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La pandémie de covid-19 a fortement influencé l'hésitation vaccinale. "En même temps, le contexte du SARS-CoV-2 a rappelé le rôle du médecin généraliste dans la prévention de la santé, et comme pionnier par la recommandation et la promotion de la vaccination", a expliqué la Dre Lou Richelle (ULB) lors du symposium Saint-Valentin [1], où elle a présenté un outil d'aide à la décision (OAD). Qu'ils prennent la forme de brochures, de vidéos ou d'applications, ces outils identifient clairement la décision à prendre en matière de santé, et fournissent des informations sur les bénéfices et les risques des différentes options. "Ce type d'outil doit aider le patient à déterminer ce qui est le plus important pour lui, il doit être complémentaire et enrichir la consultation et la relation avec le cliniciens, sans la remplacer."Pourquoi est-ce intéressant? "Les OAD favorisent la décision médicale partagée (DMP), ils peuvent soutenir l'evidence-based medicine et le partenariat avec le patient", indique-t-elle. Ils permettent aux patients de faire des choix éclairés en lien avec leurs valeurs. Pour ce faire, ils donnent des connaissances accessibles, d'où l'intérêt de se baser sur des éléments de littératie en santé pour favoriser l'empowerment du patient par rapport à sa santé. "De plus, les bénéfices d'une DMP sont multiples. Une récente revue systématique Cochrane (29/1/2024) met en évidence l'intérêt d'un OAD pour aider les patients à participer plus activement à la prise de décision par rapport à leur santé, améliorer leurs connaissances et leurs attentes quant aux bénéfices/risques, et aider au choix d'une option qui reflète leurs préférences (congruence). Cette étude n'a pas montré de différence en termes de regret de la décision à six mois. Il faut plus d'études sur l'observance, les coûts et l'utilisation des ressources, mais ce sont des outils qui ont déjà montré leur efficacité", constate-t-elle. "Il existe peu d'outils d'aide à la décision vaccinale (OADV), mais la crise du covid a montré leur intérêt dans le contexte de tension du système, et on a pu voir qu'ils permettent de réduire le conflit décisionnel (hésitation vaccinale). Des études montrent qu'il y a un intérêt à développer un outil interactif personnalisé qui prenne en compte toutes les données du patient.""L'impact sur la couverture vaccinale reste un peu controversé dans la littérature", poursuit la Dre Richelle. "Cependant, si la personne se sent plus en phase avec ses valeurs, c'est déjà ça de gagné." Elle donne l'exemple de l'outil développé par le Collège de médecine générale pendant la pandémie: "Cet OAD n'était pas interactif, mais il permettait de voir les avantages et inconvénients de la vaccination, selon le profil des personnes. Il donnait aussi des conseils pour répondre aux patients en fonction de leurs réticences. Il était utile, mais pas suffisant."C'est dans ce contexte qu'un projet de recherche collaborative, financé par le Feder, s'est constitué entre l'EPI (European Ploskin Institute) et l'URSP (Unité de recherche en soins primaires, ULB) dans le but de préparer les futures pandémies. Les chercheurs planchent sur un outil numérique d'aide à la décision vaccinale et à la gestion populationnelle. "Il s'agit du projet OADV de l'ULB, dont le bêta-test est réalisé sur le RSV. L'idée est de le transposer ensuite aux autres vaccins et professionnels. Notre objectif est d'améliorer la prévention primaire, d'identifier et suivre les patients à risque, de faciliter la communication patient-MG et la décision médicale partagée afin d'améliorer l'autonomie et la satisfaction des patients, d'augmenter la couverture vaccinale et de réduire les hospitalisations, la morbi-mortalité et les coûts médicaux. On souhaite également collecter des données et faire un suivi épidémiologique.""Le MG est un pilier idéal pour la vaccination, mais il faut tenir compte de nos différents profils et du contexte de pénurie qui nous laisse de moins en moins de temps avec les patients ; il y a donc un besoin de ressources pour nous aider à être le plus efficace possible dans notre communication", conclut-elle.