Nonobstant un plan global d'urgence pandémique qui prévoirait tout, les autorités politiques et sanitaires disposent en réalité de pas mal de documents dans les tiroirs. Dont un " Plan belge en cas de pandémie grippale " encore partiellement en ligne sauf son pendant opérationnel. Diverses notes politico-sanitaires peuvent encore être retrouvées grâce au système de Wayback Machine qui déterre les liens URL morts ou enterrés sur la Toile.
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Dans notre Spécial Covid à paraître mi-juin, Erika Vlieghe, présidente du Groupe d'Experts en charge de l'Exit Strategy, admet que les autorités ont sauté dans le vide et " qu'une bonne préparation pandémique et des personnes qui avaient une expérience de crise ont fait défaut. Les politiques n'ont donc pas pu s'appuyer sur ces éléments inexistants. La structure complexe de l'État, dans laquelle tout le monde se regarde et personne ne prend ses responsabilités, a fait le reste. " En février, " tout était encore assez abstrait. Le Covid-19 semblait encore être une pathologie de voyage à laquelle nous pouvions réfléchir. Cela est devenu plus concret lorsque le virus a atteint l'Europe. Tout le monde était alors sur le pont. Mi-février, nous avons commencé à imaginer tous les cas de figure. Nous sommes allés rechercher de vieux plans pandémiques (sic ! ) . Qu'avons-nous ? Que devons-nous actualiser ? Qui y associer ? Quel rôle pour les hôpitaux et les réseaux ? Un point important était que nous pouvions construire sur des structures existantes. "Parmi les " vieux plans pandémiques ", figure un Plan belge en cas de pandémie grippale daté de 2006. Le plan émet notamment l'hypothèse que la grippe aviaire H5N1 puisse très mal évoluer. " La survenue d'une mutation du virus et le développement d'une pandémie de grippe humaine, pourrait avoir la même sévérité que la dernière grande pandémie de 1918 (grippe espagnole qui a tué 50 millions de gens, ndlr) . " " Les expériences du passé ont mis en lumière le manque de préparation des États pour faire face à ce type de situation. "Une structure préventive est décrite dans les détails. Elle est calquée sur l'organisation mise en place au sein du Commissariat interministériel Influenza, suite au mandat donné par la Conférence interministérielle " Santé publique " en octobre 2005. Ce " commissaire Influenza " qui nous a tant manqué face au covid, avec, cette fois, divers comités Théodule et, malgré leur compétence indéniable, une multitude d'infectiologues devenus des stars du petit écran mais capables de se contredire dans la même journée. Alors qu'une polémique a un temps existé face à l'efficacité des masques, Maggie De Block, notamment, les estimant " scientifiquement inefficaces " (on peut se demander, dans ce cas, pourquoi les soignants les utilisent), le Plan est très clair sur le sujet : " Le masque chirurgical joue un rôle de barrière et lors de l'expiration des patients soignés, intercepte les gouttelettes émises. Porté par le patient infecté, il offre une protection pour la personne qui le soigne et pour l'entourage immédiat du patient. Porté par la personne qui soigne, le masque offre une protection au soigneur contre les projections liquides, les gouttelettes émises par le patient (dans des circonstances dans lesquelles il n'y a pas d'aérosols). L'appareil de protection respiratoire (ou masque respiratoire - norme européenne EN149 - type FFP2 ou FFP3 ) protège celui qui le porte des risques liés à l'inhalation de substances polluantes (gaz, vapeur, poussière, aérosols) qui chargent l'air. "Le même document détaille la dispersion du virus influenza via les fameuses gouttelettes dont il convient de se protéger à 1 m/1 m 50 de distance. Mieux : le document prévoit " un risque réel de shopping médical de masques au détriment du pays le plus approvisionné. " On s'y croirait. " Nous proposons une distribution ciblée des masques FFP2 dans des structures médicalisées ou auprès des médecins. On peut envisager de les mettre en officine à condition qu'ils ne soient pas vendus mais donnés dans le cadre de la politique en la matière dans le pays concerné. "Encore fallait-il conserver les stocks... Le plan indique aussi que la clé de la lutte contre la pandémie tient dans " la capacité hospitalière et le nombre d'appareils respiratoires ". Des documents évoquent des centres de tri et des lieux d'accueils sous forme de tentes pour désengorger les hôpitaux. Les cercles de médecins généralistes dont, en effet, on a redécouvert l'utilité intrinsèque aujourd'hui, sont mis en avant : le plan détaille la composition et l'organisation de ces cercles, " clé d'une campagne pandémique axée sur la 1ère ligne ". Rien, par contre, sur les maisons de repos... Alors que l'Union européenne a été, plus ou moins, spectatrice de la catastrophe, on s'aperçoit que des plans antipandémiques existent également à ce niveau. à l'oeuvre, outre le CDC Europe, diverses instances, comme le Health Securitee Commity, les National Flu coordinators, le Early Warning and Response System, etc. Un document indique que la libre circulation des personnes au sein des états membres de l'EU pourrait être une source de problèmes en cas de pandémie grippale. Les virus n'ont pourtant pas de frontières, comme dirait Macron. Enfin, alors que les skieurs alpins et les touristes en Italie revenaient au pays sans aucun contrôle ni à Zaventem ni à Charleroi-Sud, le Belgian International Airports (Avian & Pandemic) Influenza Preparedness & Response Plan nous prévenait à l'époque : " Le contrôle des passagers à l'arrivée peut également être utile pour ceux arrivant de zones de foyers d'infection définie. Les passagers considérés comme présentant un risque accru d'être atteints d'une maladie transmissible doivent subir un contrôle secondaire effectué (...) par un médecin. Si (...) l'on pense que le passager souffre d'une maladie transmissible qui présente un risque grave pour la santé publique, il ne devrait pas être autorisé à partir. "Errare humanum est, perseverare diabolicum2.