Le Conseil général a approuvé ce lundi son budget pour 2024 sur proposition du fédéral. De nouvelles initiatives soutiendront le conventionnement et des soins intégrés et abordables, avec une attention particulière à la santé mentale. Mais les syndicats et les fédérations hospitalières regrettent le manque de moyens alloués aux médecins et aux hôpitaux.
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Un budget de 42,7 milliards d'euros est prévu pour l'assurance soins de santé en 2024, soit 2,65 milliards d'euros de plus par rapport à 2023. Une hausse qui permet d'indexer les rémunérations des prestataires de soins et de répondre aux besoins croissants, estime le cabinet Vandenbroucke. Une marge de 168,8 millions d'euros est ainsi créée pour de nouvelles mesures, en plus d'une augmentation de 93 millions d'euros des moyens destinés aux soins de santé mentale. "Ce budget nous permet de poursuivre sur notre élan d'investissements et de réformes dans les soins de santé. En réalité, ce budget est un véritable booster, qui nous permet d'encore avancer à plein régime pendant cette dernière année de législature", commente Frank Vandenbroucke. Les professionnels de l'art infirmier sont parmi les bénéficiaires du budget 2024. "Nous libérons 30 millions d'euros pour permettre à plus de personnes d'opter pour un emploi d'infirmier ou d'aide-soignant dans nos hôpitaux, nos services de soins à domicile et d'autres secteurs financés par le fédéral: nous investissons à nouveau 23 millions d'euros dans le projet de formation couronné de succès '#ChoisisLesSoins', qui permet de créer 170 places de formation supplémentaires, et nous investissons 7 millions d'euros dans l'accompagnement des personnes qui débutent ou qui recommencent à travailler dans le secteur des soins", précise le ministre fédéral de la Santé. "Nous prolongeons également une mesure qui permet aux hôpitaux d'engager des personnes pour soutenir les infirmières et les aides-soignantes dans les tâches administratives ou logistiques, avec un budget ponctuel de 21 millions d'euros. Car les infirmières et les aides-soignantes doivent pouvoir se concentrer sur les soins aux patients. Toutes mesures confondues, il s'agit donc d'un coup de pouce de 51 millions d'euros pour du nouveau personnel et pour soutenir notre personnel de soins."La santé mentale est l'autre élément fort du budget. "Nous avons déjà augmenté les budgets consacrés à la santé mentale de 330 millions d'euros au cours de cette législature. Cependant, les besoins restent élevés", concède Frank Vandenbroucke. "C'est pourquoi un investissement supplémentaire de 93 millions d'euros est inscrit au budget 2024. D'une part, cela nous permet d'encore renforcer les soins psychologiques à bas seuil que nous offrons actuellement en première ligne et de mettre encore davantage l'accent sur la présence de psychologues et d'orthopédagogues cliniciens dans les lieux d'accroche où se rendent les personnes en difficulté, allant des maisons de jeunes aux écoles, en passant par les CPMS, les cabinets de médecine générale, les services sociaux, etc. D'autre part, nous pouvons aussi renforcer nos nouvelles initiatives d'accueil de crise en cas de problèmes graves. La mise en oeuvre de ces investissements aura lieu courant 2024, ce qui signifie que l'impact budgétaire se fera pleinement sentir en 2025. L'effort fédéral supplémentaire de ce gouvernement en matière de soins de santé mentale dépassera les 400 millions d'euros." Gibbis, la fédération des institutions bruxelloises, salue les efforts qui ont été faits pour le soutien du personnel soignant mais déplore le fait que si peu de moyens sont alloués aux hôpitaux malgré la situation précaire dans laquelle ceux-ci se trouvent. "Les demandes des hôpitaux n'ont pas été suffisamment entendues. Les priorités pour les prochaines discussions budgétaires devront sans conteste se concentrer sur le soutien des hôpitaux pour leur assurer une meilleure santé financière et l'allocation de budgets spécifiques pour augmenter l'attractivité du secteur pour le personnel soignant, le combat contre la cybercriminalité et le financement des pensions statutaires", insiste Dieter Goemaere, directeur hôpitaux de Gibbis. "Aucun nouveau soin ne peut être financé avec cette indexation, et certainement pas en périodes de forte inflation", ajoute le Dr Johan Blanckaert, président de l'Absym. "Il ne reste en effet quasi aucune marge pour de nouvelles mesures à négocier en Médico-mut, hormis une utilisation (partielle) de la masse d'index des médecins (qui est de 6,05%, soit 641,225 millions d'euros), alors que l'inflation est restée très élevée au début de 2023 et que l'indexation précédente (au 1/2/2023) n'a déjà pas suffi à couvrir l'inflation de 2022!", réagit le GBO/Cartel. "Alors qu'ils représentent 28,6% du total du budget des soins de santé, les médecins n'obtiennent que 11,3% (10,814 millions d'euros) de l'attribution de la marge disponible de 168,862 millions d'euros)." Les deux syndicats saluent l'octroi de budget notamment pour les médecins en formation. Mais ils soulignent également des moyens mis à disposition des médecins nettement insuffisants. "Le gouvernement est sourd aux aspirations de la base", tonne le Dr Blanckaert, qui regrette le manque de concertation. "Sur les 168,862 millions d'euros disponibles pour de nouvelles initiatives, il n'y a pas un seul euro pour les médecins, à l'exception d'un investissement de 203.000 euros pour les maisons médicales. On ne peut interpréter cela autrement que comme un doigt d'honneur envers ceux qui déposent des projets au sein de la Médico-mut, à savoir l'Absym, le Cartel, AADM et les mutualités."