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La parole est à Maggie De Block, actuellement cheffe de groupe pour l'Open VLD à la Chambre. Pendant la pandémie de 2020-2021, elle a fait l'objet de nombreuses critiques en tant que ministre des Affaires sociales et de la Santé publique. Pourtant, elle regarde dans le rétroviseur avec un bon sentiment. "'If you can't stand the heat, get out of the kitchen'. La politique n'est pas une promenade de santé", déclare maintenant Maggie De Block. "Je ne le regrette pas. Ce fut une belle période, précieuse à mes yeux. Heureusement, il y a toujours des gens qui prennent leurs responsabilités, veulent faire changer les choses et contribuent à ces changements. J'avais une équipe enthousiaste et je suis encore en contact avec de nombreux membres du Cabinet de l'époque. Tout le monde est satisfait par rapport au travail qui a été accompli. Ce fut un parcours incroyable. Un pour tous et tous pour un."Maggie De Block se souvient: "Nous travaillions jour et nuit et prenions des décisions sur la base d'informations incomplètes. Comme d'autres pays, nous avons suivi les conseils des scientifiques et avons dû procéder à des ajustements constants. Au début, sans accès aux hôpitaux chinois, ils parlaient d'une légère grippe. Jusqu'à ce que le système de santé du nord de l'Italie s'effondre. Ce n'était pas normal. Les Italiens ont appliqué les mêmes mesures que les Chinois, mais un lockdown limité à 12 villages n'a pas fonctionné. Le virus s'était déjà répandu partout."Sous la direction de Mario Monti, 15 pays de l'OMS ont créé une commission. "Tout le monde cherchait, il y avait trop peu d'échanges d'informations. Il y avait des recommandations internationales. Et oui, un seul pays a correctement communiqué le nombre de décès à l'ECDC: la Belgique. Les autres n'étaient pas encore prêts. Le 'game changer' - les vaccins - n'est arrivé qu'au cours de la deuxième vague."Et Maggie De Block de poursuivre: "Une nouvelle pandémie peut toujours apparaître. Plus de la moitié des infections que les gens peuvent contracter peuvent être transmises par des animaux. Il y a donc beaucoup de zoonoses. Nous devons apprendre à vivre avec cette réalité." Dès le départ, l'accent a été mis sur les humains, les animaux et les plantes. "Sciensano, avec huit institutions impliquées, s'est regroupé en une seule institution faîtière. Y compris l'ancien ISP et le CERVA qui ne s'occupe que des animaux. C'est ainsi qu'est née une réelle collaboration. Les données étaient surveillées, monitorées et transmises selon le principe 'one health'."Maggie De Block souligne qu'elle gérait des départements lourds. Néanmoins, la note de politique générale a été exécutée dans son ensemble. "Beaucoup de choses sont venues s'ajouter", explique-t-elle. "Ebola au début et puis, en mars 2016, les attentats de Zaventem et Maelbeek. Un choc. Les contacts avec les familles, les hôpitaux, les ambassadeurs... nous ont pris beaucoup d'énergie." Le gouvernement a également travaillé longtemps en affaires courantes. "À la Chambre, nous avions une majorité 'tolérée' de 36 sur 150. La commission Affaires sociales comptait 14 membres de l'opposition, la majorité trois... Les réunions n'en finissaient pas.""Pourtant, après des années de relative stagnation, les réformes ont provoqué un véritable bouleversement. Mon successeur, Frank Vandenbroucke, fait avancer la loi sur la qualité, les réseaux hospitaliers et le financement des hôpitaux... La preuve que tout cela était bien ficelé. En outre, la collaboration entre les pharmacies hospitalières est désormais possible et nous avons instauré des forfaits dans les soins à basse variabilité alors que nous nous heurtions à de nombreuses résistances. Différents groupes sont allés au Conseil d'État avec le même avocat. En vain. Je ne suis pas triomphaliste, mais nous savions simplement que nous étions sur la bonne voie."L'ex-ministre de la Santé se dit satisfaite des réalisations en matière de soins intégrés, de la généralisation du tiers payant obligatoire pour les personnes ayant un régime préférentiel et surtout du remboursement de l'aide psychologique dans la première ligne. "Cela ne figurait même pas dans l'accord gouvernemental. Et ce n'est pas assez, mais ce sont de grandes avancées."Elle fait également référence à la numérisation des certificats médicaux et des prescriptions de médicaments ainsi qu'au Personal Health Viewer. La généraliste de Merchtem est fière du remboursement depuis 2021 de l''oncofreezing'. "Les jeunes hommes et les jeunes femmes qui suivent un traitement oncologique déboursaient auparavant des milliers d'euros pour faire congeler leurs ovules ou leur sperme. Idem pour le remboursement de la reconstruction mammaire et du NIPT. Auparavant, ce test coûtait entre 700 et 900 euros. Maintenant qu'il est gratuit, 94% des femmes enceintes s'y soumettent. C'est essentiel."La Commission Monti a recommandé la création d'un nouveau groupe consultatif mondial de l'OMS composé d'experts du monde entier. "L'objectif est d'organiser quatre réunions de deux jours par an et de travailler par voie numérique pour le reste. D'ici à l'Assemblée générale de l'OMS, à l'été 2024, nous élaborerons des recommandations et des bonnes pratiques."Les obstacles institutionnels, professionnels et techniques sont nombreux. "Le partage des données est une question délicate. Et les zoonoses nécessitent une collaboration entre disciplines. Pas toujours facile. Mettre en oeuvre des mesures, engager des gens... cela coûte de l'argent. Nous essayons d'amener les banques à s'engager dans une démarche durable."