Selon une revue de la littérature, les données actuelles sont insuffisantes pour déterminer quelles sont les interventions individuelles ou organisationnelles qui pourraient être les plus efficaces.
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La prévalence du burnout chez les étudiants en médecine est de 44,2%, avec des variables en fonction de l'année d'étude et du pays. " Elle est élevée chez les médecins en formation en chirurgie générale, anesthésiologie, gynécologie obstétrique et orthopédie (40,8%), médecine interne, chirurgie plastique et pédiatrie (30%), oto-rhino-laryngologie et neurologie (15,4%)", précisent le Pr Gwenolé Loas du service de psychiatrie de l'hôpital Erasme (ULB), le Dr Joao Paulo Andrino Gonçalves (Zitha Klinik, Luxembourg) et le Dr N. Kacimi (Hôpital Hôtel Dieu, France) dans la Revue médicale de Bruxelles. Cette forte prévalence du burnout, associée à la difficulté des études de médecine, a poussé ces chercheurs à réaliser une revue de la littérature sur les interventions de prévention du burnout dans ces populations spécifiques. Leur revue systématique a retenu neuf essais cliniques randomisés et neuf revues systématiques et a évalué l'effet des interventions individuelles et organisationnelles sur le burnout mesuré chez les étudiants et les médecins en formation par le Maslach Burnout Inventory (MBI) qui comporte 22 items répartis en trois groupes (épuisement émotionnel, dépersonnalisation et accomplissement personnel). Les résultats sont relativement décevants: " Aucun changement significatif dans les scores de MBI n'a été signalé dans les études portant sur les interventions suivantes: aménagement de trois horaires différents de travail, période protégée du sommeil, groupe de discussion animé, séance de débriefing, formation à la communication et gestion du stress, techniques de réduction du stress dite Bathe et Mindfulness-Based Stress Reduction modifiée (mod-MBSR). L'autre intervention de MBSR a montré une augmentation de scores de burnout avec peu de différence entre les deux groupes. L'intervention portant sur l'électro-acupuncture a signalé une amélioration des scores de burnout, mais l'étude a beaucoup de limites", résument-ils. Les auteurs constatent " le manque d'études centrées uniquement sur la prévention primaire du burnout ou axées sur les étudiants en médecine, le peu d'études de haute qualité rigoureusement conçues et l'hétérogénéité dans les résultats des études. Cela met en évidence la nécessité d'étudier des populations particulières telles que les étudiants en médecine et des interventions conçues pour la prévention primaire de burnout plutôt que la prévention secondaire ou tertiaire." Le Pr Gwenolé Loas et ses collègues font cependant observer qu'il existe déjà des initiatives dans les hôpitaux belges pour sensibiliser la direction et les patients sur les risques d'erreurs médicales suite aux conditions de travail. Comme par exemple au CHU de Liège, le port d'un bracelet vert, orange ou rouge en fonction du nombre d'heure de travail du médecin. Ou encore " la plate-forme de soutien 'Médecins en difficulté' présentée par l'Ordre des médecins, qui travaille à la sensibilisation, la prévention, l'accompagnement et le partage de connaissances, tout en garantissant la confidentialité aux confrères qui y ont recours". Ils reprennent également les nombreuses mesures psychologiques, financières, scolaires et sociales mises en place par l'ULB. Encore faut-il y faire appel: une enquête portant sur la santé mentale et le bien-être des étudiants réalisée en 2021 par l'ULB et l'UCLouvain indique que seuls 29% des jeunes ont cherché de l'aide auprès de professionnels de la santé, les autres ont invoqué le manque de temps ou de ressources financières ou le fait de ne pas à savoir précisément à qui s'adresser. " Des efforts visant à promouvoir les principaux facteurs associés au bien-être des médecins en formation (empathie, autonomie, renforcement des compétences, forte relation sociale, sommeil, renforcer la résilience, améliorer le climat d'apprentissage) sont nécessaires pour prévenir, identifier et atténuer efficacement l'épuisement professionnel, tout en abordant au niveau de l'organisation la culture de la médecine qui contribue au stress, à la frustration et à l'épuisement potentiel, afin d'avoir les meilleures façons d'équiper les médecins pour qu'ils disposent d'outils appropriés pour gérer la charge de travail, les facteurs de stress personnels et professionnels, le manque de contrôle des horaires et les exigences professionnelles", concluent-ils. Dans leurs commentaires, les Drs Camille Point et Matthieu Hein du service de Psychiatrie et du Laboratoire de Sommeil de l'hôpital Erasme indiquent qu'on ne peut sous-estimer cette problématique étant donné les "conséquences catastrophiques" du burnout dans ces populations, " tantau niveau académique (abandon des études et diminution des performances), professionnel (erreurs médicales, absentéisme, diminution de la productivité), psychique (risque suicidaire et dépressif, perte de la vie sociale) et comportemental (automédication, abus de substances, accidents)". D'autant que la pandémie de Covid-19 a encore aggravé la situation dans ces deux groupes. " Cette absence de stratégies thérapeutiques validées scientifiquement pour la prévention et la prise en charge du burnout chez les étudiants en médecine et les médecins en formation soulève beaucoup de questions", insistent-ils . "Pour eux, il convient de poursuivre la recherche de stratégies thérapeutiques du burnout ciblées sur l'individu, tout en ouvrant des pistes de réflexion sur les potentielles adaptations institutionnelles à mettre en place dans nos structures d'enseignement et de stage afin de permettre le développement d'un environnement de travail optimal tant pour les étudiants de médecine que pour les médecins en formation".