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Une sorte de sidération semble toucher ces photographies qui surprennent les coins de la ville dans une sorte de paralysie surréelle. Même si ces superbes clichés noir et blanc sont diurnes, ils évoquent les vues nocturnes d'Ostende de Léon Spilliaert au début du siècle dernier. Mieux, la vue sous le soleil de La Maison du Roi, immeuble en face de l'Hôtel de Ville de Bruxelles sur la Grand-Place rappelle L'empire des lumières de Magritte. De la petite ceinture, prise à même le macadam à la sortie d'un tunnel, à la place Sainte-Catherine en passant par le bâtiment de l'INR place Flagey, l'Old England, le théâtre de La Monnaie voire le sous-sol de la Gare centrale où se tient contre le mur comme une cariatide à smartphone - une rare personne, ces photographies sont comme le vestige éploré d'une cité, d'un pays disparu, l'âme fantôme d'une histoire brutalement interrompue. Elle met aussi en exergue la prise de conscience d'une population, non pas disparue, mais terrée face à la menace de cette bombe à neutrons. Preuve que tout le monde est conscient du danger, même le petit bonhomme symbole de la ville, continue d'uriner en portant son masque. Lui aussi partipisse !