afin de procéder à des examens complémentaires. Considéré comme une aide à la décision pour la détection des fractures osseuses, BoneView n'a donc pas vocation à remplacer l'expertise humaine. L'objectif de BoneView est d'automatiser la lecture des images médicales pour diminuer la durée de lecture des radiographies, dégager du temps au praticien afin qu'il puisse se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, et fluidifier le parcours de soin des patients traumatiques. Selon Gleamer, l'algorithme a déjà analysé près de deux millions d'images et est utilisée dans plus de 130 sites, ce qui correspond à près de 1.500 utilisateurs. L'entreprise française affirme que sa valeur prédictive négative est de 99.7% et qu'il réduit de 30% le nombre de faux négatifs. Les résultats d'une étude clinique récente confortent Gleamer. Avant le début de cette étude, le système a été entraîné sur 60.170 radiographies traumatiques. Puis, entre 2016 et 2018, 600 patients adultes ayant fait l'objet d'un traumatisme récent, avec ou sans une ou plusieurs fractures (épaule, bras, mains, bassin, jambe ou pied), dans 17 centres d'imagerie français, ont été inclus dans une cohorte. Six radiologues et six médecins urgentistes ont alors été invités à détecter et à localiser les fractures avec et sans l'aide du logiciel. Bilan: BoneView a permis de diminuer de 30% le taux de fracture non-détectées, de réduire le nombre moyen de faux positifs de 42% chez les patients sans fracture, d'améliorer la sensibilité des médecins de 12% pour les fractures uniques et de 22% pour les patients présentant plusieurs fractures, et de baisser le temps de lecture moyen des radios de 15%. Des résultats sans équivoques sur des examens sélectionnés pour leur difficulté, c'est-à-dire avec des fractures dites non évidentes. À propos de BoneView, signalons encore qu'en mars 2020, Gleamer a reçu le marquage CE, label indispensable pour la commercialisation dans l'Union européenne comme un dispositif médical de classe IIa. Aujourd'hui, il est utilisé par plus de 50 hôpitaux dans une vingtaine de pays.