C'était dans l'air il y a quelques semaines déjà, mais les récentes données épidémiologiques ont accéléré la procédure: la population devrait recevoir une troisième dose d'ici fin février, selon les scénarios retenus par la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale.
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Le Conseil supérieur de la Santé a remis plusieurs avis sur l'utilité d'une troisième dose pour la population. D'abord jugée utile pour les personnes immunodéprimées, puis pour les personnes de plus de 65 ans, puis pour le personnel soignant, elle l'est maintenant pour l'ensemble de la population. "Les données scientifiques, principalement venues d'Israël, montrent que c'est nécessaire", justifie Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé. "Nous avons la chance d'avoir Israël qui anticipe tout ce qui se passe en Europe de quelques mois, ce qui nous permet de nous préparer plus facilement", confirme le Dr Lambert Stamatakis, délégué général wallon pour le Covid-19. "Israël a choisi d'administrer une troisième dose quelques mois avant nous. Pourquoi? Parce que la protection conférée par le vaccin diminue avec le temps, ce qui a été confirmé par des études. Nous sommes très bien protégés au départ, mais la protection diminue au fur et à mesure que les mois passent. Sur cette base, et sur le fait que les contaminations augmentent, Israël a décidé de faire une troisième dose de vaccin. Le cas d'Israël a fait l'objet d'une publication. Il en ressort que l'on est protégé à peu près d'un facteur dix avec une troisième dose par rapport aux personnes ayant reçu une vaccination complète. Cela veut dire dix fois moins d'hospitalisations, d'admissions aux soins intensifs et de décès."Grâce à ce suivi de la littérature, la Région wallonne a pu anticiper la décision de la CIM Santé. "Nous étions relativement bien préparés et nous avons pu démarrer très tôt l'administration d'une troisième dose dans les MR-MRS et dans les hôpitaux."Codeco vendredi, CIM Santé samedi, et des annonces en cascade: la concordance entre l'annonce de l'administration généralisée d'une troisième dose et la gestion de la quatrième vague est un fait. Pourtant, il n'y a pas de rapport direct, assure la ministre. "Nous sommes presque au pic, du moins nous l'espérons. Mais cette troisième dose n'est en rien liée à la gestion de la quatrième vague. Elle ne va pas nous aider à lutter contre cette vague, mais elle va contribuer à renforcer notre bouclier pour l'avenir. Combinée à d'autres mesures, comme la distanciation sociale, il s'agit d'une arme efficace pour faire reculer le virus. On le constate avec encore plus d'acuité aujourd'hui: un virus continue de muter si nous ne sommes pas protégés. Il est donc important de continuer à responsabiliser la population sur la vaccination. C'est également le cas pour la primo vaccination: 10.500 nouvelles personnes ont passé les portes d'un centre de vaccination la semaine dernière. C'est un travail compliqué, mais nécessaire de la part de la première ligne."Pour réaliser ce travail de Sisyphe, le paysage de la vaccination va changer. "465.000 personnes ont reçu une dose de rappel en Région wallonne. Mais il reste 1,68 million de personnes à vacciner. Elles seront bientôt invitées", explique Lambert Stamatakis. Il y aura deux critères. D'abord l'éligibilité, en fonction du schéma de vaccination qui dépend du vaccin que l'on a reçu. Il faudra attendre deux mois après la deuxième dose pour J&J, quatre mois pour AstraZeneca et six mois pour Pfizer et Moderna. Deuxième critère: l'âge. La Wallonie entend continuer à vacciner par tranche d'âge. "D'ici fin février, nous devrions avoir vacciné l'ensemble de la population", estime le délégué général Covid-19. Les structures wallonnes doivent être adaptées en conséquence. De nouveaux centres et de nouvelles antennes vont voir le jour. De 22 centres, on passe à 34. De neuf antennes mobiles, on passe à un total de 22. Les horaires et les jours d'ouverture seront également élargis. D'autres dispositions mises en place lors de la première campagne de vaccination restent d'application. Les médecins généralistes qui le souhaitent pourront donc continuer à vacciner (8.000 vaccinations la semaine dernière, un record). "Nous essayons de raccourcir les délais pour qu'ils puissent venir chercher le matériel nécessaire en centres de vaccination ou en pharmacies. Nous avons d'ailleurs augmenté le nombre de pharmacies relais. La vaccination en pharmacie augmente également puisque 95 pharmacies sont désormais ouvertes à la vaccination contre 64 auparavant." Qvax est également réactivé. L'objectif est d'atteindre 185.000 vaccinations par semaine. Comme en Wallonie, il y a une augmentation du nombre de structures. Il y aura quatre centres et 14 antennes de vaccination à Bruxelles. La stratégie est cependant différente de la Wallonie, puisqu'il n'y aura pas de critères d'âge. Tous les Bruxellois peuvent donc d'ores et déjà s'inscrire pour la troisième dose. Seule condition, comme en Wallonie, suivre le schéma de vaccination prévu selon le vaccin administré. Bruvax et le call center sont déjà à pied d'oeuvre. Des invitations sont néanmoins envoyées progressivement cette semaine par âge décroissant, toujours en donnant la priorité aux groupes déjà appelés (personnes immunodéprimées, 65+, personnel de soin). " La décision d'élargir la dose booster à tous les Bruxellois est possible grâce aux capacités de vaccination mises en place qui sont équivalentes à celles déployées au mois de mai 2021", détaille Inge Neven, responsable du dispositif Covid-19 de la Cocom. "Nous souhaitons ainsi remplir au maximum les plages horaires et assurer l'écoulement optimal de tous les vaccins. Si nécessaire, les heures de prises de rendez-vous pourront être élargies. Et enfin, nous laissons une grande capacité pour la primovaccination, cette protection de base reste notre priorité." Objectif: vacciner 60.000 personnes par semaine.