" Soyons francs : sans les moyens mis à disposition par le Fonds Dr Daniël De Coninck, nous n'y serions pas arrivés. " Les centres de tri étaient une nécessité vitale... mais il n'y avait pas d'argent pour les mettre en place.
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C'est ce que nous raconte le Dr Kristof Jeunen, responsable du centre de tri de Bree (Limbourg), qui a ouvert ses portes le 19 mars - cinq jours à peine, donc, après le début du confinement. Il a permis, pour les généralistes de Bree, Oudsbergen, Maaseik et Kinrooi, de résoudre l'épineux problème de savoir comment prendre en charge les patients potentiellement infectés par le Sras-CoV-2 sans risquer de contaminer leurs cabinets. Au-delà de la sécurité des cabinets de médecine générale, il était également très important de décharger autant que possible les urgences hospitalières... et pourtant, les deux cercles qui ont assuré la création et le fonctionnement du centre de tri de Bree ont dû trouver eux-mêmes les moyens nécessaires. " Lorsque j'ai vu l'offre du Fonds Dr Daniël De Coninck de la Fondation Roi Baudouin, j'ai sauté sur l'occasion ", relate le Dr Wim Beenders, président du cercle de médecine générale Kinema (Kinrooi, Neeroeteren, Maaseik). " D'autres cercles des environs avaient déjà fait de même. Comme nous sommes un centre de tri relativement modeste - la tournante repose sur environ 55 médecins - nous avons touché 5.000 euros. Kinema collabore pour cela avec le cercle de Bree et Oudsbergen, comme pour le poste de garde de Bree (les généralistes d'Opglabbeek travaillent actuellement avec Genk, mais rejoindront le reste de la commune d'Oudsbergen en 2021). " Le Dr Jeunen tient à insister sur la formidable solidarité qui s'est mise en place - surtout entre les médecins, mais pas uniquement. Un noyau dur de neuf généralistes a créé le centre de tri et continue à en assurer la coordination médicale. Une partie de l'administration a longtemps pu être déléguée à une quarantaine de bénévoles (sélectionnés dans un pool de candidats plus important), ce qui a permis de comprimer les frais de personnel... et fort heureusement, du reste, car les autorités ont beaucoup traîné à dégager des moyens financiers. Fin juin encore, le Dr Wim Beenders signait avec de nombreux autres présidents de cercles une lettre de Domus Medica pour attirer urgemment l'attention des pouvoirs publics sur le fait que les centres de tri ne pouvaient pas continuer à fonctionner gratuitement. Au cours du confinement, le centre de tri voyait passer quotidiennement de 20 à 50 personnes. Sa fermeture a brièvement été envisagée lorsque les choses se sont calmées à la fin de la première vague, mais les membres des cercles étaient prêts à continuer la permanence. Entre-temps, le centre reçoit à nouveau jusqu'à 60 personnes par jour, principalement des contacts de patients-index. Il a aussi fait l'objet de quelques modifications. " Comme nous savons qu'il devra rester ouvert au moins jusqu'à la mi-janvier, nous avons recruté deux travailleurs administratifs. Les bénévoles aussi continuent à nous aider et, bonne surprise, ils ont même touché entre-temps un petit défraiement. " Le centre dispose également désormais de trois infirmiers, qui se chargent de réaliser les tests . " Il est déjà arrivé plusieurs fois qu'un patient se présente en pensant avoir attrapé le covid et doive finalement être référé à l'hôpital parce qu'il s'est avéré que ses plaintes dissimulaient un autre problème. " Les consultations, elles, restent du ressort des médecins de famille. " Pour l'instant, c'est animé mais pas trop. Tant que le nombre de cas n'augmente pas de manière excessive, nous pouvons encore si nécessaire caser un infirmier supplémentaire ", pense le Dr Jeunen. " Si l'épidémie reprend à un rythme exponentiel, nous devrons toutefois aller discuter avec les hôpitaux. " " La question est aussi de savoir si Sciensano va modifier sa stratégie. Si nous devons continuer à tester tous les contacts à haut risque, nous pourrions nous retrouver en difficulté ", enchaîne Wim Beenders. " Pour chaque test que nous demandons, nous devons aussi compléter un formulaire électronique. S'il y avait moins d'administration, nous pourrions accroître notre capacité de testage ", observe Kristof Jeunen. " Ce qui m'inquiète beaucoup pour l'instant, ce sont les saisonniers qui viennent pour la cueillette des fruits ", ajoute le Dr Beenders . " Et puis il y a la saison de la grippe qui approche. Pour assurer le bon déroulement de nos activités ordinaires à l'approche de l'hiver, ce serait bien de disposer d'une sorte de feuille de route. Quelques conseils pratiques ne seraient pas du luxe. " En ce qui concerne le traçage des contacts, les deux généralistes s'accordent à dire qu'il fonctionne mieux à l'échelon local. " Le call center flamand reste trop lent, trop peu performant ", estime le Dr Jeunen au moment où nous l'interviewons, début août. " Nous avons déjà mis en place une structure pour permettre aux généralistes de transmettre des informations sur les nouveaux cas aux autorités communales, afin de leur permettre de prendre les mesures qui s'imposent. Les trois zones de première ligne de la région (Maasland, Kemp en Duin et Noord-Limburg) ont formé une équipe composée de quatre personnes pour chaque zone, avec un point de contact médical unique, qui peut faire office de guichet pour le transfert de l'information. " Il faut aussi être attentif au maintien de la quarantaine, ajoute encore le Dr Jeunen. " Les gens sont trop nombreux à penser que si le test est négatif, elle n'est plus nécessaire. "