Covid-19 : l'apocalypse n'est pas pour demain

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Pr Harry Bleiberg, cancérologue, professeur honoraire, Institut Jules Bordet" Plus de trois mois que le virus rode. On le connaît mieux, on a freiné sa propagation. L'hôpital, groggy, se secoue et se demande encore si c'est réellement fini. Quelques pourcents seulement de la population sont immunisés. On commence à mettre le nez dehors, on retrouve des amis, ses enfants. Quelques magasins ont ouvert timidement leurs portes réorganisant le flux des clients et on commence à rêver d'un restaurant avec des proches. De quoi demain sera-t-il fait ? Y aura-t-il un traitement ? Trouvera-t-on un vaccin ? Va-t-il conférer une immunité opérante ? L'économie survivra-t-elle ? Rien n'est vraiment fini et nous voguons encore dans le brouillard. " Dr Nora Zekhnini, médecin généralisteLe Dr Nora Zekhnini, médecin généraliste émet des réflexions par rapport aux recommandations actuelles de l'Institut Sciensano, qui vont, selon elle et références scientifiques à l'appui, à l'encontre des données de la science et de la sécurité des soignants et des citoyens. Elle écrit notamment : " Sciensano affirme depuis le 26/02 : " Le virus ne reste pas en suspension dans l'air ". Pourtant, en plus de la transmission par des surfaces contaminées et par des gouttelettes, le Covid-19 se transmet aussi par aérosol, simplement en respirant ou en parlant. Les données de la littérature scientifique permettent de démontrer que la transmission par microgouttelettes suspendues dans l'air en aérosol est le mode dominant de transmission de Covid-19. " Jacqueline Herremans, présidente de l'Association pour le Droit de mourir dans la dignité" Un minuscule virus, invisible à l'oeil nu, nous plonge dans la tourmente et nous fait perdre le nord. L'homme n'aime pas l'incertitude. Impossible de dire quand et comment nous allons être quittes de cette menace. Nous acceptons, parfois difficilement, les atteintes à nos libertés et ce, dans la perspective non seulement de nous protéger mais aussi de protéger les autres. Devons-nous pour autant renoncer aux droits et libertés que nous avons acquis en 2002 par l'adoption de ces trois lois fondamentales en droit médical relatives aux droits du patient, aux soins palliatifs et à l'euthanasie ? Certainement pas. Encore faut-il leur donner un sens dans cette crise. "Pr Frédéric Thys, adjoint à la direction médicale et chef de pôle au GHdC, enseignant" (...) Dans ce contexte chaotique, quelle attitude préconiser face à cette incertitude complexe tant pour la population que pour les acteurs de la santé ? Une des pistes est de se souvenir du paradoxe de James Stockdale. Ce célèbre officier de la marine américaine a survécu à huit ans d'emprisonnement et de torture dans un camp durant la guerre du Vietnam en se basant sur deux principes fondamentaux à savoir d'une part, ne jamais perdre la foi de gagner à la fin et d'autre part, simultanément, avoir la discipline d'affronter avec courage et réalité les faits les plus brutaux de sa réalité de prisonnier. Dans le récit de sa détention, il est paradoxal de constater que les prisonniers optimistes n'ont pas survécu, usés par une succession d'espoirs déçus quant à leur libération. Ainsi, en ce qui nous concerne, il est probablement utile de se souvenir chaque jour que nous viendrons à bout de cette pandémie mais que le chemin à parcourir nécessite d'affronter avec réalisme les faits et les défis auxquels nous sommes confrontés jour après jour. Dépasser les frustrations de Cassandre et cette pandémie sont donc à notre portée si nous, société civile et politique, ne nous fixons pas des échéances trop optimistes ou peu réalistes... "